Depuis l’écriture de La veuve obscure (excellent roman disponible gratuitement en ligne ici) par Anna dont l’histoire se déroule aux Saintes-Maries-de-la-mer et met en scène des personnages Roms « positifs », nous sommes devenus encore plus attentifs à ce qui touche de près ou de loin le peuple Rom, ce qui a donné lieu à beaucoup d’articles sur le blog – une quarantaine – que vous pouvez consulter en cliquant ici.
Aujourd’hui, à l’occasion de la journée internationale des Roms, plusieurs infos intéressantes. Tout d’abord : le deuxième sommet européen sur les Roms.
L’Europe coordonne ses efforts en faveur des Roms, un article d’Alain Guillemoles pour La Croix.
Responsables gouvernementaux, fonctionnaires européens et représentants d’associations se réunissent à Cordoue jeudi 8 et vendredi 9 avril, pour le deuxième sommet européen sur les Roms.
Les Européens se penchent sur la situation des Roms. Organisé jeudi 8 et vendredi 9 avril à Cordoue à l’initiative de l’Espagne, qui préside le conseil des ministres de l’Union, le deuxième sommet ministériel consacré au sort de cette minorité doit servir à mobiliser les gouvernements.
Ces communautés sont présentes dans l’ensemble des 27 pays de l’Union européenne, sous différents noms (« Gens du voyage » en France, « Gitans » en Espagne, « Tsiganes » en Europe centrale). Ils forment la plus importante minorité à l’échelle du continent puisque leur nombre total est évalué à 12 millions.
À plus de 90 % sédentaires, ils sont souvent indésirables et s’entassent dans des bidonvilles ou subissent des expulsions. Partout, ils font face à des difficultés d’intégration dues, en particulier, au faible pourcentage d’entre eux qui font des études. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, 250 000 à 500 000 d’entre eux furent massacrés par les nazis qui les considéraient comme membres d’une « race inférieure »
Un intérêt récent de la part de l’UE
L’Union n’a que récemment pris conscience de la dimension européenne du sujet. C’est surtout avec l’élargissement que cette question a commencé à intéresser la Commission européenne, alors que les populations roms sont particulièrement nombreuses en Europe centrale.
Un premier sommet européen à ce sujet avait eu lieu en 2008, à Bruxelles. Il avait abouti à la rédaction d’une « Plate-forme européenne pour l’inclusion des Roms ». Le 31 janvier 2008, le Parlement européen avait également adopté une résolution réclamant « une stratégie européenne pour les Roms ». Mais depuis deux ans, peu de chose a réellement avancé.
Le sommet de Cordoue doit en particulier se pencher sur les questions sociales et les politiques de santé publique. Ses conclusions devraient être avalisées par le Conseil ministériel européen de juin prochain.
L’Espagne est un pays intéressé par ce sujet car il abrite aussi une forte population gitane. Son gouvernement a délibérément fait coïncider ce sommet européen avec la journée internationale des Roms. Une façon de marquer l’importance qu’il veut accorder au sujet.
Référence au premier congrès européen sur les Roms
Cette journée a été instituée par les organisations roms en référence au premier congrès européen organisé le 8 avril 1971 à Londres, au cours duquel elles avaient tenté de s’organiser et avaient mis sur pied une première série de revendications communes. Elles avaient aussi adopté un drapeau commun, représentant une roue sur un fond bleu et vert.
Reste que les organisations roms risquent de se montrer déçues par le niveau de la participation. Le chef du gouvernement espagnol, qui devait être présent au sommet, a en effet annulé sa participation au dernier moment.
Parler du Porajmos est l’occasion de revenir sur la sortie du dernier film de Tony Gatlif : Liberté sorti en salle le 24 février dernier. J’ai très envie de le voir et pourtant, nous n’y sommes pas encore allées.
Tony Gatlif et la tragédie oubliée
Par Pascal Mérigeau et Bernard Loupias
Avec « Liberté », Tony Gatlif raconte enfin l’histoire des Tsiganes pendant l’Occupation, dont une grande partie fut exterminée à Auschwitz. Rencontre avec le cinéaste, fils d’un père kabyle et d’une mère gitane
Photo Baltel/Sipa
Tony Gatlif est né en 1948 à Alger. On lui doit notamment « les Princes » (1983), « Rue du départ » (1986),
« Latcho Drom » (1992), « Gadjo Dilo » (1998) et « Exils » (2004).
