Et la lumière fuse

DSCN0031.jpgJ’ai passé quelques heures hier dans un TGV entre Nîmes et Paris. Comme je n’ai toujours pas repris l’écriture en dehors de mes notes de blog, j’ai profité d’une partie du trajet pour essayer depuis mon siège mon nouvel appareil photo, sans son caisson étanche bien sûr, alors que le soleil se levait à travers la brume.

Le mot « photographie » est d’une grande poésie puisque ses racines grecques signifient « écriture lumineuse ». Une photo s’écrit en effet littéralement avec des photons, ces petits grains élémentaires de lumière qui nous permettent de voir tout ce que nous voyons.

En fait, ce que nous voyons n’est qu’une toute partie d’entre eux. La plupart de ceux qui nous atteignent sont invisibles à nos yeux. On ne peut les mettre en évidence qu’en décalant leurs fréquences, à l’aide de matériels et de logiciels spécialisés, à l’intérieur de la plage très limitée que nous appelons les couleurs, celles qui forment l’arc-en-ciel entre l’infrarouge et l’ultraviolet. Tel est le cas de ces photos multicolores et chatoyantes de galaxies qui, dans la réalité, émettent des rayonnements s’étendant bien en deça du rouge ou au-delà du violet.

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Il peut aussi arriver que les photons soient simplement trop peu nombreux pour que nous parvenions à les percevoir. Il est alors possible d’utiliser des dispositifs qui les démultiplient, donc qui les amplifient, comme par exemple ces lunettes de vision nocturnes rendues familières par les films d’action.

Mais quel que soit le biais utilisé pour rendre les photons visibles, leur fixation sous forme de photographie relève d’un même processus.

Dans le cas des photos traditionnelles, différentes réactions chimiques permettent d’impressionner de façon durable une pellicule ou un papier-photo de sorte à recréer tout l’éventail des couleurs perceptibles.

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Dans le cas des photos numériques, chaque pixel est créé par un capteur électronique minuscule qui a la capacité de s’allumer de la couleur voulue quand il se retrouve exposé à la lumière. L’information est sauvegardée numériquement au lieu de l’être chimiquement (ce qui est à nouveau le cas lorsque les photos sont imprimées).

Les flux de photons qui traversent l’objectif viennent ainsi contribuer à reconstruire leur reflet plus ou moins fidèle sur la surface où ils aboutissent.

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Les quelques photos de cette note, ont, comme toutes les photos des plus sublimes aux plus banales, quelque chose de magique. Elles ont été créées par des myriades de photons venus tout droit du soleil après avoir été déviés, diffusés, diffractés, perturbés de multiples manières par l’atmosphère qu’ils ont traversée et les obstacles qui les ont modelés.

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Leur enregistrement sous forme numérique est, à son tour, transformé en nouveaux photons, ceux émis par votre écran, par tous les écrans qui les reproduisent et continueront à les afficher bien longtemps après que leurs fugaces ancêtres stellaires aient disparu.

Pour voir et revoir se former sur nos rétines ces éphémères écritures du soleil, il suffit que la lumière soit. Et la lumière fuse.

Très belle journée à vous

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3 Replies to “Et la lumière fuse”

  1. Chatperleur Post author

    Bizarre les photos, le soleil fait vraiment mal au yeux !
    Et l’avant dernière, elle est retravaillée ? Les montagnes ont une forme un peu spéciale. elles me font penser à un corps de femme allongée.

  2. Anna Galore Post author

    Aucune de ces photos n’est retouchée – ni la luminosité, ni la saturation, ni le contraste, rien. Vu qu’elles ont été prises à 300 km/h, le cadrage était en grande partie hasardeux ! J’ai juste trié parmi celles que j’ai prises les quelques-unes qui me semblaient les plus jolies.

  3. anti Post author

    Mmmm… très belle note joliment illustrée pour commencer la journée. Vraiment, la magie est partout autour de nous, c’est vrai et les mots qui tentent d’exprimer ces abstractions sont magnifiques. Comme pour le vocabulaire qui entoure le violon avec son âme et ses volutes, le vocabulaire de la photographie m’enchante :

    Aberration, Argent Hic, Auto faux culs, Balance, Bruit, Compression, Contraste, Distance, Distorsion, Filtre, Flou, Obturateur mais aussi : Mémoire, Flash, Révélateur, Ouverture, Profondeur, Reflex, Résolution.

    Forcément, puisqu’on est dans un des domaines de la perception, les mots même de la photographie sont révélateurs de nos émotions.

    anti

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