L’être humain est ce qu’il est d’un point de vue biologique grâce ou à cause de son génome, c’est-à-dire de la combinaison des 20000 gènes qui se trouvent dans chacune de ses cellules. L’une des techniques mise au point par les généticiens est de savoir remonter leur histoire sur des centaines de millions d’années pour recréer, en quelque sorte, leur généalogie. C’est ce qui permet de dire que telle espèce s’est différenciée de telle autre il y a x millions d’années – par exemple, la séparation entre les humains et tous les autres primates ou la recherche de l’ancêtre commun à tous les mammifères.
Des chercheurs ont eu l’idée de vérifier si, parmi nos gènes, certains ne viendraient pas d’espèces totalement différentes, soit parce que l’évolution nous en a séparé d’elles il y a très longtemps, soit parce que, pour une raison ou une autre, un gène a pu s’insérer dans notre code génétique à une époque lointaine (les virus jouent couramment ce rôle dit de transfection, une large partie d’entre eux n’étant pas nocifs pour l’homme).
Et là, ces chercheurs sont tombés sur quelques grosses surprises. En tout 145 de nos gènes semblent avoir une origine totalement étrangère à la lignée des vertébrés et jouent pourtant un rôle primordial dans le simple fait que nous soyons vivants.
Le système qui définit nos groupes sanguins (A, B, O) provient du patrimoine génétique de certaines bactéries ; sans elles, notre sang ne serait défini par aucun groupe, ou en présenterait des totalement différents. Le gène qui contrôle notre masse grasse et qui peut conduire à l’obésité semble, lui, provenir d’une variété d’algues marines, un croisement fascinant entre règne animal et végétal. Et un groupe de gènes qui permet de synthétiser l’acide hyaluronique (la molécule qui sert à coller nos cellules entre elles) a pour origine des champignons (qui constituent un règne à part entière, ni végétal, ni animal).
D’autres de ces gènes venus d’espèces extrêmement éloignées de nous ont un rôle dans la façon dont nous métabolisons les graisses, ou dont nous produisons des antioxydants, ou encore dont nous résistons à certaines maladies. Cela dit, notre corps n’est compatible avec la vie que grâce aux milliards de bactéries qu’il héberge, à commencer par celles sans qui nous serions incapables de digérer la moindre nourriture.
En quelque sorte, si nous sommes ce que nous sommes, c’est en partie grâce à l’intégration au coeur même de ce que nous sommes d’immigrés clandestins qui ont su se rendre indispensables à notre vie même.
Étonnant, non ?
Très belle journée à vous
euh… juste avant les élections… c était anodin ?! 😉
Disons que ça tombait bien 🙂
Dans le même genre, j’avais été amusé d’apprendre il y a quelques années que les racines de l’homme blanc européen moderne sont un mélange d’homme venu d’Afrique et d’homme de Neandertal venu du Nord, une espèce totalement éteinte depuis 29000 ans qui a été longtemps considérée (à tort) comme « inférieure » au point qu’elle a même failli s’appeler au 19e siècle Homo Stupidus, par opposition à Homo Sapiens. L’homme de Neandertal a probablement disparu pour cause de métissage avec les autres humains vivant en Europe à l’époque, pour donner les humains modernes de cette partie du globe. Autrement dit, les seuls hommes qu’on peut appeler « de souche » sont les ancêtres préhistoriques des Africains, tous les autres – et en particulier ceux à la peau blanche – sont des métis. Ça ne doit pas faire plaisir à tout le monde 🙂