Parallèlement à son film, Tony Gatlif cosigne avec le romancier Eric Kannay, et sous le même titre, une version romancée du scénario de « Liberté » (Perrin, 234 p., 17 euros). Mais pour ceux qui voudraient aller plus loin, il faut absolument se plonger dans « les Tsiganes en France, un sort à part, 1939-1946 » (Perrin, 400 p., 22 euros), des historiens Marie-Christine Hubert et Emmanuel Filhol. Voici un ouvrage essentiel – le premier accessible au grand public – pour comprendre la genèse du drame des Tsiganes de France, qui, à partir de l’automne 1940, furent progressivement internés dans une trentaine de camps gérés par les autorités de Vichy, avant, pour nombre d’entre eux, d’être conduits vers les camps de la mort nazis.
Après avoir retracé l’histoire, fort ancienne, de la présence tsigane en France, les auteurs montrent comment le pouvoir central, d’abord royal puis républicain, n’a eu de cesse de vouloir ficher, sédentariser, les « gens du voyage », toujours perçus, notamment en temps de guerre, comme une cinquième colonne potentielle… Et comment la IIIe République notamment, soucieuse de formater un citoyen conforme à son idéal – donc laïc, sédentaire et éduqué – ne pouvait que vouloir contrôler au plus près des gens attachés à une culture orale, nomade, et pris toutes les dispositions juridiques pour ce faire, notamment avec la loi du 20 juin 1912, et le fichage anthropométrique de tous les Tsiganes de France.
Dans la France des années 1940, on les appelait bohémiens, parfois Manouches, plus rarement Tsiganes. Les historiens estiment aujourd’hui que sur les deux millions de Tsiganes qui vivaient en Europe avant la guerre, entre 250 000 et 500 000 ont été assassinés dans les camps de la mort nazis. « Liberté » raconte l’histoire d’une de ces familles, arrivée un jour dans un petit village de France, exposée à la méfiance d’une population qui ne comprend pas son mode de vie, si opposé au sien, mais aussi aidée par quelques Justes, l’institutrice et le maire. Pour les Tsiganes, alors, c’était la sédentarisation ou la mort, et c’est de ce choix impossible que se nourrit le film de Tony Gatlif, lui-même « déraciné de l’Algérie », ainsi qu’il se présente, et qui depuis des années filme les Roms, leur vie, leur musique, leur histoire. Récit maîtrisé, tendu, tenu, respectueux de ses personnages, reconstitution à la fois discrète et attentive, « Liberté » ne sollicite jamais une émotion qui advient naturellement, en toute dignité.
Le Nouvel Observateur. – Vous dites avoir porté en vous ce projet de film sur la déportation des Roms depuis près de trente ans…
Tony Gatlif. – C’est un film qui vient de loin, en effet. J’ai commencé à y penser à la fin des années 1970 et j’ai demandé alors à Matéo Maximoff, le grand écrivain tsigane, qui a été mon père spirituel, de me présenter des gens qui avaient connu cette époque. Il m’a emmené chez eux, à Montreuil et ailleurs, ils nous recevaient, nous offraient du thé, mais sitôt que Téo leur disait : « Il veut faire un film sur notre malheur », ils partaient en larmes et ne prononçaient plus un mot. A chaque fois, ça se passait ainsi. Téo m’avait prévenu, mais je ne l’avais pas cru. En fait, ils ont commencé à parler un peu dans les années 1990, pas avant. Je ne pouvais pas faire ce film si les survivants restaient muets. De même, après « les Princes », des producteurs anglais m’ont proposé de réaliser un film sur Django Reinhardt [dont l’un des arrière-petits-fils apparaît dans le film]. Or, il n’existe pratiquement aucune image de lui ! Puis quand Jacques Chirac a déclaré qu’il allait réunir les Justes au Panthéon, j’ai pensé que nous allions enfin savoir et que, peut-être, le film allait devenir possible parce qu’on ne peut pas filmer une histoire qui ne comporterait que les victimes et leurs bourreaux. Mais il n’a pas été question de Justes qui avaient sauvé des Tsiganes.
