Sur le mode « Questions pour un champion », saurez-vous découvrir qui est cet écrivain engagé ? On ne triche pas, on lit tout !
Je suis le Pornographe, c’est ainsi que ceux qui me détestent me surnomment pour me dénigrer, après avoir lu certains de mes romans les plus connus et mes recueils de nouvelles que les connaisseurs s’arrachent.
Mes nombreuses descriptions de scènes de sexe et en particulier de l’appareil génital des femmes exposé à tous les regards abondent, avec un luxe de détails crus, explicites, torrides. Certaines personnes se scandalisent du peu de mes textes qu’elles ont lus, en disant : « C’est immonde ».
Les personnages que j’invente s’envoient en l’air dans les lieux et les circonstances les plus variés, derrière des arbustes, dans des fourrés, dans des champs ouverts au regard de tous, en plein milieu de friches industrielles, dans des recoins obscurs. Partout, ça copule et ça en redemande jusqu’à l’épuisement.
Dédaignant les campagnes de dénigrement qui se multiplient à mon encontre au prétexte de mes écrits sulfureux, je rédige sans relâche des articles engagés, où je dénonce la barbarie, les injustices, les malversations, les manœuvres haineuses visant à justifier les comportements les plus vils, les mensonges d’une caste sur le déclin qui veut imposer sa détestable tradition culturelle ininterrompue de domination et de mort.
Ce sont ces articles qui me valent la détestation furieuse et impuissante de médiocres dépités. Car ce sont ces articles qui m’ont fait connaître largement comme porte-voix sans entraves d’une cause juste. J’y démonte les mécanismes de l’ignominie qui broie les victimes innocentes de la cruauté des hommes, qu’il s’agisse de minorités subissant le racisme le plus infect ou d’animaux martyrisés.
Je dénonce ainsi inlassablement la corrida, ni un art, ni une culture, mais la torture d’une victime désignée.
Je suis… je suis…
Hein ? Quoi ? Mais non, pas Anna Galore ! Ce n’est pas parce que je raconte une histoire à la première personne que je parle de moi. Il faut suivre, là. Et je n’aurais jamais la prétention de me comparer à un tel géant.
Il s’agit d’Emile Zola, bien sûr.
Si vous faites partie des lectrices et lecteurs assidus de ce blog, vous l’aviez deviné dès le titre de cette note, puisque j’en ai parlé en mars dernier dans un article consacré à l’érotisme dans la littérature française. Car en effet, nombreux sont les grands écrivains, philosophes et poètes qui se sont adonnés à ce genre, de Platon à La Fontaine, de Flaubert à Camus, de Montesquieu à Maupassant, de Colette à Nothomb, sans être pour autant des pervers libidineux ou de dangereuses nymphomanes.
Emile Zola, surnommé le Pornographe par ses contemporains et honni par tous les esprits étroits de son époque pour ses fictions tellement riches de sens, dont ils n’ont voulu retenir avec dégoût – ou envie – que les scènes d’un érotisme débridé.
Emile Zola, le citoyen défenseur de la cause animale et le pourfendeur des injustices, dont le magistral « J’accuse » résonne encore dans toutes les mémoires.
Très belle journée à vous
« toute ressemblance avec des personnes ou des situations réelles ou ayant existé ne saurait être que fortuite. »
😉
N’empêche, il me semble avoir déjà écrit sur ce blog que certains de tes articles me faisaient penser à du Zola.
Quant aux gens que j’accuse, je ne les connais pas, je ne les ai jamais vus, je n’ai contre eux ni rancune ni haine. Ils ne sont pour moi que des entités, des esprits de malfaisance sociale. Et l’acte que j’accomplis ici n’est qu’un moyen révolutionnaire pour hâter l’explosion de la vérité et de la justice.
Je n’ai qu’une passion, celle de la lumière, au nom de l’humanité qui a tant souffert et qui a droit au bonheur. Ma protestation enflammée n’est que le cri de mon âme. Qu’on ose donc me traduire en cour d’assises et que l’enquête ait lieu au grand jour !
Magnifique citation de Zola, qui conclut son « J’accuse ». Merci, Anti.
Tout est dit !