En septembre 2011, je vous racontais ici l’admirable épopée de Vandana Shiva, cette ex-physicienne brillante reconvertie dans la lutte pour la biodiversité et le maintien de l’utilisation des graines traditionnelles dans son pays, l’Inde. En ce moment, elle doit se réjouir : un État de l’ouest de son pays, le Maharastra, vient d’interdire à Monsanto de continuer à vendre des graines de son coton OGM.
Cette victoire pourrait s’élargir encore, en encourageant le gouvernement indien à bannir Monsanto de la totalité de son territoire. Curieusement, presque aucun média n’en a parlé, à l’exception notable de France 24.
Le géant américain opère en Inde au travers d’une filiale nommée Mahyco. Dans le Maharastra, plus de 90% des cotonniers utilisaient jusque-là des semences génétiquement modifiées. L’une des caractéristiques machiavéliques de ces semences est qu’il faut en racheter chaque année, car elles ont été rendues volontairement inaptes à être resemées.
Et c’est là que le ministère de l’Agriculture a fini par mettre le holà. Il a fait un lien direct entre la stérilité volontaire des graines et la multiplication affolante de suicides chez les paysans depuis des années. Acculés de dettes, incapables de se refournir en semences faute d’argent et donc incapables de nourrir leurs famille, ils ont été plus de 10 000 à se donner la mort, généralement en avalant les pesticides vendus par le même Monsanto.
Certes, les graines OGM ont permis d’augmenter les rendements mais, comme prévu depuis longtemps par les écologistes, les parasites ont développé des résistances, ce qui a requis de nouveaux pesticides encore plus nocifs. De plus, le dérèglement climatique ayant provoqué dans cette partie du monde de graves sécheresses, le coton OGM n’a pas résisté faute d’irrigation suffisante dont il est particulièrement avide.
L’Inde est le second producteur mondial de coton après la Chine. Espérons qu’elle prouvera bientôt qu’elle peut le rester, sans avoir à pousser ses paysans au désespoir, c’est-à-dire en virant définitivement Monsanto de son territoire.
Illustrations : site web Mahyco et l’une des honteuses publicités faites par Mahyco
« Le géant américain opère en Inde au travers d’une filiale nommée Mahyco ».
ça c’est l’art cameléon!
Je souhaite vivement à l’Inde de rester vigilante.
Je suis beaucoup plus inquiète pour nous autres, les petits suisses, suite aux accords de libre-échange entre la Suisse et la Chine. Un véritable marché de dupe où nous allons finir par retrouver toutes leurs saloperies de pesticides et autres dans nos assiettes, nos vêtements et nos médocs.
Perso, j’ai fait le choix de ne plus acheter que chez les petits producteurs locaux.
Une sage décision !
C’est une excellente nouvelle qui réjouit beaucoup de monde sur le web à ce que j’ai pu lire à droite, à gauche. Enfin une réaction saine face à cette multinationale qui est, pour moi, digne de la cour pénale internationale de La Haye !