C’est là que j’ai commencé à chercher, et j’ai rencontré cette institutrice dont je me suis inspiré pour le personnage de Mlle Lundi, que joue Marie-Josée Croze. Ensuite, j’ai trouvé l’histoire de ce notaire qui a sauvé une famille qui venait d’être envoyée au camp de Montreuil-Bellay, en lui vendant, pour un franc, cette maison qui lui permettait de ne plus être fichée comme nomade. Cette famille a repris la route, tous ont été arrêtés dans le nord de la France, transférés en Belgique, puis envoyés à Auschwitz… Toute l’histoire des Gitans est là : on veut les sédentariser, dans ce cas précis pour leur sauver la vie, mais malgré la peur des nazis, l’appel de la famille est plus fort, la route est plus forte. Ils ne peuvent pas vivre dans une maison, ils ont peur des pierres, parce que les pierres portent la trace de ceux qui sont passés avant eux, qui sont pour eux des fantômes. Pour eux, évoquer le nom d’un disparu, c’est l’appeler, le faire revenir, et donc l’empêcher d’aller là où les morts doivent aller. C’est aussi pour cela que, longtemps, ils ont refusé de parler de la déportation.
N. O. – Est-ce que la difficulté, voire l’impossibilité, de la reconstitution a compté aussi dans vos hésitations ?
T. Gatlif. – Je ne veux pas filmer des Tsiganes décharnés derrière des barbelés, des nazis en uniforme, avec leurs armes et leurs chiens. Chaque fois que je pensais à ce sujet, je me disais : la reconstitution est une barbarie, je ne peux pas. Et là, je n’ai filmé que des portraits, des visages, des mains, des détails en gros plan. Je me suis méfié de tout, des voitures d’époque, je ne voulais surtout pas d’une Traction Avant, de la parole des nazis… Surtout, que les nazis ne parlent pas, ou à peine ! J’ai essayé, je me suis cru dans « la Grande Vadrouille » ! Filmer ces uniformes en couleurs, non ! Dans notre mémoire, les nazis sont en noir et blanc.
Dans le même sens, il me fallait pour le rôle du notaire – dont j’ai fait le maire du village – un acteur qui incarne tout ce que j’aime dans la France d’aujourd’hui. Or le visage de la France, pour moi, quand j’étais enfant, c’était le cinéma. C’était Jean Gabin, Gérard Philipe, Pierre Fresnay… Je voulais retrouver ces voix un peu cassées, ces visages en noir et blanc. A mes yeux, Marc Lavoine possède tout cela. J’ai fait délaver les costumes, parce que ces gens-là, Gitans ou paysans, n’avaient que deux costumes, un pour l’été et un pour l’hiver, donc ils les lavaient sans cesse. Les outils viennent de Transylvanie, ils sont identiques à ceux de 1943. Même les fils de fer barbelés sont authentiques, nous avons fait 300 kilomètres pour les trouver, en Roumanie : ceux placés dans les camps par les nazis portaient un piquant tous les quinze centimètres environ, alors que pour ceux destinés au bétail, c’était tous les vingt-cinq centimètres. Pour la scène du camp, je redoutais encore plus la parole : que peuvent dire ces gens qui sont enfermés depuis des semaines ? Rien, ils ne parlent pas, ils ne parlent plus.
N. O. – Qu’avez-vous mis de vous-même pour que le passé soit si présent dans le film ?
T. Gatlif.– Le personnage de Mlle Lundi vient, bien sûr, de la vraie résistante, mais aussi de mon instituteur de Belcourt, à Alger. Il avait 26 ans, il nous projetait des films. Je me souviens du premier comme si c’était hier, « Jeux interdits »… Il s’en servait pour son cours de géographie, la France, c’est ça ; pour son cours d’histoire, la guerre c’était ça. La guerre, nous connaissions. Un jour, nous avons trouvé deux militants du FLN tués dans une vigne. Des années plus tard, après mon premier film, ce maître m’a écrit et m’a raconté son histoire : il était communiste, il s’était engagé et aidait le FLN. Lui aussi était un résistant. Comme Mlle Lundi.
