Solaris est mon cinquième album de musique électronique et le quatrième à être mis en ligne sur la plupart des plateformes de streaming (le premier avait été édité en CD en tirage limité).
Cet album, disponible à partir du 20 avril 2021, s’articule autour de mythes et symboles fondateurs de l’apparition de notre monde, de certains de ses aspects astronomiques ou telluriques et de son devenir. Il est formé des douze compositions suivantes.
1 – Aletheia
Aletheia est un mot grec qui signifie vérité, avec une connotation de dévoilement plus que de vérité évidente. Le symbole idéal pour ouvrir à ce qui va suivre.
2 – Enuma Elish
Enuma Elish désigne l’épopée babylonienne de la création. Il s’agit d’un incipit, c’est-à-dire les deux premiers mots du texte que cette expression désigne, exactement comme « Notre Père » (qui êtes aux cieux etc. ) ou « Je vous salue Marie » / « Ave Maria ». Enuma elish signifie « lorsqu’en haut » et la suite est celle-ci :
Lorsqu’en haut le ciel n’était pas encore nommé
Qu’en bas la terre n’avait pas de nom,
Seuls l’océan d’eau douce primordial qui engendra les dieux,
Et la mer qui les enfanta tous,
Mêlaient leurs eaux en un tout.
3 – Danakil
Cette région d’Ethiopie est un désert à l‘activité volcanique incessante depuis des centaines de millions d’années. Il s’agit d’une vaste étendue appelée aussi le triangle ou dépression des Afars, en grand partie sous le niveau de la mer, connectée au grand rift. On y a découvert de nombreux vestiges importants des premiers humains apparus sur Terre. Ce berceau de l’humanité deviendra dans les siècles à venir un nouvel océan.
4 – Precession
Le motif principal de cette composition est une illustration de la précession des équinoxes. Sans précession, pas de saisons et probablement pas d’apparition de la vie sur Terre. Le morceau est formé d’une suite de six accords se décalant vers les aigus, avec en commun un do à la fondamentale. Ce do est en quelque sorte l’axe perpendiculaire au plan de révolution de la Terre autour du Soleil, les accords qui se décalent symbolisent le changement graduel d’angle autour de cet axe jusqu’à revenir au point de départ. Autour de ce thème se développent diverses variations harmoniques.
5 – Tassili
La présente pièce explore l’atemporalité. La distribution des différents motifs se fait sans s’appuyer sur aucune structure temporelle particulière. J’ai voulu exprimer ce à quoi devait ressembler le Tassili il y a 12000 ans quand il était encore une région à la végétation riche avant de se désertifier en un temps incroyablement court à l’échelle de la planète, puisqu’il s’agit aujourd’hui de l’une des parties les plus arides du Sahara. Mon idée de base a été le vent, immuable, dont les Touaregs disent qu’il est la voix des Djinns. D’où l’utilisation de plusieurs instruments à vents, dont le duduk, instrument doux et subtil.
6 – Ophithea
Ophithea est un mot que j’ai inventé pour désigner dans l’un de mes romans la Déesse aux Serpents de la civilisation minoenne, sur les racines grecques « ophi » (serpent, qu’on retrouve dans ophidien ou Ophiucus) et « thea » (déesse). Car, aussi curieux que cela puisse paraître, cette déesse n’a pas de nom officiel connu, à part dans une écriture que personne ne sait déchiffrer. Je me suis toujours dit que si les dieux existaient, ce seraient des créatures en permanence sur plusieurs sections d’espace-temps à la fois – en même temps ici et ailleurs, maintenant ou il y a des siècles ou dans des millénaires, et tout ça à la fois. C’est ce qu’essaie d’évoquer le thème syncopé qui entre en scène au bout d’une trentaine de secondes.
7 – Urushalimu
Ce nom apparait pour la première fois dans des hiéroglyphes égyptiens vieux de 4000 ans. Il est formé de Uru (ville) et Shalimu (un dieu qui était adoré en Canaan). La ville de Shalimu est devenue en arabe Urshalim, en hébreu Yerushalayim et de nos jours Jérusalem. La racine ShLM a donné salaam en arabe et shalom en hébreu, avec le même sens (paix).
8 – Lekton
Lekton est un terme grec ancien qui signifie « exprimable ». Il a été inventé par le stoïcien Cléanthe au IIIe siècle avant notre ère. Sa dénomination actuelle est « le signifié ». Il désigne pour un stoïcien l’élément immatériel qui est signifié par un mot ou une phrase, c’est-à-dire le sens à l’état pur.
