Je vais encore vous raconter une de nos soirées avec deux jours de décalage. Il y a des semaines, comme ça, où il se passe tellement de belles choses que je n’arrive plus à vous en parler au fur et à mesure, ou alors je passerais tout mon temps libre à le faire (vivement la retraite).

Mercredi, Jason nous avait proposé de passer prendre le café avec sa compagne Eva. Vers 13h, il nous a envoyé un message pour dire que ce serait en fin d’après-midi. Puis un autre pour décaler plutôt vers la soirée.

Un café à 19h45 ? Pas vraiment notre truc. On s’est dit aussitôt qu’on allait les garder à dîner, bien sûr, d’autant plus qu’on n’avait pas vu Jason depuis presque deux mois.

Quand ils sont arrivés, on a sorti une bouteille de champagne rosé. Chez nous, vous l’avez remarqué si vous passez souvent ici, le champagne, on n’a pas besoin de grand chose pour décider d’en boire. Juste l’envie du moment nous suffit. C’est pour cela que nous en avons quasiment en permanence une bouteille au frigo, à tout hasard.

J’avais lancé un peu avant un plat de riz tandoori mélangé avec des bouts de blanc de dinde, le tout mis au four pendant une bonne heure.

On a fait plus ample connaissance avec Eva. D’ascendance polonaise, elle est originaire de Toronto, au Canada et a un job qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de l’héroïne du film Le diable s’habille en Prada : chef tyrannique, horaires à rallonge, pression permanente, performance maximale exigée, quelques minutes pour grignoter un quart de sandwich dans la journée et surtout, surtout, ne jamais tomber malade. Eva a eu justement un accident de vélo il y a quelques temps. En chutant, elle s’est fracturé l’avant-bras, a eu la main gauche qui a triplé de volume et s’est retrouvée couverte d’ecchymoses. Elle ne s’est arrêtée qu’une seule journée et elle est revenue au boulot, dans un sale état. Son patron lui a seulement dit : « Dommage que tu n’aies pas été là hier, on a fait des super ventes« . Pas un mot pour lui demander comment elle allait, malgré ses blessures et écorchures. Quant aux vacances, prendre plus d’une semaine par an, c’est mal vu. Heureusement, elle nous racontait tout ça avec beaucoup d’humour.

Jason était tout simplement radieux. Après deux mois de tournée dans plusieurs pays, depuis l’Italie jusqu’au Canada, il avait une mine superbe. Il nous a fait rire toute la soirée avec ce qu’il avait vécu ces dernières semaines et d’autres souvenirs plus anciens – comme la fois où il a déployé un parachute de 12 mètres d’envergure pour faire du surf en partant de la plage des Saintes Maries et que le vent était tellement violent qu’il s’est retrouvé entraîné jusque dans les rues du centre. C’est là qu’il faut savoir prendre l’air détaché.

Sa plénitude d’homme amoureux aux côtés de la femme qui l’aime faisait vraiment plaisir à voir. En ce moment, il finalise l’enregistrement d’un nouveau CD qu’il nous tarde d’écouter. Il a essayé la plupart des percussions qui traînent chez nous – bols chantants, cloches, gong, cymbales, cajon. Il repassera dans les jours qui viennent enregistrer les sons qui l’intéressent pour les inclure dans ses compositions.

Et puis, ce guitariste remarquable est également un superbe pianiste. Il y avait une chaude ambiance, aidée par le champagne et une bouteille de vin rosé. Il ne s’est pas fait prier pour descendre au rez-de-jardin et se mettre au piano pour nous jouer quelques-unes de ses œuvres. Ce qu’il fait est magnifique. Nous avions vraiment la sensation de vivre un moment privilégié, rare.

Nous sommes passés à table, de plus en plus euphoriques. Une deuxième bouteille de vin a vite rejoint la première. Nous avons aussi parler d’édition, de plongée et de notre propre rencontre.

Jason et Eva sont repartis un peu après minuit, à pied – il valait mieux. Ils sont venus récupérer leur voiture hier entre midi et deux. Ils prévoyaient d’aller à la mer. Jason voulait montrer à sa chérie la plage de l’Espiguette et ils pensaient même se baigner. Ah, l’amour…

Très belle journée à vous