On en a bien profité. Du temps, je veux dire. Hier, ici, c’était le premier jour de vrai printemps depuis l’équinoxe, du grand ciel bleu immaculé comme on aime.
Il faisait beau et chaud, comme le dit la contrepèterie belge rendue célèbre par Bruno Masure à la fin d’un jité du soir devenu collector. Il voulait lancer la séquence météo d’Alain Gillot-Pétré, présent sur le même plateau à quelques mètres de lui, qui n’avait rien compris du tout à la vanne et était, parait-il, furieux, ce qui est encore plus drôle.
Mais pour en revenir à hier, c’était vraiment très agréable. On a même déjeuné sur la terrasse en regardant les bourgeons du tilleul prêts à s’ouvrir en feuilles et ceux des micocouliers déjà bien présents. Un criquet nous a rendu plusieurs fois visite, vrombissant de joie en survolant le chèvrefeuille ou la haie de lierre. Et les chats profitaient à fond de la pelouse, les plus jeunes courant partout et les plus âgés paressant au soleil – c’est là qu’on voit l’expérience, ils préparaient en douceur leur sous-couche de bronzage pour éviter tout risque de coup de soleil avant l’été.
Il y a plusieurs milliers d’années, en Mésopotamie, le premier jour du printemps était aussi le premier jour de la nouvelle année. C’est pour cela qu’on appelle toujours cette saison le printemps – le premier temps. Un choix logique puisque l’équinoxe marquait le point de départ de l’allongement des jours après la saison hivernale, donc le retour à la vie et à la chaleur, pour un nouveau cycle.
La décision de déplacer le jour de l’an au 1er janvier est relativement récente, elle ne date que de Jules César. Janvier était, en effet, le mois dédié à Janus, dieu des portes, aux deux visages, l’un tourné vers le passé et l’autre vers le futur.
Notre calendrier conserve toujours les vestiges de l’année ancestrale qui commençait en mars. Les mois de septembre, octobre, novembre et décembre s’appellent ainsi parce qu’ils étaient autrefois les septième, huitième, neuvième et dixième mois de l’année – janvier et février étant les onzième et douzième. Février tire son nom de Februa, dieu de la mort et de la purification chez les Romains. Et la mort était suivie de la résurrection avec Mars, le dieu conquérant, qui ouvrait ensuite le début d’une nouvelle année.
Il y a environ six mille ans, le premier jour du premier temps – le point vernal – coïncidait avec le début de la constellation du Taureau. Le signe astrologique du même nom commençait autour du 21 mars. La rotation de la Terre étant ce qu’elle est, les constellations se décalent dans le ciel d’un degré tous les soixante douze ans, un phénomène astronomique appelé la précession des équinoxes. De ce fait, tous les 2160 ans, le point vernal se décale d’un signe du zodiaque au précédent. Il y a quatre millénaires, c’est le Bélier qui débutait le 21 mars (et, par convention fixée par Ptolémée, il y est toujours pour les horoscopes des astrologues dits « tropicaux »). Il y a deux mille et quelques années, c’était au tour des Poissons de traverser le point vernal et dans un peu plus de trois siècles, ce sera celui du Verseau. C’est ainsi que ce que l’on nomme les ères astrologiques sont définies par le passage de certaines étoiles dans le ciel du premier jour du printemps.
Hier, dans la soirée, nous avons regardé un bout de Nouvelle Star. Tous ces jeunes chanteurs rêvaient de passer en prime time (en français, premier temps) pour devenir des stars (en français, étoiles). Décidément, depuis que l’homme rêve de toucher le ciel, le premier temps et la trajectoire des étoiles n’arrêtent pas d’être liés. Même si, dans ce cas, l’ère de gloire est bien éphémère.
Très belle journée à vous
Allez ! BONNE ANNEE ! Belle journée, et pis c’é tout !
anti, sidéraliste.
Fais péter ! En route pour les étoiles !
Anna, ô Siddharta