N. O. – Les Tsiganes qui sont dans le film connaissaient-ils les événements des années 1940 ?
T. Gatlif. – Quand je leur racontais, ils me demandaient : « C’était comme Ceausescu, alors ? », leur référence en matière de malheur absolu, et je leur répondais : « Pire que Ceausescu », même si c’était épouvantable. Je les connais depuis sept ou huit ans, ils vivent en Transylvanie, dans une pauvreté extrême. Ils sont restés trois ou quatre mois en France. Ils ne connaissaient pas le scénario, comme tous les autres acteurs, et pour la scène où ils résistent aux gendarmes, ils ignoraient que Taloche, qu’ils adoraient, avait été tué dans le film. Au moment de tourner, je leur ai dit : « Ils ont tué Taloche », juste avant le clap, et là, ils sont partis en larmes, en cris, en fureur, ils se battaient vraiment avec les gendarmes. Après, tout le monde s’embrassait… L’hystérie, c’est tsigane ! La seule révolte à Auschwitz a été celle des Gitans, qui, quand ils ont compris qu’ils ne reverraient jamais les leurs, se sont jetés sur les nazis et les kapos. Je voulais que, d’une manière, cette révolte soit dans le film.
N. O. – De même que votre propre histoire a rencontré celle des Tsiganes, la tragédie que vous évoquez dans le film trouve-t-elle un écho dans le monde d’aujourd’hui ?
T. Gatlif. – Je parlais du silence dans les camps : quand vous passez devant les files de SDF qui attendent la soupe, leur gamelle ou leur boîte de conserve à la main, à la Bastille ou ailleurs, vous n’entendez pas un murmure. Pour les Gitans que l’en embarque à 5 heures du matin, les Africains, les Pakistanais, les Afghans qui se font arnaquer pour arriver jusqu’à nous et que l’on arrête, que l’on renvoie là d’où ils viennent, la seule différence est qu’on ne les tue pas, mais à part ça… Aujourd’hui, Pétain n’est pas au pouvoir, et les nazis n’occupent pas la France, mais il y a comme un écho. A la Libération, on a placé des collabos dans les camps où les Tsiganes étaient enfermés. Les victimes avec leurs bourreaux ! Et ceux contre lesquels les accusations portées n’étaient pas trop graves sont sortis des camps avant les Tsiganes !
Photo Rimbus le blog
Toujours au sujet des camps Tsiganes en France, sachez que ce soir à 22h45 France 2 diffuse un documentaire intitulé « La France des camps, 1938-1946 » de Denis Peschanski qui était tout à l’heure sur France Info.
Cette note c’est aussi l’occasion de saluer certaines initiatives telles que celle de Nicolas Kukas, élu d’Arles, qui milite pour la reconnaissance du génocide tsigane. (Lire Ne pas oublier le camp de SALIERS)
A lire Une mémoire française : Les Tsiganes pendant la Seconde Guerre mondiale, 1939-1946. 2010, une année consacrée à la mémoire de l’internement des Tsiganes en France pendant la Seconde Guerre mondiale à l’initiative d’un collectif d’associations.
L’objectif du projet
Est de faire connaître la spécificité du traitement des Tsiganes en France pendant la Seconde Guerre mondiale, ses origines ainsi que le contexte plus général du génocide tsigane en Europe, de porter à la connaissance du plus grand nombre ces faits trop souvent occultés et de rendre hommage aux victimes.
Un comité d’organisation et un comité scientifique en ont établi le cadre et l’esprit :
– la connaissance/reconnaissance de cette période est nécessaire pour tous les citoyens français, dont une composante définie sous la catégorie « nomade » par la loi de 1912 fut victime d’un déni de justice
– appréhender les conséquences de ces évènements, comprendre comment est pensée la catégorie « Gens du voyage » de nos jours et quels risques en découlent.
L’objectif de cette année mémorielle est également de susciter et d’encourager des travaux de recueil de témoignages, de mémoire familiale et la production d’un livre du souvenir ainsi que des travaux de recherches sur les lieux d’internement et à partir des archives.
Le site de la Fnasat-Gens du voyage (Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les Gens du voyage).
L’Hymne à la Paix, extrait de Swing, le film de Tony Gatlif
Pour terminer sur une note plus gaie, Romano Dives, la journée internationale des Roms sera aussi une journée, et même deux, de fête, comme à Marseille.
Le Festival « Latcho Divano », manifestation consacrée à la culture Rom, se pose à Marseille du 26 au 10 avril 2010. Durant toute cette semaine festive, les manouches seront à l’honneur au travers d’expositions de photos, de conférences, de concerts, de documentaires, de lectures, de stages de chants et danses tziganes pour rappeler aux visiteurs que cette communauté, souvent méconnue, a le sens de la fête, mais qu’elle peut aussi souffrir de racisme et de discrimination. Le festival Latcho Divano, s’attache à redonner à ce peuple son identité, rappelant que celui-ci représente le noyau des authentiques communautés européennes.
la Fanfare Vagabontu – ©DR
Pour clôturer ce festival, le 8 avril, le Square Léon Blum, de 11h à 22h, sera transformé en village tzigane. Pour favoriser l’échange, de nombreuses associations telles que la Fondation Abbé Pierre, La Ligue des Droits de L’Homme, Médecins du Monde, le MRAP, Osiris, etc. viendront à votre rencontre pour partager ave vous leurs sentiments et leurs opérations en faveur de la communauté Rom.
