Une nouvelle fois, l’horreur a frappé des innocents, abattus sans autre raison qu’une haine aveugle et stupide. Aveugle parce que les victimes n’étaient pour rien dans la colère des criminels. Stupide parce que les décérébrés qui ont commis ces meurtres, loin de faire progresser leur cause, n’ont obtenu que de rendre leur folie encore plus détestable. Ceux qui ont commis ou organisé ce nouveau bain de sang se croient en guerre et se voient comme des héros alors qu’ils se comportent en lâches, tirant à l’aveugle sur des êtres humains vulnérables qui n’ont aucun lien avec eux.
Nous avons été très nombreux à suivre le déroulement de ce cauchemar sur les chaînes d’info. Des experts ont donné leur analyse. Des commentateurs ont décortiqué les paroles des experts. Des journalistes ont cité les commentateurs. Des responsables politiques se sont montrés remarquables et d’autres, écœurants. Des témoins, des blessés, des citoyens ont exprimé leur émotion – avec eux, tout le monde était en phase.
Nous sommes tous solidaires des victimes de ce déchaînement dément de violence meurtrière.
Reste un malaise. Tout le monde s’accorde à dire que les assassinats commis par les huit terroristes ont nécessité une longue et méticuleuse préparation, incluant des repérages, des répétitions, des entraînements spécifiques, de nombreux échanges téléphoniques ou autres. Certains responsables ont précisé qu’ils savaient dès le mois d’août que quelque chose se préparait contre une salle de concert. Ils savaient depuis le début de l’année que le 7 janvier ne serait qu’un début. Ils savaient qu’une opération d’ampleur se tramait. Ils savaient que des armements illégaux (Kalachnikovs, explosifs) provenaient de filières illégales intra-européennes, les pays d’origine soupçonnés ont même été cités – la Belgique et l’Allemagne. Les différents modes opératoires qui se sont déroulés dans la nuit du 13 novembre étaient tous répertoriés dans une liste des scénarios contre lesquels les services d’intervention s’entraînent depuis longtemps. Et pourtant, les responsables des services de renseignement n’ont pu faire autrement que de reconnaître leur échec à empêcher ce qui s’est passé.
Bien entendu, on comprend la difficulté de déjouer des coups de folie de type « loup solitaire » à la Mohamed Merah. Sans minimiser la complexité de la tâche, on comprend moins l’impuissance des services s’il s’agit d’un réseau organisé dont les tueurs suicidaires ont agi, selon tous les témoins, avec calme et détermination – ce qui veut dire qu’ils étaient parfaitement préparés à ce qu’ils allaient faire. Rien à voir avec le pétage de plomb imprévisible d’un petit déséquilibré.
Alors se pose la question de savoir si tout a vraiment été fait, si toutes les ressources disponibles ont bien été affectées à cette unique mission : la prévention d’actes terroristes sur notre territoire. Tout détournement de moyens, à ce niveau, est évidemment lourd de conséquences.
Or, des détournements, il y en a eu, de façon récurrente et délibérée. Alors que nous, qui œuvrons pour le respect de toutes les formes de vie, n’avons jamais commis la moindre violence physique à l’encontre de qui que ce soit, cela fait des années que des sectaires de la souffrance animale nous traitent de « terroristes ». Cela va du député Alain Marleix, président du groupe tauromachie de l’Assemblée nationale, jusqu’au président de l’ONCT, André Viard, en passant par le maire de Nîmes Jean-Paul Fournier pour qui vouloir faire une manifestation pacifique déclarée en préfecture s’apparente à un acte terroriste.
