Profitant du beau temps, nous avons fait hier une petite balade, Anti, Enzo et moi, aux abords de Sernhac, une commune gardoise typique qui vaut la visite par elle-même. Mais si nous y allions, c’est parce qu’elle a pour particularité d’avoir des vestiges de l’aqueduc qui alimentait Nîmes en eau il y a deux mille ans. Le tronçon de cet aqueduc le plus fameux est le pont du Gard mais le trajet complet des conduits faisant une cinquantaine de kilomètres, il en a été retrouvé des traces moins monumentales à divers autres endroits.
L’un d’entre eux a été découvert par hasard lors du percement d’une voie ferrée – celle par où passe le TGV qui monte vers Lyon et Paris. En creusant un talus, les ouvriers sont tombés sur deux tunnels parallèles enfouis à plusieurs mètres sous la surface. Peu de guides en parlent, dont notre indispensable « Les chemins d’Emilie », aux parcours souvent très approximatifs, ce qui n’enlève rien au plaisir de la découverte.
Pour voir la suite du trajet de l’eau, il faut traverser le village et s’avancer dans un très joli vallon. Sur le bord, la roche a été percée de deux grands tunnels, longs chacun d’une soixantaine de mètres, par où passaient des conduits désormais disparus. Nous avons juste parcouru le premier d’entre eux. Il présente régulièrement des cheminées qui laissent entrer la lumière du jour et par où les hommes entraient et extrayaient les gravats.
A la sortie, une dame était assise sur de grosses pierres et nous a raconté plein d’histoires autour de ces lieux qu’elle connait depuis qu’elle est enfant. Elle nous a dit qu’elle a longtemps vécu à Sernhac, mais qu’elle réside maintenant à Marseille. C’était une conversation paisible et très agréable, avec en plus la sensation curieuse que la dame nous attendait là, juste pour nous. Probablement une fée qui a ensuite disparu à peine nous étions partis.
Très belle journée à vous
Mystérieux ce parcours de la gigantesque canalisation qui sort de terre à certains endroits. Il faut chercher les morceaux.
Bizarre que ce soit un hasard la découverte car le tracé est connu.
Une dame sortie du temps aussi ; tout est magique.
Pour la découverte, j’ai peut-être mal compris ou alors c’est Emilie qui n’a pas été très claire sur son guide. Mais quoi qu’il en soit, voir ce bout de tunnel bimillénaire surgir à flanc de talus de voie ferrée est assez surréaliste et on ne peut que soupirer sur le grand tronçon qui est parti en gravats là où se trouve désormais la large tranchée des rails…
La dame nous a expliqué que ce lieu précis était l’un de ceux où la pente remontait (au lieu de descendre) et que pour passer ce « col », le diamètre des tunnels avait été réduit afin de faire augmenter la pression de l’eau et passer ainsi « en force » grâce à la poussée de l’eau en amont.
La dame nous a expliqué que ce lieu précis était l’un de ceux où la pente remontait (au lieu de descendre) et que pour passer ce “col”, le diamètre des tunnels avait été réduit afin de faire augmenter la pression de l’eau et passer ainsi “en force” grâce à la poussée de l’eau en amont.
Euh, ça me paraît un peu bizarre. La capacité de l’eau à remonter une pente dépend de son énergie. Or, on ne peut pas faire acquérir de l’énergie à l’eau en réduisant le diamètre d’une canalisation (ou alors, il y a quelque chose qui m’échappe).
La capacité de l’eau à remonter des pentes, le long du parcours, dépend uniquement de la hauteur de l’eau au départ du parcours (avec quelques pertes à cause des frottements).
Attention aussi pour la pression, c’est parfois contre-intuitif, par exemple, si l’on réduit le diamètre d’une canalisation, cela a pour effet d’accélérer l’eau et de réduire sa pression. Lorsqu’un fluide incompressible accélère, sa pression diminue :
http://pilotage.choletais.free.fr/venturi.htm
La loi de Bernoulli nous dit que pression et vitesse varient inversement.
Si la canalisation n’est pas pleine, alors, l’effet d’un convergent va différer selon la vitesse de l’eau à son entrée. Si elle est inférieure à la vitesse des ondes de surface, le niveau va rester constant et la vitesse de l’eau va augmenter. Si elle supérieure, le niveau va augmenter et la vitesse de l’eau va diminuer. Il y a d’excellentes lectures de vulgarisation à ce sujet
http://www.savoir-sans-frontieres.com/JPP/telechargeables/free_downloads.htm#francais
le 2 (si on volait ?) et le 7 (le mur du silence).
Pour la découverte par « hasard », cela ne me surprendrait pas plus que ça, c’est assez fréquent que des choses, mêmes monumentales, sombrent un moment donné dans l’oubli collectif avant de refaire surface. Même les ruines de Pompéi !!!
Il y a un article sur Wiki dédié à ce phénomène : Liste des découvertes et inventions liées au hasard
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_d%C3%A9couvertes_et_inventions_li%C3%A9es_au_hasard
Sur l’aqueduc, j’ai trouvé ceci : « L’aqueduc romain de Nîmes
et le Pont du Gard – Les Techniques de construction romaines.
Fiches de préparation enseignant »
http://maine-sciences.pagesperso-orange.fr/invento/Les%20techniques%20de%20construction%20romaines.pdf
Encore de belles balades en perspective 😉
Un autre texte très intéressant ici : http://acabeaumes.teria.org/AqueducdeNimes.htm
Pour répondre à la question de Kathy, sur la connaissance du tracé, elle semble récente, après le tracé du chemin de fer, ce qui explique les choses :
« Jusqu’aux recherches archéologiques entreprises en 1984, la vision que l’on avait du monument était quelque peu romantique, héritage du XIXe siècle. »
http://www.pourlascience.fr/ewb_pages/a/article-vie-et-mort-de-l-aqueduc-de-nimes-21759.php
Pour la remarque intéressante d’Alberich :
http://www.guichetdusavoir.org/viewtopic.php?t=41311
http://desorchideesetdesorties.20minutes-blogs.fr/archive/2010/11/26/l-aqueduc-romain-de-nimes-defi-et-prouesse-technique.html
On ne parle de montée nulle part on dirait.
Merci Anti pour cette magistrale documentation !
Eh oui ! c’est vrai ; des monuments de grande importance peuvent tomber dans l’oubli.
Et la voie ferrée qui tranche la canalisation romaine ; ça fait réfléchir.
Ne pas confondre aqueduc et drain ; les deux sont côte à côte au Grès ; l’aqueduc descend bien vers Nîmes alors que le drain mitoyen évacuait les eaux de l’étang de Clausonne (dans l’autre sens)