Cette fois, l’heure est grave. Je ne vais pas revenir sur la menace qui pèse sur les agriculteurs français, la presse en parle largement et j’y ai déjà consacré un article on ne peut plus sérieux. Non, ce matin, je veux vous parler d’une autre conséquence de la sècheresse qui frappe toute l’Europe et au-delà.

Un évènement si dramatique qu’il a carrément fait la une de Rue89 hier. Attention, c’est brutal : cet été, on risque également à la pénurie de bière.

Bon, j’ironise un peu dans ma façon de dire les choses, c’est vrai, mais le sujet est grave. Le soleil ne dessèche pas seulement les herbages et les champs de blé. Il frappe aussi les plantations d’orge. La récolte s’annonce d’ores et déjà catastrophique.

Les principaux producteurs au niveau mondial sont la France, l’Allemagne, l’Ukraine, la Chine et les USA. Tous sont touchés. Les cours mondiaux de l’orge ont pris plus de 50% ces derniers mois. D’après Thierry Berger, directeur marketing de l’une des plus grosses malteries françaises, « sur l’orge d’hiver – prochainement récoltée – on devrait à peu près s’en sortir. Mais sur l’orge de printemps, il n’y aura quasiment rien. »

Est-ce que les prix de la bière vont s’envoler au point d’en faire un produit de luxe cet été ? Peut-être pas tant que ça, en fait. Même si ça peut sembler paradoxal, l’orge ne pèse qu’un tout petit pourcentage du prix de la bière que vous achetez. L’essentiel vient du coût de la main d’œuvre et surtout des matières utilisées pour le conditionnement – verre, aluminium, papier. Donc ça va probablement un peu augmenter mais beaucoup moins que l’essence à chaque fois qu’un pays arabe se met à tousser ou pire, à rêver de devenir démocratique.

Oubliez le prix. Le seul vrai souci, incontournable, c’est que bientôt, on va manquer de malt.

La planche de salut pourrait venir de l’Ukraine. L’an dernier, elle était en pleine canicule du siècle comme sa voisine la Russie. Cette année, chance, elle fait partie des rares zones épargnées par le coup de chaud qui fait du printemps 2011 le plus chaud jamais connu depuis qu’on a des données fiables (c’est à dire un peu plus d’un siècle).

Mais d’une part ce pays ne pourra jamais produire pour tout le monde et d’autre part, la qualité sera probablement très basse, en raison de l’état dans lequel sont les grains d’orge, tout rabougris et trop riches en protéines, ce qui peut résulter en une bière trouble et au goût différent. Les gros groupes industriels peuvent corriger ce genre de défauts par des additifs chimiques. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle.

La mousse pourrait bien ne plus être ce qu’elle était. Juste quand on aurait encore plus envie d’en boire. Foutue sècheresse qui ne respecte rien. Et ce n’est que le début.

Regardez ce petit graphique de Météo France. Il représente tous les printemps en France de 1959 à 2011. Plus c’est vers la gauche plus il a fait sec, plus c’est vers la droite plus il a fait humide. Plus c’est vers le bas plus il a fait froid, plus c’est vers le haut plus il a fait chaud.

L’année 2011 (en rose) est complètement à gauche et en haut. La plus sèche de toutes et la plus chaude de toutes. De loin.

Ces jours-ci, il fait un petit peu plus frais. Profitons-en tant que ça dure.

Très belle journée à vous