Le ton sera à la fête et vous aurez le plaisir de côtoyer les musiciens de Los Flamenco, de découvrir les Arts en Tziganie avec Art-Rom et Artriballes, de vous amuser avec le cirque Puce, de danser sur les airs de la Fanfare Vagabontu, et bien d’autres surprises encore. Et pour couronner le tout, la « Guinguette Itinérante du Grand Cyclopède » vous fera connaître ses talents « rom-culinaires » sur fond de musique d’ailleurs…
Voilà, un petit tour de ce monde souvent rejeté parce qu’on le connait mal, une petite contribution à la reconnaissance du peuple Rom qui se poursuit avec la sortie toute proche des « Voyageurs au sang d’or« de Kathy Dauthuille, sortie qui représente des années d’écriture pour Kathy, et pour moi, ce sont des mois de travail et mes dernières années d’économie pour soutenir une cause en laquelle je crois et je croirai toujours : la perfectibilité de l’être humain et surtout, l’Amour.
Bientôt disponible auprès des Éditions du Puits de Roulle
anti
Je suis particulièrement émue en lisant cette note…. oui tout le Peuple Rom a subi tellement de rejets, tellement d’incompréhensions au fil du temps. Et toujours repartir, suivre une route d’embûches où l’amour de la vie donnait toute l’énergie nécessaire pour reconquérir leur place inlassablement.
Danses et chants accompagnaient et accompagnent toujours cette immense quête dans une expression profonde et authentique, comme un rythme d’espoir et de courage.
Je remercie Monsieur Manitas de Plata d’avoir mis un mot d’accueil à mon livre qui m’a demandé des années de travail, tâche toujours reprise comme un long chemin, un pèlerinage vers eux.
Je remercie profondément Anti pour tant de chaleur envers eux et envers moi. Je loue son travail et son goût de la perfection dans ce projet, d’autant plus qu’elle y met aussi ses économies et cela mérite un remerciement tout particulier.
Je remercie Anna qui a soutenu cette élaboration et qui a toujours été de bon conseil.
Et je remercie l’ensemble du blog pour cette page et pour sa démarche humaniste.
Voilà un tableau particulièrement riche et émouvant sur certains des pires moments vécus par le peuple Rom. Je voudrais préciser un point qui ne me semble pas être un détail, même si Tony Gatlif lui-même ne le mentionne pas dans l’interview qui figure ici : les Roms enfermés dans les camps français par la milice française n’ont pas été libérés en même temps que tout le monde à la Libération mais seulement un an plus tard, en 1946, sans aucune justification que ce soit. Comme s’il avait fallu les punir un peu plus pour le simple fait d’être Rom, donc pas Français, donc étrangers, donc ennemis aux yeux de tous. Ce mépris et cette haine supplémentaires à leur encontre sont une honte de plus dans l’histoire peu reluisante de certains Français entre 1938 et 1946.
Bravo à Kathy pour la sortie prochaine de son livre, bravo à Anti pour tout ce qu’elle a fait pour mener à bout ce très beau projet qui nous va droit au cœur.
J’ajoute que j’ai trouvé extrêmement touchant et gratifiant de voir que certains d’entre ont manifesté publiquement sur ce blog ou sur d’autres le fait que leur regard sur les Roms avait changé depuis que j’ai commencé à en parler ici largement à l’occasion de l’écriture de « La veuve obscure », en les présentant tels qu’ils sont : un peuple à l’histoire riche et à la culture fascinante, formé d’êtres humains comme nous le sommes tous. Merci pour eux, merci à vous.
BLONK Kathy !!!
Oui, ce peuple qui, comme le dit si bien Anna est « un peuple à l’histoire riche et à la culture fascinante, formé d’êtres humains comme nous le sommes tous » mérite qu’on lui rende hommage et je suis heureuse que nous y contribuions tous ensemble.
anti
Merci, Anti, pour cette note riche d’enseignements et pleine d’humanisme.
