Au Sud, c’étaient les coraux

IMGP3644b.JPGVous connaissez les cnidaires ? Ne répondez pas non trop vite. Tout le monde connait ces créatures. Leurs premiers représentants sont apparus il y a plus de 500 millions d’années, en formant ce que l’on nomme la faune de l’Edicarien – les plus anciens animaux connus de taille visible.

Ils sont quasiment tous marins et ils forment principalement deux grandes familles.

La première forme de cnidaires, ce sont les méduses. D’ailleurs le mot « cnidaire » vient du grec κνιδη (knidé) qui veut dire « ortie ». Les méduses ont un contact urticant, cela n’a échappé à aucun de ceux d’entre vous qui les ont approchées d’un peu trop près. Il n’empêche qu’elles sont d’une grande beauté lorsqu’elles se déplacent entre deux eaux comme des pensées égarées. En plongée, il est très facile de les observer sans danger.

La deuxième forme de cnidaires, ce sont les polypes. Ils vivent en colonies nombreuses, parfois jusqu’à 200 ans. Certaines colonies auraient peut-être même plusieurs milliers d’années. Les polypes sont tous petits et plus ou moins cylindriques. Tout au long de leur vie, ils accumulent autour d’eux des minéraux extraits des eaux océaniques qui les entourent, créant ainsi des constructions aux formes gracieuses et complexes, à la diversité infinie – les coraux.

Des millions de micro-algues viennent se fixer dessus. Ce sont elles qui donnent leurs couleurs aux coraux. Les polypes s’en nourrissent et, petit à petit, les coraux grandissent de quelques millimètres par an, offrant l’hospitalité à une multitude d’autres espèces.

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Contrairement à ce que croient la plupart des gens, on en trouve dans toutes les mers du monde, même les plus froides, et jusqu’à 4000 mètres de profondeur. Bien sûr, les plus connus sont ceux qui vivent autour des îles tropicales. Ce sont pourtant eux les plus menacés de disparaître.

Les polluants, les pesticides, l’acidification des océans, la montée des eaux, les engrais et, bien sûr, le réchauffement sont leurs pires ennemis. Autrement dit, l’activité humaine est la première responsable dans la plupart des cas. Autour de Java, 90% d’entre eux sont morts après le coup de chaud provoqué par le passage d’El Niño en 1983. En Martinique, 40% sont morts entre 2005 et 2006.

On sait qu’un corail est mort quand il est blanc. Ce sont les micro-algues qui meurent en premier, faisant disparaître les couleurs. Les polypes, n’ayant plus rien à manger, succombent peu après. Il ne reste que l’exosquelette minéral, qui finit par s’effriter et s’effondrer. Sur les plages et dans les quelques lagons de La Réunion ou de l’île Maurice, on peut en voir des milliers de fragments joncher le sable.

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Des scientifiques australiens ont à nouveau tiré la sonnette d’alarme hier.

Les coraux du sud-est asiatique et de l’océan Indien meurent en masse. Le désastre est provoqué par le réchauffement des eaux. Le dernier phénomène planétaire comparable remonte à 1998.

Les récifs concernés vont de l’Indonésie aux Seychelles, en passant par les Philippines, le Sri Lanka, la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie et Singapour.

« Il s’agit certainement du pire épisode de mortalité des coraux depuis 1998. Il pourrait s’avérer être le pire connu par les scientifiques« , a indiqué Andrew Baird, l’un des chercheurs du centre australien d’études des récifs coralliens. L’amplitude du phénomène est si grande et la hausse de température si élevée par rapport à la normale qu’il s’agit « presque certainement d’une conséquence du réchauffement climatique« .

Pour le moment, la Grande Barrière de Corail australienne semble épargnée. Par contre, les coraux du centre de Pacifique sont également menacés.

Photos : (1) méduse près des îles de Frioul, (2) au large de Saint-Leu à la Réunion, (3) lagon du Morne à l’île Maurice

4 Replies to “Au Sud, c’étaient les coraux”

  1. valentine Post author

    Merci pour ta note qui ne peut qu’engendrer un serrement au coeur et de la colère. Que faut-il aux politiques pour qu’ils réalisent l’urgence à comprimer les effets désastreux que l’on inflige à notre pauvre planète? Je n’ose pas imaginer les dégâts dans les océans si la centrale nucléaire flottante conçue par les Russes venait à exploser…

  2. Anna Galore Post author

    Je n’ai pas entendu parler de cette centrale flottante mais si une telle chose était effectivement mise en service, tout dérapage catastrophique de son fonctionnement aurait des conséquences dont on peut déjà avoir une assez bonne idée, malheureusement.

    N’oublions pas, en effet, que la plupart des essais nucléaires français ont été réalisés en Polynésie, au large de Mururoa, et qu’une bonne partie des essais américains dès 1946 ont, eux, été faits près de Bikini puis dans les îles Marshall.

    Voir à ce sujet un article que j’avais mis en ligne sur le blog ici :

    http://www.annagaloreleblog.com/archive/2009/06/23/essais-nucleaires-dans-le-pacifique-l-horreur-devoilee.html

  3. Anna Galore Post author

    Oui, et ce n’est pas la comparaison entre la représentation ultra lisse et pimpante en image de synthèse de la centrale en question (à la fin de l’article) et la vraie photo sinistre de ce qu’elle est en réalité (au début de l’article) qui peut rassurer…

  4. Grosnounours Post author

    Les centrales nucléaires flottantes pourries, les russes en ont plein, les américains, les anglais, les français (même si on peut espérer qu’elles le soient moins que les russes) aussi : sous-marins et portes-avions a propulsion nucléaire, et les russes et les américains en ont perdus plusieurs par naufrage (voir : http://akula.free.fr/Htm/Tragedie.htm ).

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