La régulation phonique, torture légale en France

expulsion_mode_emploi.jpgLa régulation phonique, vous connaissez ? Non, je ne parle pas de normes de construction ou de fenêtres à double vitrage mais du nom officiel sous lequel la Direction générale de la police nationale appelle le recours à l’étranglement pour que les expulsés reconduits ne fassent pas trop de bruit avec leurs cris.

Le Canard a dénoncé – en vain – dès 2006 le contenu du manuel de 64 pages, écrit en 2003 et remis aux agents de la Police de l’air et des frontières. Parmi les instructions, celle de conduire l’expulsé aux toilettes avant l’embarquement, même s’il n’en a pas envie. Comme ça, une fois à bord, il ne peut demander à y aller. « Sauf cas d’urgence avéré », précisent tout de même les auteurs de la note, montrant ainsi tout leur côté humain.

Mais le pire, c’est la fiche technique intitulée « Moyen de contrainte et régulation phonique ». Car, voyez-vous, ces salauds de sans-papiers qui sont renvoyés dans un pays qu’ils ont fuit parce qu’ils y risquaient leur vie, comme les 27 afghans du charter de cette semaine (dont les trois arrêtés en France), s’obstinent à vouloir se débattre quand on les conduit à l’avion. Pire, ils crient. Et ça, les pilotes et les autres passagers n’aiment pas du tout.

regul phonique.jpgLa solution ? La régulation phonique, illustrée de huit photos pour que le geste technique soit bien exécuté.

Le policier doit « entourer le cou du reconduit avec son bras » et lui « imprimer un mouvement de rotation », puis « maintenir cette pression entre trois et cinq secondes pour assurer la contrainte de régulation phonique ».

De la torture légale, pure et simple.

regul phonique2.jpgIl est précisé que cela ne doit pas excéder cinq minutes. Ne pensez surtout pas qu’il s’agisse d’une clémence droit-de-l’hommiste. C’est seulement pour éviter de répéter des incidents fâcheux, où des expulsés particulièrement subversifs poussaient le vice jusqu’à mourir de, comment dire, eh bien, de régulation phonique. Bien entendu, les rapports mentionnaient alors, comme cause de la mort, un arrêt cardiaque survenu, fâcheuse coïncidence, justement au moment de l’embarquement.

Ce matin, sur France Info, Edwy Plenel rappelait que cette pratique honteuse est toujours d’actualité. Son journal en ligne, Mediapart, a publié l’intégrale du manuel. Vous le trouverez ici : Le manuel des policiers de la PAF pour «réussir» une expulsion forcée.

4 Replies to “La régulation phonique, torture légale en France”

  1. monilet Post author

    Ah le lâche euphémisme que cette appellation.Tant qu’on y est, un bâillon serait aussi efficace ; trop spectaculaire ?

  2. Neidine Post author

    Le pire, comme ils disent, c’est quand le pire empire. On y est, en plein dans le mille. C’est immonde, indigne de notre slogan patriotique vantant la Fraternité. Où est l’humanité, la charité ?
    Doivent être pliés en huit les chinois, de constater qu’en matière de barbarie, ils font des émules.
    LA NAUSEE.

  3. ramses Post author

    Il est courant que des « reconduits » soient portés entièrement scotchés, y compris bâillonnés, par l' »escorte » (3 policiers pour chaque reconduit), qui bénéficient de miles sur leurs cartes Air-France « Flying Blue », pour pouvoir effectuer ultérieurement des voyages gratis ! Les derniers rangs de l’avion sont réservés à ce type d’opération et ils embarquent par l’arrière, avant les passagers. Il arrive que certains passagers s’en prennent à l' »escorte », dans ce cas, ils sont débarqués et convoqués ultérieurement devant un Juge pour « entrave à la Justice ». Des dépliants sont remis aux passagers avec leur carte d’embarquement, pour les mettre en garde sur les inconvénients auxquels ils s’exposeraient en intervenant en faveur des « reconduits ». Chaque « reconduite » coûte environ 20.000 € (vingt mille, vous avez bien lu). Le personnel d’Air France en a marre qu’on utilise les avions réguliers de la Compagnie pour ces basses besognes. D’où la réactivation de l’option « charters » inventée par Charles Pasqua. Ca coûte un peu plus cher, mais au moins il n’y a pas de témoins ! Ces expulsions dans ces conditions sont une honte pour notre Pays. Hier, une jeune étudiante a été interceptée, alors qu’elle se rendait en cours et embarquée dans un avion, sans même pouvoir exercer ses droits fondamentaux. Il suffit d’un APRF (Arrêté Préfectoral de reconduite à la frontière) pour autoriser ce kidnapping. France, Terre d’accueil… Beurrrrrk !

  4. Netsah (Anna's son) Post author

    Quand on pense que c’est dû à un fils d’émigré jamais nationalisé français, marié à une italienne non nationalisée française (à l’époque… soit-disant maintenant elle aurait la double-nationalité)…

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