En théorie, les députés et les sénateurs étant des législateurs, ils devraient connaître la loi. En pratique, certains en sont très loin. Le lendemain de la manifestation de Rodilhan, c’est Jean-Paul Fournier, maire de Nîmes et sénateur du Gard, qui a lancé l’idée farfelue de faire dissoudre le CRAC en raison des violences graves qui se sont multipliées lors de cet événement. Le plus ahurissant est que d’autres députés pro-corrida, aussi ignares en droit que lui, aient fait remonter ce doux fantasme d’aficionados jusqu’à Manuel Valls en personne. Qui doit parfois se dire qu’il est vraiment entouré de crétins.
Car, dans cette initiative d’élus de la République qui ressemble surtout à du vent pour attirer un peu l’attention des médias à l’approche des municipales, rien ne tient debout.
Le fait que ces violences soient venues uniquement des forces de l’ordre, qu’aucun aficionado n’ait subi le moindre contact physique et que les victimes aient toutes été du côté des manifestants leur semble parfaitement secondaire. Sauf à considérer que nous nous sommes rendus coupables d’être des gazés multirécidivistes. Ou qu’il était illégal de tenter d’arrêter avec sa jambe une grenade déflagrante lancée par un CRS. Ou que se faire tirer dessus à bout portant par des flash balls constitue une infraction grave. Ou encore que le son des slogans que nous scandions a pénétré à l’intérieur du périmètre interdit.
Mais si cela représentait de vrais arguments, il y a déjà longtemps que la plupart des syndicats auraient été dissouts, un grand nombre de leurs manifestations ayant été infiniment plus violentes. Car, en France, la Constitution garantit la liberté d’opinion et celle de manifester dès lors que la manifestation a été dûment déclarée, ce qui a été fait en temps et heure. La seule contestation de la municipalité de Rodilhan a porté sur la définition d’une zone interdite dans un certain périmètre autour des arènes.
La manifestation officielle conduite par Jean-Pierre Garrigues, président du CRAC, a soigneusement respecté l’arrêté municipal. Il est vrai que certaines personnes parmi les manifestants ont tenté de pénétrer à l’intérieur de ce périmètre (sans y parvenir) mais cela ne peut en aucun cas engager la responsabilité du CRAC. Le cas échéant, ces personnes pourraient être l’objet de poursuites à titre individuel. Mais l’association, certainement pas.
En revanche, de nombreux manifestants blessés par les forces de l’ordre alors qu’ils se trouvaient en zone autorisée ont, eux, porté plainte pour violences injustifiées. Doit-on craindre que cela conduise à la dissolution des CRS ? Fournier ne va pas manquer de le demander.
Venons-en à la question de fond : sur quels critères une organisation peut-elle être dissoute ? La loi est parfaitement claire à ce sujet. Il n’existe que deux possibilités :
1 – La dissolution judiciaire
Elle est demandée par les pouvoirs publics ou à la requête de toute personne y ayant un intérêt légitime si l’un des cas suivants est avéré :
- objet illicite,
- association créée ou détournée de son objet pour commettre des infractions graves,
- dérives sectaires,
- conflit sérieux et permanent entre les membres de l’association, rendant impossible le maintien du lien associatif et la poursuite des activités.
Aucun de ces cas ne s’applique au CRAC, dont l’objet est licite, dont les actions sont conformes à cet objet, dont le fonctionnement n’a rien à voir avec celui d’une secte et dont la cohérence nous attire chaque jour plus d’adhésions.
2 – La dissolution administrative
La décision de dissolution est prise soit par le gouvernement, soit par le préfet si l’organisation visée est dans l’un des trois cas suivants :
- association de supporters sportifs violents,
- groupe de combat ou milice privée,
- groupement terroriste.
Là encore, on voit mal comment le CRAC, totalement pacifiste dans toutes ses actions, pourrait tomber dans l’une ou l’autre de ces catégories. Mais on comprend mieux pourquoi les têtes pensantes des aficionados nous traitent de hooligans : afin de nous faire rentrer dans la catégorie « supporters sportifs violents ». Sauf que la corrida n’est pas un sport, ni pour les procorrida (ils disent que c’est un art), ni pour les anti (ils disent ce que dit la loi, à savoir qu’il s’agit de sévices graves et actes de cruauté sur des animaux).
Par contre, cela pourrait bien se retourner contre les clubs taurins dont les membres identifiés par vidéo ont tabassé et sexuellement agressé pendant plusieurs dizaines de minutes des militantes et militants anti-corrida enchaînés et assis sur le sable des arènes de Rodilhan en 2011. Leur procès doit se tenir début 2014. C’est peut-être cela qui rend les élus aficionados si nerveux, au point de tenter désespérément toutes les diversions possibles pour nous décrédibiliser.
