Grandiose… Tout a été parfait, tout.
Les buralistes qui ont accueilli Kathy et Anti pour la séance de dédicaces des Voyageurs au sang d’or, initialement plutôt réservés, se sont vite montrés chaleureux et attentionnés, surtout quand les ventes se sont enchaînées à un rythme qu’ils n’avaient jamais vus auparavant dans des circonstances comparables. Il faut dire qu’Anti a choisi l’endroit idéal pour poser la table et les chaises : dehors, juste devant l’entrée de la boutique, sur la rue très passante qui conduit à l’église.
On a connu quelques moments émouvants, notamment quand des gens du voyage demandaient de quoi parlait le livre et remerciaient Kathy de l’avoir écrit. Peu d’entre eux ont cependant acheté le livre, la plupart des Roms étant encore illettrés. Cet état de fait tend à disparaître chez les plus jeunes, sédentarisés et scolarisés. De plus, ils trouvent avec le net un moyen efficace de faire tomber les peurs irraisonnées qui pèsent sur eux. Les non-Roms étaient venus, eux aussi, nombreux pour voir la procession de Sara la Noire. Ils ont acheté le livre avec curiosité, tellement il est encore rare de trouver de la littérature basée sur des personnages Roms positifs.
Dans la crypte, pendant toute la matinée, à la chaleur étouffante des cierges, des femmes sont venues ajouter des couches de vêtement sur la statue de Sara.
Dans la rue, nous avons retrouvé ou croisé des visages connus – Jean-Gilles et sa famille s’arrêtant pour papoter avec nous, les musiciens de l’inauguration de jeudi un peu partout en ville, Boï le Patchivalo et son fils qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau, la Dame du Voyage, Zézé le vieux fidèle et bien d’autres encore.
Nous avons fait une grande pause pour assister à la procession. Là encore, tout s’est passé à merveille. Les abords de l’église avaient été pris d’assaut et le parvis protégé par des barrières était réservé aux personnes qui ouvraient le défilé, aux journalistes accrédités et à quelques rares VIP, dont Manitas de Plata et ses amis. Anti a joué de main de maître, au culot. Elle a dit à l’un des hommes filtrant l’accès au parvis que nous avions un livre à remettre à Manitas (ce qui était vrai). C’était le sésame. Nous étions comme par magie au centre du monde.
Approcher Manitas a été simple. Il était assis près de l’entrée de l’église et une guitare lui avait atterri dans les mains – instant magique que de voir cette scène. Pendant qu’il jouait quelques notes, Anti a expliqué à un de ses proches qui le tenait par l’épaule (l’homme à la chemise verte) que Kathy voulait lui offrir un exemplaire dédicacé des Voyageurs. Il se trouve que cet homme en vert est une figure de la Placette à Nîmes et qu’il a reconnu Kathy, ce qui a aidé. Il y a eu un quiproquo amusant : il a d’abord compris que c’était Kathy qui voulait une dédicace. Le malentendu rectifié, la femme qui accompagnait le grand guitariste a trouvé l’attention charmante. Manitas est, certes, illettré mais elle, elle voulait lire le livre et le lui lire aussi.
Ensuite, Sara est sortie de l’église, flottant sur la foule. Nous avons décidé de nous séparer et de nous retrouver à la fin – impossible de rester ensemble dans la cohue et je voulais pouvoir bouger vite pour aller directement à certains endroits-clés du trajet pris par la procession sans la suivre de bout en bout.
En tête de cortège, une voiture équipée d’une sono expliquait aux milliers de spectateurs le sens de cette cérémonie, au-delà des croyances des uns et des autres : un moment de ferveur partagée entre gens du voyage et sédentaires, Roms et Provençaux ensemble pour mettre fin à la peur, l’ignorance et le racisme (je cite les mots exacts).
C’est ainsi que j’ai rapidement atteint la plage et que j’ai attendu dans l’eau l’arrivée des chevaux et de Sara. Magnifique émotion quand la foule s’est à peine écartée pour les laisser passer. Anti observait la même scène depuis l’une des digues.
Ce matin, Kathy et elle retournent aux Saintes pour la journée. C’est la deuxième partie du pèlerinage, consacré cette fois aux Saintes Maries elles-mêmes. Beaucoup de Roms seront déjà repartis mais, pour l’avoir vécu avec Anti l’an dernier, je peux vous dire que cette procession-là est tout aussi superbe à suivre.
Les photos de cette note sont un avant-goût. Il y en a plein d’autres que nous voulons vous montrer. Nous en ferons dès que possible un album.
Très bonne journée à vous
Quelle riche journée. L’arrivée de Sara sur la plage fait penser aux rites pratiqués à Bénarès au bord du Gange. Je me réjouis aussi de voir l’album photos.
« Grandiose » ô que oui!
Revoir toutes les photos de la journée les unes après les autres, une fois, deux fois, trois fois… je ne m’en lasse pas.
Merci à Anti pour le cadeau qu’elle me fait, merci à Anna pour tout ce qu’elle donne.
Je repense à l’image du triangle sur le sol devant l’église, nous étions le triangle parfait autour du livre.
Heureuse et très émue d’avoir revu Manitas et d’avoir était accueillie par El Mario.
Un grand Merci pour Tout.
Un très grand plaisir d’avoir partagé ces moments magnifiques avec toi. Anti vient de me raconter votre deuxième journée, j’aurais vraiment adoré être là aussi.
Très chaud au coeur de lire cette note! 🙂
le plexus qui s’ouvre en découvrant les photos..
merci à vous
Deux fois que je lis et relis et revis encore ! encore ! encore !
De fil en aiguille, je relis les notes précédentes indiquées dans les liens de la note et relis :
Sur le site d’Urs Karpatz, la page d’accueil annonce en grandes lettres :
« Tout est magie et émotion »
et
« On est toujours plus vivant de les avoir rencontrés »
Aucun doute, on est toujours plus vivant de les avoir rencontrés et, j’ajouterai, de les porter dans notre cœur.
anti, reliée.
Des mots qui ne sont pas usurpés. Tous des humains…