Mon enfance a été parsemée d’histoires effrayantes sur les « bohémiens »… Ma vision sur les ROMs a changé le jour où j’ai entendu pour la première fois un disque de Django Rheinhardt (je devais avoir 16 ans), puis, bien plus tard, Manitas de Plata… Et récemment la lecture de « La veuve obscure ». J’ai pris conscience, petit à petit, de l’immense persécution dont ils ont été l’objet depuis toujours. C’est aussi pourquoi j’ai pris la décision de parrainer Durga, originaire du Tamil Nadu en Inde, accueillie à « A.P.R.E.S. SCHOOL », quand j’ai appris que cette région était le berceau des ROMs.
Malheureusement, les mentalités n’ont pas tellement évolué… Comme le souligne T. Gatlif « Pour les Gitans que l’on embarque à 5 heures du matin, les Africains, les Pakistanais, les Afghans qui se font arnaquer pour arriver jusqu’à nous et que l’on arrête, que l’on renvoie là d’où ils viennent, la seule différence est qu’on ne les tue pas, mais à part ça… »
Toujours cette peur de « l’Etranger », tenu pour responsable de tous nos maux… Un climat nauséabond, entretenu par le Pouvoir et la surenchère de certains qui voudraient y accéder… Ce qui m’attriste particulièrement, c’est de constater que des miens partagent ces idées…
Deux chanteurs, dont je ne me ferai jamais à la disparition prématurée, Daniel Balavoine et Michel Berger, avaient pressenti, dans les années 80, ce qui allait advenir… Mais ils ne soupçonnaient sûrement pas ce dont seraient capables les responsables politiques d’aujourd’hui…
Ne nous faisons pas d’illusion… L’opinion publique est majoritairement en faveur de cette politique raciste et xénophobe… La répression va donc s’intensifier, hélas…
Une des seules choses sensée que Michel Rocard ait proféré « La France ne peut accueillir toute la misère du Monde, MAIS ELLE DOIT EN PRENDRE SA PART »… La seconde partie de cette phrase est passée aux oubliettes…
Ce « climat » commence à me gonfler sérieusement…
« Et récemment la lecture de « La veuve obscure ». J’ai pris conscience, petit à petit, de l’immense persécution dont ils ont été l’objet depuis toujours. C’est aussi pourquoi j’ai pris la décision de parrainer Durga, originaire du Tamil Nadu en Inde, accueillie à « A.P.R.E.S. SCHOOL », quand j’ai appris que cette région était le berceau des ROMs. »
C’est beau, très beau de voir combien la lecture d’un roman qui présente le peuple Rom tel qu’il est, loin de fantasmes sordides, ajoutée aux autres expériences de vie a joué un rôle déterminant dans la vie d’une petite fille qui vit à des milliers de kilomètres de nous….
Par ailleurs, ce peuple continue à souffrir terriblement :
L’intolérance vis-à-vis des Roms gagne du terrain en Hongrie
La population rom de Hongrie a été visée par une série d’agressions mortelles, organisées par des extrémistes. Et ce type de violence tend à se banaliser
Jeno Koka, 53 ans, était un homme sans histoires. Il vivait à Tiszalök, un village du nord de la Hongrie, et travaillait en service de nuit à l’usine pharmaceutique de Tiszavasvari, une petite ville proche. Il a été tué par balles dans la nuit du 22 avril 2009, au moment où il s’apprêtait à se rendre à son travail, alors qu’il sortait sa voiture de son garage. Tout indique que le seul motif est qu’il était rom.
« Les relations avec les Hongrois deviennent très difficiles. Il y a sans cesse des actes de vengeance, et tout cela ne se produisait pas avant », déplore Ferenc Poczkodi, neveu de la victime, par ailleurs président du Conseil rom local, une organisation représentative destinée à faciliter le dialogue avec la municipalité. Des meurtres identiques, il s’en est en effet produit toute une série, en Hongrie, depuis trois ans.
Un sujet d’actualité permanent
Tout a commencé dans cette même région, dans le nord de la Hongrie, là où les Roms sont particulièrement nombreux. Le 11 octobre 2006, un instituteur de Tiszavasvari a renversé accidentellement, à 70 km de chez lui, une petite fille tsigane qui n’a été que légèrement blessée.L’instituteur a alors été battu à mort, sous les yeux de ses enfants, par des Roms ayant assisté à l’accident. Tous les participants à ce lynchage ont été arrêtés et emprisonnés. Mais l’affaire a eu un énorme retentissement, en Hongrie, où le thème de la « criminalité rom » est devenu à la mode. C’est depuis que les agressions contre les quartiers roms ont commencé.
