La journée d’hier a été incroyablement, magnifiquement positive. J’y reviendrai. Pour ce matin, je vais juste vous raconter l’histoire qui a terminé cette très belle journée de façon tout aussi belle : le sauvetage du juvénile.
En fin d’après-midi, nous nous sommes rendus avec Lama au camping de Brissac, dans les Cévennes, pour assister à un relâcher d’oiseaux, organisé par Goupil Connexion, dont nous vous avons souvent parlé. Marie-Pierre, la vétérinaire qui a créé l’Hôpital de la faune sauvage et qui organise ces lâchers d’animaux soignés (bénévolement, faut-il le préciser, s’agissant d’animaux sauvages), était là. C’était un grand moment de la revoir (mais c’est une autre histoire… ou presque… j’y reviendrai aussi).
Vers 21h30, nous avons enfin trouvé un restau qui servait encore à Ganges, délicieux d’ailleurs, le XII, on vous le recommande. Alors que nous venions de nous attabler, nous avons vu passer un petit oiseau noir en rase-mottes au-dessus de la terrasse, arrivant de derrière nous puis survolant de près une table avec une dizaine de convives et atterrissant maladroitement sur le trottoir en vol pas trop plané à une quinzaine de mètres de nous. De toute évidence, il n’arrivait plus à en décoller.
Un des serveurs est allé voir, mais ne savait pas trop quoi faire. Quelqu’un d’autre s’est approché, mais ne savait pas non plus. J’ai réagi en disant à Anti d’appeler aussitôt Marie-Pierre et je me suis précipité vers le point d’atterrissage de l’oiseau. J’ai dit aux personnes qui étaient là de me laisser faire, je l’ai attrapé délicatement sans difficulté. Il ne semblait rien avoir de cassé. Anti est arrivée à son tour et m’a dit « C’est un martinet juvénile, comme il a de très grandes ailes par rapport à son corps, s’il touche le sol, il ne peut pas battre des ailes et n’arrive donc plus à en décoller, et reste aplati par terre*. »
Pendant que je le gardais dans le creux de mes mains, Anti a fini par joindre Marie-Pierre, qui était encore dans le coin. Elle est arrivée quelques minutes plus tard. Entre temps, Anti avait récupéré un carton, l’avait percé de petits trous avec une clef de voiture et nous avions glissé l’oiseau dedans. Elle a refermé le carton avec de la ficelle apportée par le serveur.
Marie-Pierre s’et arrêtée au niveau du restau sans même descendre de sa voiture, nous lui avons confié l’oiseau, elle est repartie, très contente de cette dernière histoire de la soirée.
Une vie sauvée, grâce à un incroyable concours de circonstances : nous avions prévu d’aller à un autre restau que le GPS ne trouvait pas, nous avions passé plusieurs heures avec Marie-Pierre peu de temps auparavant, elle était encore dans le coin et surtout, elle sait soigner les oiseaux. Elle mettra ce juvénile dans un lieu adapté de son hôpital jusqu’à ce qu’il soit assez mûr pour reprendre sa vie normale en toute liberté.
Nous avons poursuivi notre repas dans une atmosphère de bonheur euphorique. Sauver une vie, c’est sauver le monde disait je ne sais plus quel sage.
Très belle journée à vous
(pas de photo pour des raisons évidentes, on était trop occupés pour en prendre)
* En cette période de canicule, les jeunes martinets qui grandissent sous des tuiles ou dans des cavités, forts exposés au soleil, souffrent particulièrement de la chaleur. Lors des chaudes journées d’été, la chaleur s’accumule sous les toits, provoquant une montée de la température dans les nids des martinets. Les jeunes cherchent alors désespérément un peu de fraîcheur à l’entrée du nid au risque de tomber au sol et de se mettre en danger (chats, voitures…). En se penchant trop en avant, ils tombent. Contrairement à beaucoup d’autres espèces d’oiseaux, les adultes ne nourrissent plus leurs petits hors du nid. (source LPO).
Un été sous le signe des oiseaux! Encore une merveilleuse histoire que tu nous racontes là.
Il n’y a pas de hasard, juste être à l’heure au rendez-vous!
Tu nous diras comment Marie Pierre s’y est prise pour que ce juvenile puisse s’envoler. Va-t-il retrouver le chemin de sa famille?
D’après ce que je comprends, cet oiseau n’a plus de famille dès lors qu’il a quitté son nid. Il repartira de chez Marie-Pierre lorsqu’il saura correctement voler. Elle va probablement le mettre dans un grand box pour commencer et vérifier qu’il n’a aucun problème de santé (il semblait aller très bien à part son problème de vol, mais c’est elle l’experte, pas moi). Il va recevoir soins et nourriture autant que nécessaire, puis il sera mis dans l’une des grandes volières de l’hôpital avec les autres pensionnaires oiseaux du moment, jusqu’à ce qu’il soit pleinement autonome. Les bénévoles de l’hôpital veilleront sur lui. Ensuite, il sera relâché, probablement là où on l’a trouvé ou ailleurs si c’est mieux pour lui.