Malheureusement, ces outrances indécentes que rien n’étaie sont prises au sérieux par de hauts responsables. Début 2014, nous avons été mis sous surveillance par rien moins que le Bureau de Lutte Antiterroriste sur ordre d’un ministre de l’Intérieur aficionado qui, une fois devenu Premier ministre, a couvert la mise sous plan Vigipirate de niveau 3 d’une autre de nos manifestations pacifiques. Plusieurs d’entre nous ont été mis sur écoute alors que nos activités sont parfaitement légales. Il y a quelques semaines à peine, alors que les services de renseignements savaient qu’une offensive terroriste majeure était imminente, le préfet du Gard a jugé plus urgent de mobiliser 250 gendarmes pour protéger 300 aficionados d’une manifestation autorisée à Rodilhan le 4 octobre 2015 au détriment de leurs missions autrement plus prioritaires en plein plan Vigipirate renforcé. Trois jours avant le massacre parisien, notre trésorier David Joly était appelé par un agent des RT pour savoir s’il comptait se rendre à une manifestation de défense animale prévue le 14 novembre, du fait que le CRAC Europe s’était déclaré solidaire de cette manifestation. Cet agent n’avait rien de mieux à faire ? Remarquez, David avait déjà été soupçonné de terrorisme pour vouloir tenir une simple conférence dans un village.
Luce Lapin, journaliste survivante de Charlie, a exprimé son indignation sur les réseaux sociaux : « Ce n’est pas le moment, mais, pour les animaux, ça ne l’est jamais, alors je l’ouvre. Juste dire : le terrorisme, c’est ce qu’il s’est passé le 13 novembre 2015, à Paris. Rien à voir avec les actions PACIFIQUES des militants, anticorrida et autres. Que les tortionnaires de tout poil prennent un dictionnaire, et nous foutent la paix avec ça. On gagnera sans violence.
Luce Lapin
Directrice de campagne CRAC Europe pour la protection de l’enfance
Journaliste
Présente dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015«
Tout notre respect va aux fonctionnaires des renseignements et des forces de l’ordre qui agissent au mieux de leurs possibilités pour nous protéger de fous meurtriers et qui parviennent à déjouer leurs menées criminelles. Nous ne pourrons jamais assez les remercier.
Tout notre mépris va aux irresponsables qui créent des brèches aux lourdes conséquences dans ce dispositif de prévention en affectant des ressources vitales à des fantasmes paranoïaques insensés, simplement parce qu’ils détestent ceux de leurs concitoyens qui veulent rendre la condition animale meilleure sans aucune violence. Honte à eux.
Tu as tout dit. Quant à moi, je reprendrai les mots écrits hier sur les réseaux sociaux :
Les Éditions du Puits de Roulle sont profondément affectées par les attentats perpétrés à Paris. Nos pensées vont aux blessés, aux victimes et à leurs proches.
Ces actes de violence sont symptomatiques d’un monde où la négation du vivant sous toutes ses formes a atteint son paroxysme. La tâche est rude, mais nous devons œuvrer et continuer d’œuvrer sans relâche et pacifiquement pour le respect de la faune et de la flore, pour le respect de notre environnement dans son ensemble. C’est ce retour à la conscience du sacré de toute forme de vie qui mettra un terme définitif à la violence.
Stéphanie Lahana
« Changer les hommes, jour après jour, en se collant au plus près de la beauté des choses et de la vie. »
Dr Marie-Pierre Puech
Je diffuse auprès des adresses de médias que j’ ai ( si par hasard certains arrivent à parcourir ts leurs messages ) cette excellente mise à plat sur la considération du terrorisme en France en gnl et en terre torturotaurine en particulier
Rien que pour ça valls : démission
Autre: très très intéressante émission http://www.franceculture.fr/emission-culturesmonde-que-nous-veut-daech-2015-11-16
D’accord sur toute la ligne de ton post. Je suis de retour bien en forme. Amitiés.
Dans cet article écrit le 14 novembre et mis en ligne le 15, je mentionnais comme sources connues des filières d’armes la Belgique et l’Allemagne. Les médias ont largement parlé de la Belgique dans les jours qui ont suivi. Pour l’Allemagne, le Bild vient de « découvrir » qu’elle est aussi impliquée, les quatre Kalachnikovs utilisées provenant du sud-ouest de ce pays : http://www.20minutes.fr/societe/1739051-20151127-attentats-paris-armes-utilisees-13-novembre-achetees-allemagne
Un secret de Polichinelle puisque ce fait était déjà mentionné le 13 au soir sur une chaîne d’info française.