Le Jobbik, parti d’extrême-droite, en a en particulier fait ses choux gras, surfant sur chaque fait divers. Ce parti, qui pesait 3 %, il y a quatre ans, a recueilli 15,5 % des voix aux dernières élections européennes, et espère confirmer sa percée lors des législatives de dimanche prochain.
Il n’hésite pas à stigmatiser, dans ses meetings, les Roms qui « ne veulent pas travailler », « font des enfants pour vivre des allocations » et « menacent la sécurité de la Hongrie ».
Ce parti fait défiler au pas ses miliciens vêtus de noir, la « Garde magyare », près des quartiers roms pour y signifier qu’il entend « protéger » les Hongrois. La haine des Roms est devenue pour lui un thème mobilisateur de campagne. Et ces discours n’éveillent pas, dans les autres partis, de grandes protestations.
Un climat de violence continu
C’est dans ce contexte tendu qu’une multitude d’agressions se sont déroulées : jet de cocktails Molotov contre des maisons roms, symboles nazis tracés sur les murs, voire assassinats perpétrés à froid, de nuit, contre des habitants des quartiers roms qui semblent avoir été choisis au hasard. Six meurtres au moins semblent avoir eu lieu au cours d’une cinquantaine de ces expéditions punitives conduites au cours des deux dernières années.
Quatre responsables présumés de ces assassinats ont finalement été arrêtés il y a quelques semaines. Il s’agit de quatre hommes, dont deux travaillaient pour assurer la sécurité d’une boîte de nuit de Debrecen, deuxième ville de Hongrie.
Les armes qu’ils ont utilisées étaient cachées sur place. Ils semblent avoir agi délibérément avec la volonté d’intimider la population rom. Mais tous les détails concernant l’enquête restent secrets.
Sous la pression des organisations roms, une enquête parlementaire s’est tout de même intéressée à cette affaire. Elle a démontré à quel point l’enquête policière avait été bâclée. Il s’avère que les quatre suspects avaient été repérés par les services de renseignement de la police comme étant des extrémistes.
Ils étaient même sur écoute depuis quatre ans. Mais l’information n’a pas été transmise aux enquêteurs qui travaillaient sur les meurtres de Roms… Une bavure. Mais qui n’a entraîné aucune sanction au sein de la police hongroise.
Une députée européenne au secours des Roms
Si ces faits ont finalement un certain écho, c’est grâce au travail de Viktoria Mohacsi. Cette ancienne députée du Parlement européen est une militante infatigable pour les droits des Roms. Elle a collecté les témoignages et dressé la liste de ces violences.
Elle fournit des avocats aux familles de victimes. Et elle dénonce l’atmosphère empoisonnée qui règne dans son pays, n’hésitant pas à comparer la Hongrie d’aujourd’hui avec l’Allemagne des années 1930.
« L’enquête ne cherche pas à relier ces agressions avec le climat d’hostilité raciale envers les Roms. Pourtant, ici, les Roms sont aujourd’hui en danger. Certains témoins de ces agressions ont vu des gens portant des uniformes de policiers, ou de membres de la Garde magyare parmi leurs agresseurs… », accuse-t-elle.
Viktoria Mohacsi en fait-elle trop ? Pourtant, il suffit de circuler dans le nord de la Hongrie pour y vérifier que l’atmosphère est devenue explosive, entre les Roms et le reste de la population. Csaba, 35 ans, est serveur au Hungaria, un restaurant de Mezökövesd, une commune de 17 000 habitants dont 25 % de Roms.
Il explique : « Ici, nous avons un grand problème se sécurité publique à cause des Roms. Les jeunes Roms se droguent au dissolvant. Ils agressent les passants. Les gens n’osent plus sortir et la police ne fait rien. » Dimanche, Csaba, qui votait jusqu’ici pour les socialistes, glissera dans l’urne un bulletin du Jobbik.
Mauvaise réputation
Un peu plus loin, la ville de Tiszavasvari compte 14 000 habitants, dont 2 400 Roms qui vivent aux deux bouts de la ville, dans deux quartiers distincts. L’un est fait de petites maisons basses. Vivent là des Roms qui sont relativement bien intégrés.
