J’ai lu le dernier Dan Brown, Inferno, une amie qui me l’ayant prêté. On y retrouve tous les ingrédients classiques de cet auteur, à savoir un grand jeu de piste culturel – voire érudit – menant le héros dans une course contre la montre jusqu’au grand final. Et tout le problème de ce livre est là : l’intrigue se résume à une recette déjà trop utilisée à l’identique dans ses trois romans précédents (Anges et Démons, Da Vinci Code et Le symbole perdu). Du coup, ça lasse.
Loin de moi l’idée de dire que Dan Brown est un mauvais écrivain, il excelle à maintenir un suspense croissant au fil des pages. Ce n’est par hasard s’il a vendu 200 millions d’exemplaires de ses livres. Malheureusement, Inferno – tout comme Le symbole perdu et Anges et Démons, à mon humble avis – réalise l’exploit paradoxal d’être un très bon thriller bâti sur une histoire en toc et pas mal d’invraisemblances. Le résultat est qu’au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, on se sent à la fois happé par l’action et énervé de son inanité.
La toile de fond de Inferno est L’enfer de Dante Alighieri, l’un des trois volets de son poème épique Comedia (plus connu sous le nom de La divine comédie, mais ce titre célébrissime a été créé de toutes pièces deux siècles après sa mort), et les trésors artistiques de Florence, Venise ainsi qu’une autre ville que je ne vous dévoile pas parce qu’elle fait partie du mystère.
Un généticien génial, effaré de voir la courbe de l’augmentation de la population humaine sur Terre, décide de créer une pandémie qui en réduira le nombre de façon brutale sinon ce sera le chaos généralisé. Il pose la question en ces termes : si vous avez la possibilité de tuer au hasard la moitié des humains en appuyant sur un bouton, vous ne le ferez pas à moins d’être un fou furieux, mais si on vous dit qu’en ne le faisant pas, cela tuera la totalité de l’espèce humaine, appuierez-vous sur le bouton ?
C’est là où beaucoup de choses deviennent stupides dans l’intrigue.
Pour commencer, allez savoir pourquoi, le généticien décide de laisser un jeu de piste conduisant jusqu’au virus qu’il a créé avant que ce dernier ne soit lâché dans l’atmosphère. Pourquoi ce type présenté comme un génie a-t-il une idée aussi débile ? S’il avait voulu être sûr de réussir, il lui aurait suffi de le larguer dans la nature sans prévenir personne, non ?
Ensuite, on découvre que l’Organisation mondiale de la Santé est en fait une sorte de superpuissance dotée de sa propre armée hyper entraînée qui contrôle tous les Etats et de spécialistes du cyber-espionnage dignes de la NSA. C’est un défaut récurrent particulièrement risible de Dan Brown.
Dans Anges et Démons, il divisait déjà le monde entre ceux qui croient en Dieu représentés par le Vatican (les six milliards de personnes non-catholiques n’ont vraisemblablement aucune importance à ses yeux) et ceux qui sont athées représentés par… le CERN, un centre de recherche nucléaire européen qui travaille sur les constituants de la matière – et qui donc, aux yeux de Dan Brown, essaie de démontrer que Dieu n’existe pas (pour son information, des tas de physiciens du CERN sont croyants, voire même catholiques, comme n »importe qui sur Terre). Et dans Le symbole perdu, il transformait la franc-maçonnerie en une puissance occulte tentaculaire qui dépasse les délires des plus paranoïaques des conspirationnistes.
Franchement, ça casse la vraisemblance, ce genre d’élucubration que rien ne vient ni ne peut étayer. Il va nous faire quoi, dans son prochain roman ? La lutte titanesque des milices secrètes surarmées du CNRS contre les organisateurs occultes des Journées Mondiales de la Jeunesse ?
En fait, en dehors de Da Vinci Code et de Deception Point (son second roman, excellent), les livres de Dan Brown m’ont tous paru décevants à un niveau ou un autre (je les ai tous lus, ayant commencé à acheter ses livres bien avant qu’il ne devienne célèbre).
Pour conclure, si vous avez envie de découvrir les richesses touristiques de Florence comme jamais le Guide du Routard ne vous en parlera, achetez Inferno. Sinon, vous pouvez vous en passer. Et si vous cherchez de bons thrillers, lisez plutôt ceux de Jean-Christophe Grangé, ils sont mille fois mieux.
Très belle journée à vous
Photo de Florence : locandadifirenze.com