Nous avons tous eu – ou aurons – besoin d’un petit coup de main de nos amis dans des moments futiles ou graves. Des coups de mains qui, parfois, peuvent même venir de parfaits inconnus – Anti parlait hier de la merveilleuse initiative d’Hugo pour venir en aide à Coco. Et puis, quand on a de vrais amis, bien sûr que l’on s’intéresse à eux autant qu’ils s’intéressent à nous, que ce soit pour déplacer un piano, redonner le moral, venir faire un petit bricolage pour aider ou être simplement présent quand tout le reste semble s’écrouler (ça sent le vécu ? ça l’est).
Vous connaissez sûrement cette chanson guillerette des Beatles, intitulée justement With a little help from my friends (avec un petit coup de main de mes amis). C’est celle qui s’enchaîne directementà la suite du morceau éponyme de l’album Sergeant Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Composée en 1967 par Lennon et MacCartney, c’est la seule de ce disque à être chantée par Ringo Starr. Il joue le rôle d’un type qui demande à ses amis ce qu’ils feraient s’il se trouvait dans telle ou telle situation.
La seule modification demandée par Ringo a été de changer le premier vers. Dans la version initiale, c’était : « Que feriez-vous si je chantais faux ? Me jetteriez-vous des tomates mûres ? » Ringo fit remarquer que cela aurait pu dégénérer sur scène, avec des fans leur lançant vraiment des tomates. Il faut dire qu’on était en pleine Beatlemania et que les scènes d’hystérie les plus hallucinantes leur étaient déjà arrivées. A la place, cela devint : « Que feriez-vous si je chantais faux ? Vous lèveriez-vous en me laissant là ? »
Le style de la chanson est léger, détendu, c’est quasiment une chansonnette (au détail près que c’est une merveille de composition comme tous les morceaux des Beatles ou presque).
La plus célèbre reprise de ce morceau a été celle de Joe Cocker, deux ans plus tard, lors du festival de Woodstock. Je dois faire partie des centaines de milliers de personnes qui ont cru, à l’époque, qu’il s’agissait d’une chanson de lui et n’ai découvert l’original par les Beatles (je ne les écoutais pas à l’époque) que beaucoup plus tard… avec grande stupéfaction.
En effet, Cocker en a fait totalement autre chose : un cri de désespoir, un appel à l’aide venant de quelqu’un qui semble au fond du trou, une interprétation déchirante d’émotion, d’une puissance incroyable. C’est d’ailleurs ce qui va rendre aussitôt Joe Cocker mondialement connu. Je ne sais pas s’il existe un seul autre chanteur qui puisse se vanter d’avoir surpassé les Beatles en reprenant une de leurs chansons. Joe Cocker l’a incontestablement fait.
Au passage, il a aussi inventé ce qu’on appelle aujourd’hui le Air Guitar – le fait de faire semblant de jouer d’une guitare imaginaire en même temps qu’il chantait. Une pantomime qui va avoir, elle aussi, un succès planétaire puisqu’il existe même de nos jours des compétitions internationales de ce type d’expression artistique plutôt improbable.