Notre premier jour à la Grande-Motte pour les Pyramides du Livre s’est très bien passé : du monde, pas mal de livres vendus, une ambiance joyeuse sur le stand avec Odette, Kathy, Marie-Lune, Anti et moi.
C’était aussi la première annonce dans un salon de la sortie imminente de Corrida la Honte – le livre sera disponible à partir du 15 mai. Nous avions disposé sur l’une des tables pour en parler l’unique exemplaire que nous avons pour le moment (celui où nous avons noté toutes les corrections à apporter avant le tirage) et une grande affiche qui reprenant en manchette la liste des thèmes traités.
Et là, deux types de réactions des badauds :
– les gens normaux (en large majorité) : ils n’aiment pas la corrida, sans être pour autant des militants, juste par simple bon sens devant une telle horreur. Ils se réjouissaient de savoir que toutes les turpitudes du sous-monde de la tauromachie étaient mises au grand jour. Tous se scandalisaient de voir des photos d’enfants apprenant à transpercer des veaux. Deux dames nous ont raconté la fois où un ami qui habitait dans la région les a invitées à venir à une corrida « pour voir » ; elles sont ressorties horrifiées au bout de cinq minutes et n’y sont plus jamais retournées depuis.
– les aficionados : ils n’étaient pas contents du tout en découvrant l’affiche ! Parmi eux, le maire de la Grande-Motte en personne qui nous a dit, au début très souriant, qu’il était aficionado et que le problème c’est que « les anti-corridas sont très violents ».
Nous lui avons montré des photos de Rodilhan 2011 (« ah oui, là, c’est vrai, c’est allé trop loin » a-t-il reconnu…) mais il a persisté à dire que nous étions quand même violents, comme à Alès (???) ou à Rodilhan l’an dernier (ah bon ? et qui a tiré des lacrymos et des flashballs à bout portant ?). Il avouait quand même qu’il n’avait été témoin direct de rien : on lui avait dit que… un ami journaliste lui a appris que…
Nous avons alors précisé que nous, nous étions physiquement présents à chacune des ces manifestations et que, oui, la violence avait été réelle sauf qu’elle ne venait pas de nous mais de nos adversaires ou des forces de l’ordre, comme le montrait des centaines de photos et de vidéos. Et nous l’avons mis au défi – comme nous le faisons à chaque fois – de nous montrer une seule photo montrant un anti-corrida en train de commettre une violence.
Je lui ai même proposé de venir parler de tout ça en toute sérénité avec lui en tête à tête mais il s’est rapidement éclipsé avec son adjoint à la Culture et deux ou trois autres personnes qui l’accompagnaient. Courage fuyons, comme à chaque fois qu’ils se se retrouvent empêtrés dans leur propre intox sans fondement…
Fort heureusement, les autres visiteurs de notre stand étaient très agréables et nous avons eu pas mal d’échanges en tout genre, qu’il s’agisse de corrida ou de sujets plus littéraires puisque j’exposais aussi une bonne partie de mes romans, ainsi que Kathy, Odette et Marie-Lune qui ont chacune vendu plusieurs exemplaires de leurs livres respectifs.
La seule petite gêne – mineure – était le pollen qui voletait en abondance comme toujours à cette période de l’année à la Grande-Motte et qui ressemblait à certains moments à une vraie chute de neige. Très joli cela dit.
Et ce matin, on y retourne !
Très belle journée à vous
Oui, très sympathique cette journée ; beaucoup de pollen, de quoi en faire une histoire « à l’improvisade » ! :+)
Deux dames nous ont raconté la fois où un ami qui habitait dans la région les a invitées à venir à une corrida “pour voir” ; elles sont ressorties horrifiées au bout de cinq minutes et n’y sont plus jamais retournées depuis.
Cela doit être assez fréquent : beaucoup de gens vont aux corridas par curiosité et en ressortent rapidement, très choqués. Malheureusement, ils ont payé leur place et donc ont contribué financièrement au fonctionnement des corridas. On pourrait :
1) Avoir une revendication : demander une signalétique anti-violence pour toutes les affiches et prospectus annonçant une corrida. « Attention, spectacle violent, susceptible de choquer » « Déconseillé aux mineurs, femmes enceintes et personnes sensibles »
2) Appuyer la revendication par un film compilant des témoignages de personnes choquées par la corrida. Pour trouver de telles personnes, un moyen est d’aller devant les arènes d’une grande place taurine (comme Nîmes ou Arles) un jour de corrida et de recueillir les impressions des spectateurs qui sortent avant la fin.
Il s’agit en effet d’une réaction fréquente, il en existe un certain nombre de vidéos enregistrées en sortie d’arènes sur Youtube. C’est une très bonne idée d’aller se poster devant les arènes pour interroger les personnes qui partent avant la fin.
La signalétique, ce serait génial mais il est hautement improbable que le lobby taurin se la laisse imposer (puisqu’ils vont même jusqu’à encourager publiquement sur des radios ou des blogs les enfants de moins de 12 ans à assister aux corridas).
Les personnes sortant des arènes sont encore sous le choc, leur témoignage a de la force, il est empreint de leur émotion encore vive. Un tel film (une compilation de témoignages un peu élaborée, en montant les séquences, intercalant des scènes de corridas, ajoutant des explications et revendications) pourrait servir aussi bien à réclamer une signalétique anti-violence, qu’à appuyer la classique revendication de restriction d’accès au mineurs.
Effectivement, une signalétique anti-violence aurait peu de chances d’être acceptée. Mais il y aurait quand même des avantages à la réclamer officiellement :
– donner de quoi parler aux médias
– bien associer l’idée de violence à celle de corrida (actuellement, grâce au concours de politiciens complaisants, les taurins ont fait réaliser une association entre violence et anti-corrida)
– rappeler aux personnes hésitantes qu’elles ne doivent par se laisser entraîner à aller voir une corrida « par curiosité »
– intéresser au problème des corridas des associations, intellectuels et politiques situés au-delà du cercle des défenseurs des animaux
Ce dernier point n’est pas facile, il est déjà tenté avec la question de la protection des enfants, avec les résultats que l’on sait.
Pour générer l’attention, un film sur les personnes traumatisées serait certainement utile. Un porte-drapeau serait sans doute utile aussi : une personne choquée par la corrida (par exemple une mère de famille) montant au créneau. J’ai été entraînée à une corrida, je le regrette amèrement, j’ai été choquée, mes enfants aussi, ils sont désormais perturbés, je demande réparation, je demande officiellement que le public soit averti avant d’aller voir une chose pareille. Avec lettre-ouverte aux politiques, interviews dans les médias, interpellation d’intellectuels et d’associations. Si la personne est active et charismatique, elle peut faire parler d’elle.
En complément à mon commentaire précédent, je pense que le film pourrait intercaler à la fois des témoignages (si possibles recueillis à chaud), des images de corridas (pour montrer concrètement ce qui est relaté dans les témoignages), et aussi des analyses des témoignages par des psys (qui en tireraient les conclusions logiques : il faut restreindre l’accès des corridas par les mineurs et avertir le public du caractère violent du spectacle). Actuellement, un certain nombre de psys anticorrida sont actifs par le biais de conférences. Leur point de vue serait davantage connu du grand public et des politiques s’il était inclus à un film court et percutant, dont la diffusion serait promue et médiatisée (comme cela l’avait été pour le film Alinéa 3 qui avait marqué l’histoire de la lutte anticorrida).
Un certain nombre de psys se sont organisés en collectif sous la houlette de Jean-Paul Richier, dont nous parlons souvent sur le blog. C’est ici :
http://www.collectif-protec.fr/