Will ou l’histoire d’un chat arlésien sauvé par la volonté d’un Irlandais, passé par une Parisienne qui a appelé des bénévoles des Chats Libres, qui a été trappé par une Arlésienne et qui se remet de ses émotions à Nîmes en attendant d’aller à…
Mardi dernier, Roger, en déplacement à l’autre bout de la France, m’appelle. Il venait de recevoir un SMS de détresse de Luce Lapin, qui elle-même avait été contactée par Robert Mc Liam Wilson qui s’inquiétait grandement pour un minou blessé près de chez lui, dans le département voisin, à une quarantaine de kilomètres de chez nous.
Évidemment, ce jour-là, je n’avais plus de piège de disponible, ma voiture était au garage et Roger était absent… mais cela ne m’a pas empêchée d’entrer en contact avec Robert pour en savoir plus.
Minou vit à la rue depuis des années, il a la patte arrière droite cassée depuis au moins trois ans, mais depuis lundi dernier il présente en plus une plaie importante à une autre patte et ne marche plus que sur deux d’entre elles… et, bien sûr, il n’est pas simple de l’attraper. Une équipe de l’école du chat d’Arles a déjà tenté de le capturer sans succès, sur un appel de Cécile, charmante personne qui le nourrit lui et les autres pauvres minous de la place du Forum. Très vite, nous avons convenu d’un rendez-vous pour passer à l’action.
Dès le lendemain après-midi, nous étions réunis pour faire le point, mais Minou était introuvable. Nous avons discuté avec pas mal de personnes, toutes soucieuses du sort de ce chat, qui parfois avons-nous appris, se faisait (en plus) malmener par de sales mômes aux dires de certains. En même temps, quand on voit que le troquet du coin s’appelle le bar des Aficionados, on peut se dire que la maltraitance animale est une chose acceptée, banalisée et même glorifiée pour certains (pour rappel, le samedi 9 mars 2013, sur cette même place, l’école taurine de la ville avait organisé un simulacre de massacre, après on s’étonne – ou pas).
Bref, il était urgent d’agir. Jeudi rien… Vendredi, minou est aperçu… Ouf ! Déjà Robert craignait qu’il ne soit parti mourir seul dans un coin… Et samedi, coup de théâtre !
Après la manif d’Alès, je récupère mon portable et là… ta dam… Un message de Cécile m’indiquait qu’elle avait réussi à l’attraper, à le mettre dans sa voiture et ensuite dans le piège ! Trop fort, le piégeage en voiture, je n’en avais encore jamais entendu parler. Robert est ensuite allé le chercher pour le prendre chez lui où nous sommes arrivés sur les coups de 23 h, après avoir pris une bonne douche bien méritée (voir la note de Roger de ce matin). Arianna, grande protectrice des animaux qui dormait chez nous ce soir-là, était ravie de vivre cette aventure avec nous.
De retour à la maison, j’ai installé Minou dans notre chambre, avec une annexe toilettes en bout de piège et lui ai offert un bon repas qu’il n’a pas dédaigné. Déjà, il se laissait caresser.
Le lendemain, la vétérinaire de garde, ne voyant pas d’urgence vitale dans mon descriptif, m’a conseillé de le mettre sous anti-inflammatoires et d’attendre lundi pour l’emmener voir un confrère, ce qui fut fait. L’anti-inflammatoire lui a fait tellement de bien qu’il a miaulé quasiment toute la nuit : « J’veux sortir ! » « J’veux sortir ! » ou alors, « J’veux des câlins ! » « J’veux des câlins ! »
C’est ainsi qu’hier matin, après avoir déposé Choupinette au bahut à la première heure, pas fraîche du tout et sentant le pipi de chat stressé à plein nez, je suis arrivée chez l’un de nos vétérinaires préférés. Là, j’ai attendu la fin de son rendez-vous pour pouvoir lui expliquer l’histoire de « Will », parce qu’il s’appelle Will depuis dimanche matin, j’y reviendrai un peu plus tard. Will présentait pas mal de lésions diverses sur tout le corps, un poil très sale, des puces, de l’eczéma, et de grosses morsures à la patte avant.
D’après Sandra, notre vétérinaire, il aurait près de dix ans. Dix ans ! Et combien d’années de misère derrière lui ? J’ai pu rester avec lui pendant qu’il était soigné et opéré. Ensuite, je suis rentrée et Roger est retourné le chercher à son réveil dans l’après-midi. Will est maintenant installé dans la fameuse cage de socialisation-hospitalisation trois étoiles.
