Les plus anciens et les plus rock-culture d’entre nous se souviennent de ce tube planétaire du groupe australien Midnight Oil, « Beds are burning » (les lits brûlent). Il s’agissait d’une dénonciation directe et explicite de la spoliation des Aborigènes par les colons britanniques deux siècles plus tôt et surtout, de l’urgence provoquée par le dérèglement climatique qui met littéralement le feu à la Terre. Détail qui a son importance : ce morceau date de 1987. Ce n’est donc rien de dire que l’on sait tous depuis plus de quarante ans vers quel mur on fonce du simple fait des activités humaines.
Voici le refrain de cette chanson :
How can we dance when our earth is turning?
How do we sleep while our beds are burning?
Comment peut-on danser pendant que notre Terre tourne ?
Comment peut-on dormir pendant que nos lits brûlent ?
Et un peu plus loin, cette phrase qui prend un sens effrayant après la canicule de fin juin en France :
The Western Desert lives and breathes in forty-five degrees
Le désert occidental vit et respire par 45°
Tout ce qui se passe aujourd’hui a, en effet, été annoncé avec précision, de façon très détaillée et solidement étayée scientifiquement. Les médias ont parlé ces derniers jours d’un feu immense en Amazonie et au Pantanal, des terres basses à la frontière entre le Brésil, la Bolivie et le Paraguay – c’est ce dernier qui a obscurci le ciel de Sao Paulo en plein jour, beaucoup plus que ceux d’Amazonie.
Mais le Brésil avec son président dément climatosceptique est loin d’être le seul concerné. Les forêts brûlent aussi en Bolivie depuis le mois de mai et au Paraguay depuis deux semaines. Les Canaries ont été dévastées par un incendie sans précédent sur l’île principale de l’archipel. En Sibérie, c’est encore pire et au-delà du concevable, avec plusieurs millions d’hectares (une surface comparable à celle de la Belgique) qui brûlent sans discontinuer, échappant à tout contrôle et qui non seulement détruisent tout mais dégagent des quantités non encore estimés de méthane, 30 fois plus dangereux pour l’effet de serre que le dioxyde de carbone, jusque-là captif du sol autrefois gelé.
Et il n’y a pas que le feu. Un peu plus à l’est dans la région d’Irkoutsk au nord de la Sibérie, ce sont des pluies torrentielles qui se sont abattues, causant le débordement de plusieurs rivières et des évacuations massives.
Les premiers signes de perturbations du Gulf Stream directement causées par le dérèglement climatique ont également été détectés. S’il venait à se modifier de façon notable, ce que le GIEC a annoncé depuis plus de 20 ans, ce sera une catastrophe climatique absolue pour les pays qu’il longe, à commencer par le nôtre.
Alors, comment peut-on dormir pendant que la Terre brûle ?
Hélas aussi en Afrique https://www.lavoixdunord.fr/627531/article/2019-08-22/pourquoi-personne-ne-parle-des-incendies-titanesques-en-afrique-subsaharienne
Cette violence est à la mesure de la souffrance de cette terre qui continuera jusqu’à ce qu’elle soit entendue.
Mon coeur se serre et je tremble pour l’avenir de nos enfants et petits enfants.
Arrêtons de nommer des irresponsables aux commandes de notre monde.
Je ne savais pas pour l’Afrique mais malheureusement, ce n’est pas une surprise…
Et Valentine, tes mots expriment parfaitement les choses.