Un geste d’Amour

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Sampang parlait de Angun, de sa chanson « Un geste d’amour », Angun qui est la marraine du prix Micro environnement qui fait en ce moment des affiches superbes que je voulais utiliser pour illustrer cette note…

En fait, ce matin, j’ai lu ce bel article, passeur d’espoir :

Muhammad Yunus, un Nobel « prêteur d’espoir »

« On peut éradiquer la pauvreté »

Muhammad Yunus, prix Nobel de la paix 2006, rencontre aujourd’hui le président de la République. Dans son dernier livre, Vers un nouveau capitalisme, aux éditions JC Lattès, celui qui a été surnommé « le banquier des pauvres » pense qu’il est possible de faire rimer altruisme et efficacité économique. Utopie ? Oui, certainement. Mais une utopie que l’on prend au sérieux, quand elle sort de la bouche de celui qui a sauvé des millions de personnes de la pauvreté.

Après le microcrédit, c’est une nouvelle révolution que vous nous proposez…
En quelque sorte… Les gens ont du mal à comprendre le concept du « social business » simplement parce qu’ils ne comprennent pas que l’on puisse entreprendre sans chercher à gagner de l’argent. Mais dans toutes les activités que j’ai développées, et notamment le microcrédit, je n’ai jamais cherché à faire de l’argent, et je m’en porte très bien. Il y a un manque cruel dans notre système économique actuel, puisqu’il ne permet pas aux gens de faire de « bonnes actions » et de développer leur côté altruiste.

Vous pensez vraiment que les gens vont travailler sans chercher à faire de l’argent ?
Ils le font tous les jours ! L’être humain n’est pas qu’une machine à faire de l’argent, comme nous le suggèrent la plupart des théories économiques ! L’être humain est multidimentionnel. Prenez la peinture : des personnes dédient leur vie à la peinture, sans jamais réussir à en vivre. Et ce n’est pas parce que cette personne ne correspond pas aux critères habituels d’une économie de marché qu’elle est folle. C’est ce nouveau domaine que j’essaie de mettre en oeuvre, afin de faire reconnaître la  » multidimensionnalité » de l’être humain.

En quoi consiste un « social business » ?
Un « social business » est une entreprise comme une autre. Sauf qu’une entreprise normale n’a qu’un but : gagner de l’argent, et en gagner encore plus. Un « social business » obéit à un objectif social. La société se donne comme objectif de réduire la malnutrition, par exemple, ou d’apporter l’eau ou l’électricité dans des zones reculées d’un pays. Ou encore de faire reculer le nombre d’analphabètes. Bien sûr, comme toute entreprise, elle devra réfléchir à la manière de gagner de l’argent et d’équilibrer ses comptes, afin d’être financièrement viable. Mais ce n’est pas son objectif premier, et elle ne cherchera pas à maximiser ses profits au détriment de l’objectif « social » qu’ elle s’est fixée.

Il y a déjà des organisations qui s’occupent de développement social…
Oui. Mais dans notre monde libéral, aider les autres va à l’encontre de nos principes économiques. On relègue ces questions aux gouvernements, à la charité. Je pense qu’il y a une autre voie possible. On peut améliorer le sort de son prochain grâce à une entreprise aux objectifs différents. Elle pourrait elle aussi attirer des investisseurs, qui recouvreront leurs investissements, puisqu’un « social business » est une entreprise qui doit être rentable. Par contre, une fois que les investisseurs ont recouvré leur mise, les bénéfices restent au sein de la société, afin qu’elle finance son développement.

Concrètement, un « social business », ça serait quoi ?
Regardez la joint-venture que Grameen Trust a créée avec Danone en 2006. Au Bangladesh, cette société, la Grameen Danone, s’est donné pour objectif de réduire la malnutrition infantile. Pour cela, nous avons développé un yoghourt enrichi. Danone a contruit une petite usine, contrairement à ses habitudes. Ainsi, nous nous fournissons auprès des producteurs de lait locaux. Nous avons même accordé des microcrédits afin que des personnes puissent se payeer une vache pour vendre leur lait à l’usine. La distribution des yoghourts est locale, assurée par des femmes qui ont obtenu un microcrédit pour devenir « vendeuses-yoghourt ».

L’entreprise est rentable ?
Nous avons réduits les coûts au minimum, afin d’assurer la rentabilité de l’usine. Cet objectif est atteint. Mais nous avons besoin d’un peu plus de temps pour savoir si notre social-business a atteint son but premier : réduire la malnultrition infantile.

Microcrédit, social business… et après ?
Je veux que chaque pays érige son musée de la pauvreté, quand il aura éradiqué la pauvreté à l’intérieur de ses frontières. Cela semble fou, mais il est possible d’éradiquer la pauvreté. Si nous le voulons tous, on peut y arriver.

http://www.metrofrance.com/x/metro/2008/03/30/rieOUE1w8qEc/index.xml

http://fr.wikipedia.org/wiki/Muhammad_Yunus

18 Replies to “Un geste d’Amour”

  1. sampang

    oui et j aurais aussi pu mettre une des nombreuses autres associations dont elle s occupe, quand il a été question du film « le cahier » … un geste d Amour aussi … :

     » toutes à l école »

    Tu parles d argent et de pauvreté Anti…
    ce matin quand j ai ouvert mon MSN, il y avait un article sur les grandes fortunes de France et combien gagnaient les acteurs et chanteurs… j espère qu ils se mobilisent avec leurs fonds afin d oeuvrer pour ceux qui n ont rien parce que c est tout simplement écoeurant. J ai eu une colère là… et on nous parle d arrêter les téléchargements de musique ou de films parce que ça leur enlève… rappelez moi quoi déjà ?