9 – Messiah
Messiah s’inspire de Messiaen et de son oeuvre. Ce titre a induit la structure du morceau, avec un motif principal sur 33 mesures. Il se répète une deuxième fois avec une instrumentation plus complète et, entre ces deux instances, viennent 33 autres mesures formant une sorte de pont. Au total, cela fait donc 99 mesures (nombre qui symbolise l’infini), auxquelles s’ajoute une ultime 100e mesure silencieuse ou presque puisqu’elle ne contient que le son de traîne de la réverbération sur certains instruments, comme pour indiquer que quelque chose se poursuit au-delà de l’infini.
10 – Tharsis
Ce nom a l’air grec mais en fait, il est hébreu. Il désigne un lieu évoqué dans l’Ancien Testament, qui se situerait très loin vers l’Ouest de la Palestine, au-delà de la mer, au bout des terres connues. Une hypothèse assez probable est qu’il s’agit de la ville espagnole actuelle de Tartessos, qui se trouve peu après le détroit de Gibraltar. Pour évoquer cette destination du bout du monde puisque au-delà de la Méditerranée, la composition utilise des suites harmoniques sans cesse mouvantes, basées sur des quartes.
11 – Infinity
Il s’agit d’une composition basée sur la voix d’une vraie chanteuse, Erika Emerson, au son soul très chaleureux. Ce morceau qui parle d’infini arrive à la fin de l’album… mais pas tout-à-fait, ceci pour suggérer qu’il existe d’autres univers au-delà de l’infini, ou d’autres vies après la mort, ce qui est le thème de l’ultime morceau qui suit, Bardo.
12 – Bardo
Le mot bardo signifie intervalle, état de conscience intermédiaire. Celui auquel on fait habituellement référence est le bardo qui va du moment de la mort à la renaissance. Ce bardo est lui-même constitué de trois bardos distincts : le chikai bardo (du moment de la mort à la fin de la claire lumière), le chonyi bardo (bardo de la réalité) et le sipai bardo (celui du devenir). Trois autres bardos sont définis chez les Tibétains : le kyene bardo, qui nous est le plus familier puisqu’il va de la naissance à la mort, le milam bardo (les rêves) et le samten bardo (le déroulement de la méditation). La présente composition parcourt les trois bardos conduisant de la mort à la renaissance, illustrés par trois parties de durée égale totalisant 108 mesures, avec 108 temps par minute.
Illustration de couverture : coucher de soleil le 1er janvier 2021 sur la plage de Maguelonne, avec la presqu’ile de Sète à l’horizon (photo Roger Lahana).
Titres de mes cinq albums diffusés à ce jour : Elements (CD, édition limitée), Music for unshot movies (streaming), The blue dragonfly and other mysterious tales (streaming), Splendor Mundi (streaming), Solaris (streaming).
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Les explications sont très intéressantes.
Le fait d’être porté musicalement par ces thèmes me fascine.
Beaucoup se plaignent du manque d’inspiration provoqué par la chape de plomb de la crise sanitaire, je constate que c’est loin d’être ton cas. Tu es un puits d’imagination et de connaissance que j’envie. Quelle belle façon de voyager.
Je vais aller écouter Solaris sur Deezer.
Bonne écoute 🙂
Si je tape Solaris sur Deezer, il me sort un tas de daube mais pas ton album! Kézako???
Il ne doit pas être déjà en ligne, il y a un délai de quelques jours. Mais sinon, tu trouveras de façon plus sûre en utilisant mon nom en mot-clé 🙂
Ayant la chance d’entendre tous ces morceaux en primeur, je suis pourtant encore scotché par l’homogénéité de ces pièces, une fois réunies dans cet album, épaté aussi (je ne saurais dire combien fus-je épaté de fois) par la progression d’un album à l’autre. Evidemment, les sources d’inspiration de Roger diffèrent quelque peu de ce dont les médias nous abreuvent… Merci à toi pour cet inspirant appel à la verticalité intérieure !
Merci très cher Nyarlat (je peux t’appeler Nyarlat ?) pour ton soutien et ton écoute qui me sont précieux !
Pour le moment, l’album est accessible seulement sur iTunes, Apple Music et Spotify. Les autres plateformes devraient être accessibles rapidement.
Liens direct vers les principales plateformes de steaming :
Deezer : https://deezer.page.link/6DndZoewpLrHN2M48
Spotify : https://open.spotify.com/album/1Hptd5plvlIfFsziVUFViD
Apple Music : http://itunes.apple.com/album/id/1563876864
iTunes : http://itunes.apple.com/album/id1563876864?ls=1&app=itunes