C’est un 12 septembre qu’est né Stanislas Lem, en 1921 dans une petite ville polonaise devenue par la suite ukrainienne. Il est l’un des premiers auteurs de science-fiction que j’aie lus lorsque j’étais ado. Le tout premier était Ivan Efremov, avec son roman La nébuleuse d’Andromède. Je l’avais prêté à ma mère après l’avoir dévoré et, une chose en entraînant une autre, elle se passionna pour ce genre littéraire et passa quelques années plus tard une thèse sur la science-fiction soviétique (plus jeune, elle avait appris à parler couramment le russe).
Mais revenons à Stanislas Lem. Son chef d’oeuvre s’intitule Solaris. J’ai adoré ce conte étrange et fascinant.
Dans un lointain futur, trois astronautes à bord d’un vaisseau spatial observent la planète Solaris. Elle tourne autour de deux soleils et elle est formée d’un gigantesque océan qui recouvre toute sa surface et qui a des propriétés mystérieuses.
Après des années et des années d’observation, les Terriens qui étudient ce monde étrange sont arrivés à l’intuition qu’il s’agit d’un immense organisme vivant doté d’intelligence, sans jamais parvenir à le démontrer. Comment communique-t-on avec une forme de vie aussi différente en tout de créatures humaines ?
Le professeur Kelvin arrive dans la station pour répondre à l’appel de l’un de ses trois occupants qui, à son arrivée, est mort, suicidé. Les deux autres semblent sérieusement perturbés. C’est alors que Kelvin, après quelques heures de sommeil, se réveille et voit sa femme qui lui parle alors qu’elle est morte dix ans plus tôt. Ce qu’elle lui dit est la continuation de la vie qu’elle a vraiment vécue avec lui.
Il comprend assez vite que cette hallucination est tirée directement de son cerveau et que ce qui la provoque, c’est Solaris, qui génère également des simulacres comparables dans les cerveaux des deux survivants de la station. Vont-ils céder aux mirages qui leur donneraient une illusion de bonheur éternel en magnifiant ces êtres adorés qu’ils ont perdus mais qui semblent à nouveau là avec eux ?
Pourquoi l’océan fait-il une chose pareille ? Est-ce une tentative de communication ? Est-ce un jeu ? Veut-il rendre les humains fous pour s’en débarrasser ? La leçon qu’il donne, quoi qu’il en soit, est qu’il est présomptueux, voire même désastreux, de vouloir connaître une autre forme de vie quand on ne se connait pas soi-même.
Solaris a été traduit en quarante langues différentes et adapté deux fois à l’écran – aucune de ces versions n’arrive à recréer l’ambiance envoûtante du livre, malgré les efforts louables de George Clooney dans la seconde. Stanislas Lem a également rassemblé sous le titre de Bibliothèque du XXIe siècle des textes écrits bien avant la fin du XXe qui étaient des critiques de livres n’ayant jamais existé. Il est mort en 2006 à Cracovie.
Ou alors, peut-être vit-il quelque part pour l’éternité, débarrassé de son corps, à la surface de Solaris. Dans ce cas, je lui souhaite un joyeux 92e anniversaire.
Très belle journée à vous