  2. anti

    L’article va au-delà, je crois, de l’opposition argent/pauvreté en présentant un nouveau modèle de développement social. Sinon, oui, les disparités économiques… ben oui quoi, voilà.

    Allez ! Hop ! Hop ! Hop !

    On s’bouge, dedans d’abord et dehors suivra !

  3. sampang

    oui je ne suis pas rentrée dans le sujet parce que ça me semble évident et que j avais cette image en tête de la première fortune de France avec ses 18 milliards d euros !
    donc y’a de quoi mettre en place d autres fonctionnements ( comme Danone le fait ) pour que d autres puissent  » juste vivre décemment » …

  4. Anna Galore

    Angun et Yunus, quelles merveilleuses personnes, qui savent allier le pragmatisme et le coeur.

    On se sent fiers d’être humains, là.

  5. anti

    C’est exactement ça.

    Tu vois, c’est ce que je te disais samedi soir alors que je rentrais du théâtre où j’avais assisté à des concerts de musique classique et jazz. Je « voyais » littéralement, la beauté de l’union de ces personnes, de ce qu’elles faisaient monter, monter très haut dans d’autres sphères et lutter contre tout ce qu’il y a de mauvais partout.

    Quand j’ai lu cet article ce matin, puis les paroles de Angun postées par Sampang et d’autres échanges encore je repensais combien toutes ces graines de beauté sont primordiales pour l’avenir de l’humanité.

  6. anti

    C’est dans cet endroit qui s’appelle « Un Geste D’Amour » que j’ai envie de parler d’une chanson de Cabrel, tirée de son dernier album qui sort aujourd’hui « Des Roses et Des Orties ». Cette chanson, c’est « Mademoiselle l’Aventure », chanson hommage à la maman de la petite Thiu qu’il a adoptée. C’est bouleversant. Ca me rappelle ces mots de Dolto « N’oublions pas que dans « abandon » avant toute chose, il y a don ».

    « Mademoiselle le mystère
    Évanouie pour toujours
    Vous serez toujours la mère
    Nous serons toujours l’amour »

    anti, où comment passer de misère à miracle.

  7. Anna Galore

    Son passage hier sur le plateau du grand Journal était émouvant et chaleureux. J’ai adoré la simplicité avec laquelle il a expliqué qu’il laissait s’écouler 4 à 5 ans entre deux CDs pour profiter de la tranquillité et de la beauté de la région où il habite depuis toujours.

    Quant à ses chansons, elles sont toutes superbement écrites et magnifiquement chantées. Un homme vrai…

  8. Baliramas

    Juste pour témoigner et vous dire que les micro-crédits fonctionnent aussi (mais pas assez) au Rwanda et que c’est un outil génial pour aider les gens à s’élever au-dessus du seuil de l’extrême pauvreté d’une part, mais surtout leur donner (ou redonner) un minimum d’espoir en un avenir meilleur. J’ai un copain qui gère d’autres projets porteurs d’espoir (ou d’espérance comme aurait écrit JF Deniau) je vous en parle à l’occasion si cela intéresse quelqu’un
    Bali (le cousin de jules)

  9. sampang

    bien sûr que ça nous interesse ! allez hop Baliramas, au taf ! dis nous ! ( et voilà comment on plombe un week end mdr )

  10. Baliramas

    projet Mpazi:
    il s’agit d’un projet de travaux d’intérêt général (combler une faille géante au sein d’un quartier populaire de kigali ou construire plusieurs kms de route en béton pratiquement à la main) où l’on met au travail (payé of course et avec micro-épargne obligatoire) des équipes mixtes composées d’une part de femmes, veuves ou orphelines du génocide et ayant charge de famille, d’autre part de militaires démobilisés (majoritairement de l’armée de l’ancien régime donc considérée comme complice du génocide). Toutes ces personnes apprennent à vivre et travailler ensemble, les techniques de base d’un métier et se constituent un petit pécule leur permettant d’envisager de lancer leur propre petit projet. Les travailleurs sont répartis par groupe de 100 avec un chef à la tête qui dans plusieurs cas est une femme…et ça marche ! Etonnant de voir des anciens militaires travailler dans la bonne humeur et sous l’autorité de veuves ou orphelines de guerre. Le recrutement se fait par tirage au sort et la mise au travail dure 6 mois (pour donner à un maximum de gens la possibilité de profiter du système). C’est un projet pas trop populaire aux yeux de l’autorité en place qui voit d’un mauvais oeil un « extérieur » parvenir de facto à réaliser une forme de réconciliation nationale et à redonner un avenir aux plus nécessiteux.
    A voir absolument pour ceusses qui passeraient par Kigali

  11. sampang

    ça fait si chi.. que ça de voir les gens heureux de vivre et d être ? c est fou !
    Moi je trouve ça géant et dans le fond et surtout dans la forme. Quel bel exemple de leçon de vie, de courage, d humilité pour certains, de force pour les autres et surtout… surtout… être indépendants… ne devoir qu à soi même…
    moi je trouve ça beau !!! il faut étendre tout cela !
    Merci Baliramas de ces informations ^^

  12. anti

    Ton témoignage est très interessant dis donc Bali ! J’adore les initiatives de ce genre (penser à écrire une note au fait).

    Voie, ton commentaire est en totale résonance avec le film « Collision » que je viens de découvrir (grâce à qui ?) film qui m’a renvoyé à l’expérience de Stanford… « bourreaux victimes… même combat ? », sujet qui mériterait une discussion à par.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Exp%C3%A9rience_de_Stanford

    http://www.youtube.com/watch?v=v5OHkcXXxVg
    (parties 2 à 5 sur la droite du page)

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