Il y avait hier soir à Nîmes un rassemblement devant la préfecture pour honorer la mémoire de Rémi Fraisse, tué dans le dos d’une grenade jetée par un gendarme. Une délégation de quatre personnes a été reçue par le préfet. C’est l’une d’entre elles qui nous a invités à nous joindre aux personnes présentes, en tant que militants d’une cause liée au respect de la vie et régulièrement victimes de violences policières depuis un peu plus de deux ans.
J’ai pris la parole pour dire tout ce que cette mort avait de choquant et pour souligner que ce qui nous rassemblait, c’était de lutter les uns et les autres pour des causes altruistes qui s’opposent à de puissants intérêts financiers. Ce pourquoi nous nous mobilisons ne nous apporte aucun avantage personnel, à la différence d’autres types de mouvements de protestation qui visent à obtenir un meilleur salaire ou des conditions de vie plus supportables. Nous, nous nous battons pour améliorer la beauté et le respect de la vie sur Terre et contre ceux qui veulent l’abîmer ou la détruire.
Et sur le combat qui est plus spécifiquement le nôtre – le refus que des taureaux soient tués pour en faire un spectacle – nous avons eu à subir depuis quelques années, de façon de plus en plus systématique, la violence des forces de l’ordre de façon totalement disproportionnée. C’est pourquoi, face à cette mort insupportable, nous ne nous sentons pas seulement solidaires mais directement concernés.
Dans notre pays, des manifestants pacifiques peuvent trouver la mort du fait de réactions ultra-violentes et inacceptables de gendarmes ou de CRS à leur encontre. Cela ne diminuera en rien notre détermination à poursuivre la lutte que nous menons. Ce ne sont pas les forces de l’ordre que nous combattons. Nous n’admettons pas de nous faire tirer dessus à bout portant avec des flashballs, des lacrymos et des grenades.
Il va falloir que cette escalade inacceptable cesse, sinon il y aura malheureusement d’autres victimes dans nos rangs, c’est inévitable. Nous ne demandons que le respect de la Constitution : manifester pacifiquement est un droit constitutionnel, s’exprimer librement aussi. Les forces de l’ordre sont là pour maintenir l’ordre et éviter les violences, pas pour les causer en agressant hors de toute retenue des manifestants non violents.