Mais l’autre quartier, qui compte un millier d’habitants, à l’autre bout de la ville, a des allures de bidonville. Les maisons aux vitres cassées n’ont pas l’eau courante. On s’y chauffe au bois. Le linge sèche accroché aux branches des maigres arbustes, tandis que les enfants jouent dans la boue et les ordures.
Les habitants accueillent les visiteurs avec hostilité, accusant les médias de vouloir « donner une mauvaise image des Roms ».
Le maire de Tiszavasvari, Attila Rozgonyi, qui se dit « indépendant », se présente comme le porte-parole de la minorité silencieuse. Selon lui, « deux tiers des Roms de Tiszavasvari vivent en faisant de nombreux enfants, dès l’âge de 14 ans, pour toucher les allocations familiales. Leurs enfants ne vont pas à l’école. Et les hommes passent leur temps devant les machines à sous. »
Se sentant abandonné par Budapest, il accuse le gouvernement de « chercher à dissimuler la réalité ». Il réclame plus d’argent et de pouvoir pour créer des emplois aidés en faveur des Roms. « Si les hommes politiques hongrois continuent à ignorer les problèmes, alors le Jobbik arrivera à ses fins, affirme-t-il. Et j’ose le dire : nous risquons la guerre civile. »
Alain GUILLEMOLES, à Tiszavasvari (La Croix)
A cela s’ajoute la disparition de Dávid Daróczi, ancien porte-parole du gouvernement de Ferenc Gyurcsany, et figure éminente de la communauté rom hongroise…
anti
Dans « La veuve obscure » ce périple est très bien expliqué. La violence que subissent les Roms est terrible, dans certains pays plus que dans d’autres.
Il faut arriver à faire tomber les barrières petit à petit, un gros travail !
Comme le dit souvent Anti, on avance pas à pas. J’aime beaucoup cette formule même si l’on aimerait aller plus vite, ça bouge et notre regard sur les Roms peu à peu change, à commencer par le mien. On ne critique que ce que l’on méconnaît. Et il est magnifique ce drapeau Rom avec cette roue en perpétuel mouvement entre terre et ciel et qui symbolise l’espoir.
« on avance pas à pas. J’aime beaucoup cette formule même si l’on aimerait aller plus vite »
J’ai mis du temps à l’accepter mais force est de reconnaître qu’on ne construit rien de durable sans prendre le temps de réaliser des plans avec sagesse, force et beauté tant qu’à faire et c’est valable pour tout, c’est fou ! Le royaume des cieux appartient aux simples d’esprit. Toujours ce retour à la simplicité, rien à faire d’autre que de se laisser porter par cette vérité.
Le drapeau Rom est très récent puisqu’il date de 1971 :
Suite au congrès de l’URI (Union Rom Internationale), à Londres, qui essaye de fédérer et de représenter les Tsiganes au niveau international, l’URI a adopté en 1971 le drapeau Rom, qui a pour principale originalité de représenter un peuple, et non un pays, c’est-à-dire un État situé géographiquement et exactement par des frontières officielles.
Symbolique du drapeau
La roue à 16 rayons, symbolise évidemment la route, le voyage, la roulotte, mais aussi, et surtout, les origines indiennes des Roms, vers le Rajasthan actuel… On peut d’ailleurs noter la ressemblance, évidente, entre le drapeau Rom et le drapeau de l’Inde.
La couleur bleue symbolise le ciel, la liberté, les valeurs spirituelles tsiganes.
La couleur verte, hymne à la nature, au progrès, à la fertilité, aux valeurs matérielles.
(Wikipédia)
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Je suis admirative devant mon amie kATHY qui sait dévoiler la beauté de ce peuple ROM qui est fort méconnu.Kennedy disait que le monde souffrait plus d’ignorance que de faim ou de maladie.Je rends hommage à tous ceux qui veulent nous faire découvrir le vrai visage du peuple gitan.Lontemps assimile au voleur de poulesdans nos campagnes il est encore mal vu Lourdes pour leur rassemblement annuel’ tous les commerces ferment à lleur arrivée .Que faut-il penser devant tant de méfiance?Maithe.
Merci beaucoup pour votre commentaire Maithe. La citation de Kennedy est tellement vraie…
« Que faut-il penser devant tant de méfiance ? »
Lever le voile.
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