Dans la crypte de l’église des Saintes-Maries, près de la statue de Sara la Noire, on peut lire ce poème de Félix Monget. Je l’ai illustré de quelques photos prises lors de notre passage là-bas, il y a deux jours.
Sous la semelle, toutes les poussières
Empruntées aux chemins de dérive
Comme les larmes séchées à nos joues,
Témoins de crevasses
Sur nos âmes bleuies de coups,
Le chagrin nous attend.
Il est dans le soupir
Dans la note qui s’éteint
Quand la corde a cessé de vibrer
Et que l’esprit rongé de souvenirs
Nous nous endormons.
Alors, à la mémoire,
Nos peines s’effilochent.
Gitans d’un autre, nous sommes
Jetés sur les routes
Demain, la belle aurore
Finira la nuit
Braises noircies des feux refroidis.
Ne resteront pour le temps d’avant le vent
Que nos cendres,
À la terre mêlées
D’autres, terrassés, d’autres
Ont attendu la mort équitable.
D’autres, étrangers, violons brisés,
Poursuivis par un destin implacable.
D’autres exclus, romanos et tziganes,
Leurs cris ensemencent le monde.
L’encre, dans les livres,
Écrit le sang de l’histoire
C’est une litanie calligraphiée,
Toutes les lignes pleurent des noms oubliés.
Mère de notre mémoire, mère des jours anciens
Mère des voyages, de nos familles disparues,
Sara près de nous, nous allons sur la mer.
Comme nous, apatrides,
Les eaux bercent les lointains rivages.
Ailleurs, tout est plus beau.
Ailleurs, tout est tranquille.
Ailleurs, nos maisons nous espèrent.
Jacobé, Salomé, Maries saintes,
Nous t’apportons nos enfants
Changez, nous vous en prions,
À leurs yeux la lueur qui chavire,
Ce patrimoine de la douleur qu’ils transportent,
À peine sortis du ventre de leurs mères.
Mais, pour longtemps d’ici là,
Le chant des guitares pleurera.
Il faudra encore partir,
Aller vers l’endroit
Où l’écho des sanglots nous appelle,
Divaguer sous les cieux innombrables.
Félix Monget
Extrait du recueil « Il ne faut pas faire pleurer les anges »
Très belle journée à vous
Superbe texte, en effet. Anti l’a pris en photo samedi, ce qui nous a permis de le relire ensuite tout à loisir. Il est également facile à retrouver sur le web.
Une route toujours reprise volontairement ou pas ; beaucoup de douleur dans ce poème et la tourmente du ciel en écho… l’histoire se répète ; je reste très pensive.
Magnifique texte qui m’a émue et très belles photos.
Dans la crypte, derrière la statue de Sara se trouve un autre poème d’une autre personne dont malheureusement, je n’arrive pas à retrouver le nom :
Sainte Sara
Mes plus belles prières
Sont nées du souffle du vent
Et du ventre de la mer
Sur un lit de sable blanc
Grand comme les bras du désert
Sous mes pieds nus
Meurent les poussières, les chagrins,
Les misères aux sourires amers
Que l’on enterre aux Saintes Maries de la Mer
Dans le bruit des soupirs lents
Des chants des guitares aux mille peines de joie
Et de tourments et
Dansent les braises ardentes des feux de camps
Où brille en mon cœur le bonheur
D’un diamant noir
Vêtu de rose et d’espoir
Toi Sainte Sara
Jacobé, Salomé, Maries Saintes
Qui veillent sur les larmes et les rires
Les offrandes de tes enfants
Nouées à la nuit des temps
D’un ruban de soie et de sang
Celui de mon sang,
Du peuple Gitan
« Je vais essayer de me procurer ce recueil au titre si beau. »
Le titre et les mots m’ont intriguée aussi. On peut en apprendre plus sur le site de l’auteur (contemporain) ici : http://www.terres-fr.com/bio.asp et découvrir ses peintures très puissantes (voir entre autre la série « samudaripen » qui ferait un très beau livre) ainsi qu’un autre recueil « Gitanitude ». Bref, un site et un homme à découvrir.
anti
Ce poème est très beau ; la douleur et la joie se mélangent et donnent de la force à l’ensemble.
J’ai lu les proverbes ; ils me plaisent beaucoup.
Je viens de recevoir ce message de Félix Monget :
Bonjour Anna.
Merci pour votre intérêt. Je me suis rendu sur votre blog et j’ai aimé votre illustration de mon poème. Les photos, qui sont superbes, s’accordent bien au texte.
Pour votre information et celle de vos ami(e)s du blog, un recueil à compte d’éditeur sortira prochainement avec la reprise de « La prière Gitane ». Ce recueil s’intitule « Mes saisons du bonheur chez les Gens du voyage – suivi de –Gitanitude », préfacé par mon ami, l’immense poète Gitan Jean-Marie Kerwich, dont je vous recommande la lecture. Ses œuvres, notamment « L’ange qui boite » et « L’évangile du Gitan », sont d’une luminosité remarquable.
Ne cherchez pas « Il ne faut pas faire pleurer les anges » sous forme d’édition. Seuls, quelques poèmes du recueil sont actuellement disponibles sur mon site artistique aux rubriques – du poème au tableau – et – Gitanitude. A ce propos et vous avez raison, les œuvres picturales du Samudaripen feront un livre.
Enfin, aux Poètes Français, vous pouvez trouver « La légende de l’escargot – Opus III » ou me le commander (voir rubrique –Agenda – de mon site).
Félix Monget
Voilà un message fort sympathique et plein d’informations intéressantes qui feront l’objet d’un nouvel article sur le blog avec plaisir si monsieur Monget veut bien nous tenir informées de son actualité.
« A ce propos et vous avez raison, les œuvres picturales du Samudaripen feront un livre. »
J’adore avoir raison 😉
Plus sérieusement, ça, c’est un livre que je serai heureuse d’avoir dans ma bibliothèque, et très heureuse d’en parler autour de moi.
anti