La critique qui suit a été publiée sur Babelio et elle m’a profondément touchée, ce qui n’enlève rien au plaisir que j’ai eu à lire les autres. Elle a été écrite par Simon Fuchs, un autre auteur édité par les Editions du Puits de Roulle il y a quelques années.
L’ouvrage présent est un témoignage, celui de Roger Lahana qui, à la fin des années 1970, a rencontré le bouddhisme tibétain alors que rien ne l’y prédisposait. Au début des années 1960, les dignitaires du Tibet sont poussés à l’exil pour sauver l’héritage culturel dont ils sont les dépositaires. La raison en est qu’une vaste entreprise d’acculturation est en cours au Tibet tandis que le régime communiste chinois affirme son hégémonie dans la région. le bien connu Dalaï-lama est en exil mais aussi le Karmapa, chef spirituel de la lignée Kagyu du bouddhisme tibétain. C’est ici que l’histoire personnelle de Roger Lahana vient rencontrer celle du bouddhisme et de sa diffusion en France et en Europe.
L’auteur nous relate comment il s’est trouvé attiré et conquis par cette forme de bouddhisme. Bien qu’il s’agisse d’un point de vue singulier, je retrouve dans ses propos de nombreux points communs avec le yoga, dont je suis plus familier. Si le témoignage me parle tant c’est que, certainement, l’auteur a lui-même vécu des expériences de nature spirituelle. On pense notamment aux cérémonies de la Coiffe noire dont la retranscription est particulièrement émouvante. L’expérience est toujours subjective mais lorsqu’elle est partagée et partageable, il est probable qu’elle touche à quelque chose d’universel.
Roger Lahana parle de boucles temporelles et de synchronicités et c’est vrai que les rencontres sont rarement fortuites. Lorsque j’ai découvert les Editions du Puits de Roulle en 2015, j’avais noté le manifeste de cette maison d’édition en faveur de la cause animale. Bien que n’étant pas un grand partisan de la coercition par la puissance publique, le combat pour l’interdiction de la corrida fait partie des causes que je serais prêt à cautionner. J’étais donc câblé pour rencontrer les Editions du Puits de Roulle de la même façon que Roger Lahana était câblé pour rencontrer ces grands sages venus du Tibet, bien avant qu’il ne le sache.
La branche du bouddhisme dont le Karmapa est le chef de fil est réputée ésotérique. La connaissance se fait par l’étude des textes, par le cérémonial mais aussi de maître à disciple, d’individu à individu. C’est le sentiment que j’ai eu en lisant ce témoignage : l’auteur nous parle comme à un ami, comme si on faisait un peu partie de la famille. le temps qui passe et l’espace qui sépare n’ont que peu d’importance lorsqu’une rencontre a vraiment eu lieu. Elle fixe dans l’instant un point d’accès à l’éternité.
La diffusion des sagesses d’Orient et notamment du bouddhisme est un profond facteur d’évolution des mentalités en Occident : on pense à la méditation, au yoga et à toutes les méthodes de réalisation personnelle qui en sont les héritières directes ou indirectes. La petite histoire passée sous silence a souvent plus d’influence sur les esprits que les récits officiels.
A ce titre, le témoignage de Roger Lahana est instructif en plus d’être émouvant, je ne peux que le conseiller.
Simon Fuchs
Quelle page ! L’argumentation est nourrie et on la lit avec plaisir.
Je note : « La petite histoire passée sous silence a souvent plus d’influence sur les esprits que les récits officiels. » C’est en effet ce qui peut toucher profondément. Les expériences de l’auteur m’ont ravie.
Très belle critique en effet.
Je pense aussi que les rencontres sont rarement fortuites pour autant que l’on soit réceptif à ce moment.
J’en profite juste pour dire que dans ma lecture j’en suis à la cérémonie de la coiffe. Ce moment précis de la jonction entre rencontre et réceptivité.