A la veille de la commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale, j’ai envie de remettre à l’honneur cet excellent roman d’Alice Morel : « Thomas l’incertain ».
4e de couverture :
« À l’aube d’un XXe siècle plein de promesses, Thomas, de famille paysanne, grandit dans l’amour de la lecture. Après une adolescence marquée par la violence, il s’engage dans un mouvement pacifiste et se veut poète. Très amoureux, et bientôt tout jeune père, il se croit un avenir. Mais la guerre éclate. Il a vingt ans. C’en est fini du bonheur. C’en est fini de la liberté.
Pris comme des millions d’autres dans l’engrenage meurtrier, il noue clandestinement des liens avec un petit groupe d’amis non-violents. Ensemble ils veulent « au-dessus de la mêlée » refuser la folie des nations, imaginer un monde en paix. Mais peut-on ignorer la tyrannie de l’Histoire à l’heure de la Grande Guerre, ou du Grand Crime ? Peut-on encore espérer, et même espérer l’inespéré, quand la vie humaine devient matériau périssable et anonyme, sans valeur ?
Entre doute et révolte, Thomas se fraye un chemin de résistance inattendu, intemporel, au long duquel il croise de singuliers personnages, aux côtés de Rousseau, Nerval, Apollinaire… A-t-il enfin trouvé ses compagnons de désobéissance ? Son défi à la Mort ?
Le combat qu’il mène, l’espérance et la liberté qu’il cherche à préserver malgré tout, restent d’actualité. Puisqu’il s’agit toujours de s’indigner. Et de résister. »
Même si le sujet du livre est empreint d’une certaine violence dans la mesure où l’histoire se déroule pendant la Première Guerre mondiale, « Thomas l’incertain » reste un ouvrage rempli de tendresse, qui traite de 14-18 avec une grande humanité.
J’ai particulièrement aimé ce personnage en proie au doute dans cette période trouble de l’Histoire des hommes ; la narration qui nous fait croiser la route de personnages illustres, et l’écriture d’Alice Morel qui, bien souvent, m’a évoqué celle de Jacques Prévert dans sa délicatesse, dans sa pudeur à décrire l’horreur et dans sa musicalité. D’ailleurs, l’histoire de Thomas n’est pas sans rappeler celle du compositeur Maurice Ravel. Comme pour ce dernier, l’idée de ne pas aller au front, donc de ne pas remplir son devoir de citoyen, est une pensée insupportable pour Thomas. Comme pour Ravel, il ne perd pas espoir et multiplie pendant des mois les démarches administratives afin de pouvoir combattre et comme pour le compositeur, il est finalement reconnu apte au service auxiliaire. Maintenus éloignés du front, rattrapés par leur santé fragile, ils approcheront néanmoins tous deux l’horreur de la guerre. Et pour rester dans l’univers musical, un des amis poètes de Thomas porte le nom de Roussel, tout comme Albert Roussel, autre compositeur français contemporain de Ravel.
Bien sûr, il y a de la souffrance dans « Thomas l’incertain », mais il est aussi question de résurrections et de bienveillance. Lors d’une conversation que nous avons eue dernièrement, l’auteur me confiait : « Oui, Thomas est un être attachant. Il apparaît comme un médium, une sorte de messager bienveillant qui veille sur moi à présent. »
Le tableau en couverture du livre intitule : « Portrait d’un jeune garçon ». Il est l’oeuvre du peintre Alain Mongrenier qui, comme l’auteur de ce roman, est d’origine picarde. Alice, ancienne journaliste qui écrit maintenant pour son plaisir et vit dans les Cévennes, a rédigé plusieurs textes sur cet artiste :
– Article du livre collectif « Alain Mongrenier, dans son atelier, son œuvre », Airaines centre d’art et de culture édition, 1988 ;
– Vers le mouvement, plaquette de l’exposition Traits pour Traits, Musée de l’Abbaye de Saint Riquier, 2003 ;
– Article du livre « Alain Mongrenier, Traits pour traits », Cap Régions Éditions, 2010.
Voilà. J’espère que cette note vous donnera envie d’aller à la rencontre de cet être attachant qu’est Thomas.
Une bonne nouvelle pour celles et ceux qui ont déjà lu le livre, « Thomas l’incertain » n’est que le premier tome de la trilogie « La nuit sera noire et blanche », nous aurons donc le plaisir de recroiser sa route prochainement.
Pour vous procurer l’ouvrage, vous pouvez vous adresser à votre libraire habituel ou en faire la demande directement auprès de l’auteur qui sera ravie de vous faire parvenir un exemplaire dédicacé de son livre si vous le souhaitez. Vous pouvez enfin le commander en ligne sur le site des Éditions du Puits de Roulle, en suivant ce lien.
« La nuit sera noire et blanche I – Thomas l’incertain« , roman d’Alice Morel. Prix : 14 € + frais de port – Format 14 x 20,5 cm. Numéro ISBN : 978-2-36782-014-9. 232 pages. Disponible.
Très bonne journée à toutes et à tous,
Anti
Alice Morel a une personnalité attachante. Il me tarde de lire son livre !