Tiens, au fait, Fournier, il était où le 8 octobre 2011 pendant que les militants se faisaient massacrer par des spectateurs déchaînés ? A la tribune, en train de se marrer du spectacle à côté de son copain Reder, le maire de Rodilhan. C’est dire s’il est bien placé pour appuyer sa demande absurde de dissolution du CRAC par cette noble déclaration : « Non, l’agression de citoyens par d’autres citoyens n’a pas sa place en démocratie« .
On ne le lui fait pas dire.
Le monde de la tauromachie est aux abois. Ils ne savent plus quoi inventer pour tenter de détourner l’attention de l’essentiel : l’hyperviolence des amateurs de torture codifiée, dans les arènes et aussi en-dehors à l’occasion! Bravo pour cette superbe mise au point. Comme à chaque fois, le monde de la barbarie, c’est du vent. Un vent mauvais qu’il faut abolir au plus vite!
JP Garrigues
CRAC
Merci pour ce commentaire, Jean-Pierre !
Cet article a été transféré à plus de 15000 personnes depuis ce matin sur Twitter grâce au relais de plusieurs « gros » abonnés à mon compte, dont MUPRA (asso mexicaine de protection animale), la FBB, le CRAC Europe et quelques autres personnes très suivies.
Il faut y ajouter la diffusion par Facebook qui semble extrêmement forte si j’en juge par le nombre d’internautes qui en viennent sans discontinuer depuis que le CRAC Europe l’a repris sur sa page officielle dès 7 h ce matin.
Merci à tous pour votre intérêt et votre soutien pour le CRAC !
Bof, leur rhétorique merdique trahit leur panique. Le Crac a pris, ces derniers mois, une dimension telle que le danger leur saute à la gueule. Un pas a été franchi dans la détermination et la mobilisation depuis Rodhilan. Les réactions hystériques de ceux d’en face sont encourageantes .
Bonjour
Le CRAC Europe n’est plus une petite asso de quartier, le temps où elle s’appelait Réformiste et non Radicalement est loin. Le CRAC est devenu la seule association en France à lutter contre la torture. Elle doit continuer, plus rien ne peut l’arrêter. Elle sera bientôt l’asso leader en Europe dans la lute anti corrida (si cela n’est pas déjà fait). L’abolition ne peut se faire qu’avec le CRAC Europe.
Corrida basta
ON LACHE RIEN
Abolition
Superbe travail Anna Galore ! Merci d ‘éclairer nos lanternes et mettre en lumière toutes les anomalies juridiques et/ou administratives. Bravo. Merci à Jean-Pierre pour sa pertinence, lucidité et logique. A bientôt.
Merci, Anna Galore.
Le respect des citoyens pour leurs élus est au plus bas en France et ces petits hommes comme Fournier et Reder deviennent de plus en plus ridicules. L’année prochaine, que feront-ils quand nous arriverons en masse ? Un périmètre de 800 mètres? Des barricades sur l’A8 ? Une armée de 500 CRS pour protéger une petite arène de honte dans un des plus laids villages de France ?
C’est aux Rodilhanais et Nîmois de virer ce genre de personnes, qui ne font strictement rien pour améliorer la vie de leurs électeurs.
« Hit the road, Jack! Don’t you come back no more. »
Thanks a lot for this comment, Carole !
Bonjour,
Le monde de la tauromachie se fissure de partout, car bâtir sur du sable, celui des arènes, c’est loin d’être solide. Le CRAC a lui des fondations en béton. Car nous sommes de plus en plus nombreux, soudés contre cette ignoble corrida et bien déterminés à ne pas lâcher.
Corrida basta !!!!
Bonne journée à vous tous.
Victoria, fière d’être membre du CRAC.
Bravo !
« en raison des rares violences… » …émanant des pro-tortures et de ceux qui les protègent.
Conclusion: dissolution des asso et clubs qui organisent les corridas… et le monde sera un peu moins pire.
Dans la série, il faut connaître ceux qui nous dirigent, voici un témoignage fort instructif:
http://www.youtube.com/watch?v=7jLCpyVn1Ow
fournier, bourquin, valls,… sans majuscules
Le CRAC Europe dérange les tortionaires d’animaux,
Les aficionados veulent sa peau, soyons solidaire avec le CRAC.
Le CRAC Europe doit vivre aussi longtemps que la corrida ne sera pas interdite en France et dans le monde entier.
Publié sur Google avec lien de l’article
https://plus.google.com/u/0/108350437540202671325/posts
tous les internautes doivent prendre connaissance des agissements
honteux des aficionados, et se regrouper sous l’étendard du CRAC pour le soutenir.
Comme toujours Super Article Anna Galore
Merci, Gualivo.
Vraiment MERCI pour cet article.
C’est qui les idiots on se le demande bien ?
Un chose est certaine les idiots ne sont pas dans le camp des anti-corrida ! Ça non ! De notre côté, que des gens intelligents qui plus est ont du cœur, je les remercie de se décarcasser à ce point pour pointer de doigt ces INSOUTENABLES BARBARIES.
BASTA CORRIDA !