De le voir dormir en boule, bien heureux sur un coussin moelleux me fait littéralement fondre. Il a encore un traitement à suivre pour quelques jours, puis il ira chez une amie, enfin… peut-être… car il se pourrait que… non, bon, on verra, mais ça, c’est une autre histoire…
Revenons à son prénom. Quand j’ai eu Luce au téléphone dimanche midi et qu’elle me demandait comment j’allais l’appeler, un nom s’est tout de suite imposé : « Will ».
Will pour Wilson bien sûr, qui n’a pas lâché l’affaire (d’ailleurs Cécile avait pensé l’appeler Wilson, en hommage à la ténacité de Robert), mais aussi parce que « Will » en anglais c’est la volonté, cette volonté de le sauver dont nous avons tous fait preuve ; « Will » parce que c’est, dans la langue de Shakespeare, la marque du futur et que Minou a maintenant un avenir possible. « Will » enfin, parce que j’adore la chanson de Léonard Cohen « If it be your will » (si c’est ta volonté/ si telle est ta volonté) qui prend un tout autre sens ici, un sens tragique. Si c’était ton « Will », si c’était ton chat qui était blessé, passant, aurais-tu réagi ? Si c’était ton « Will », si c’était ton chat qui était blessé, passant, l’aurais-tu laissé lentement crever comme ces dizaines d’autres personnes qui l’ont vu mais n’ont rien fait ? Il aura fallu qu’il croise la patience, la persévérance et l’amour inconditionnel pour la vie que Robert, Luce, Cécile, Roger et moi éprouvons pour qu’enfin, Will soit.
« Where there is a will, there is a way. »
« Là où il y a une volonté, il y a un chemin. »
Une bonne nouvelle n’allant jamais seule, Cécile va sortir les quatre autres minous restants et les prendre chez elle.
Un immense merci pour eux, Cécile !!!
Mille mercis à tous les bénévoles qui œuvrent chaque jour dans l’ombre pour faire reculer la souffrance animale.
Mille mercis à nos vétérinaires dévoués qui sont là pour eux.
L’INDIFFÉRENCE TUE !
Engagez-vous ! D’une manière ou d’une autre.
Will 10 mois après son sauvetage :
Très bonne journée à tous,
Anti
Quel bonheur d’avoir mis un terme à l’enfer épouvantable qu’a connu ce pauvre chat pendant des années !
Il va désormais très vite (re)devenir un superbe animal, heureux de vivre, avec des humains qui l’aimeront, prendront soin de lui et lui donneront tout le bonheur possible.
He still hates me though.
Et ça, je peux respecter…
He doesn’t. Je lui ai dit que tu étais un « K » : http://lemurmuredesfantomes.voila.net/89_buzzati_le_k.html
http://www.search-document.com/pdf/1/1/the-colomber.html
Bravo pour tout le bien que vous faites à ces animaux en détresse , en lisant l’histoire de Will , les larmes sont montées , je suis heureuse de ce dénouement et aussi pour les autres chats !
Rhôôô ! Ma Zaza ! Pensées pour la tantine 🙂
Pendant que le sang ( le vrai et le faux ) coulait à Alès , ton destin prenait enfin un autre chemin .
Tu aurais pu t’appeler Bloody mais Will te va à ravir .
Longue vie à toi !
Merci à vous tous .
Will a profité d’un changement de coussin hier soir pour se carapater dans notre chambre. Du coup, il a décidé de squatter notre armoire. P’tit cœur. Quand il sera guéri de ses morsures, nous verrons ce qu’il est possible ou non de tenter pour sauver sa patte cassée. Ça serait tellement merveilleux qu’il puisse récupérer sa quatrième patte ! Affaire à suivre donc.
Une merveilleuse histoire d’ amour, de solidarité et de ténacité qui pourrait faire la Une des médias! ça nous changerait des drames et scandales passés en boucle.
Félicitations émues et sincères de la part de tous les 4 pattes de la maison!
Merci Sophiedesnoisettes. Hier soir, Will est venu dormir avec nous sur le lit. Tout, dans son attitude, semble indiquer que c’est un chat qui a vécu en famille avant de se retrouver à la rue. Que lui est-il arrivé ? On ne le saura jamais et ce n’est pas important. L’important est de savoir ce qui va lui arriver dans l’avenir : que du bon ! On y veillera !