Il y a trois semaines, je vous ai raconté comment des gamins du quartier de Mas de Mingue ont fait déguerpir les aficionados panicos qui tentaient de venir les embrigader. Inutile de dire qu’ils étaient plutôt énervés après nous. L’un d’entre eux nous avait même promis, si jamais nous revenions pour perturber leur prochaine séance, de nous attendre avec plusieurs de ses copains pour nous faire « repartir à quatre pattes » (je cite) tellement ils nous cogneraient dessus.
La séance en question était prévue hier, dans le quartier de Valdegour, une ZUP que je connais bien puisque j’habite juste à côté et que nous y avons plein de copains. Aussi, lorsque Nathalie m’a passé un coup de fil vendredi pour me donner le lieu exact – le stade des Amandiers – je lui ai fait part de ma perplexité : ce lieu est absolument désert en permanence ou presque.
L’unique moment de la semaine où il y a du monde le long de l’avenue qui le longe, c’est le vendredi quand les fidèles se rendent à la mosquée située juste en face. Mais ils ne sont pas là pour aller au stade et, de toute façon, sont anti-corrida. Alors, décider de venir à cet endroit pour attirer l’attention des habitants du quartier, surtout un samedi matin, n’a simplement aucun sens.
Après nous être concertés à quelques-uns, nous avons décidé qu’il était inutile de demander aux militants de se déplacer et que seuls deux d’entre nous (dont moi) iraient y faire un tour pour prendre quelques photos.
Avant d’aller plus loin, il est utile de rappeler un trait de caractère profondément ancré chez les aficionados : eux qui n’ont que le mot bravoure à la bouche, ce sont tous des lâches.
Déjà, à la base, le spectacle dont ils se régalent consiste à torturer à mort des taureaux à six contre un. Six surentrainés contre un qui ne comprend rien à ce qui lui arrive, soulignons-le. Certes, ils vont vous dire que c’est un face-à-face homérique entre le Matador et le Fauve (car pour eux, un herbivore est un fauve) mais c’est faux : avant d’arriver à cette étape finale, le pauvre taureau a été « préparé » dans le toril puis s’est fait transpercé à de multiples reprises par des banderilles et des piques qui provoquent une hémorragie massive, ce qui fait qu’il est en état d’épuisement et de désespoir extrêmes au moment où le pantin en collants roses s’apprête à lui enfoncer son épée entre les omoplates, avant que le croque-mort qui attend au bord de l’arène ne l’achève à coups de poignards répétés dans le cervelet.
Ce n’est pas tout. Les aficionados aimant le spectacle du sang et la violence, ils rêvent d’en découdre avec les anti-corrida qui les empêchent de torturer en rond. Là encore, leur lâcheté viscérale fait qu’ils ne passent à l’acte qu’en cas de supériorité numérique écrasante.
Par exemple, lorsque nous étions une trentaine allongés par terre, en grande majorité des filles, en septembre 2011 près des arènes de Nîmes, ils sont sortis à plusieurs centaines pour nous lyncher et nous n’en avons réchappé que grâce aux CRS qui nous protégeaient. Là, c’était du trente contre un, qui dit mieux ?
Quelques semaines plus tard avait lieu le lynchage de 80 militants dans l’arène de Rodilhan – facile, ces derniers étaient enchaînés et la présence policière était inexistante, sans parler de l’attitude des deux maires présents qui était ostensiblement complaisante. Il n’y avait donc aucun risque pour les aficionados à cogner les manifestants et, tant qu’à y être, à tripoter les femmes. Aucun risque à part d’être filmés et de se retrouver bientôt condamnés, mais ça ils n’y avaient pas pensé, sur le coup.
Par ailleurs, on ne compte plus les déclarations fracassantes d’aficionados aux journaux, qui clament haut et fort que si nous venions manifester quelque part, ils seraient là, en masse face à nous, pour nous repousser. On ne les a jamais vus. Pas une fois.
Et pour terminer leur portrait, je vais vous dire un secret : de même que les vampires craignent le soleil, les aficionados sont terrorisés par l’eau. Dès qu’il y a trois gouttes de pluie qui tombent, ils disparaissent.
Hier, il pleuvait. Pas le déluge, hein, rien d’impressionnant. Juste une petite pluie fine. Résultat : ils ne sont pas venus. Ni les embrigadeurs de gamins, ni même les gros bras qui soi-disant nous attendraient pour nous briser les os. Absolument personne.
On a pourtant fouillé partout. Sur le stade, nada, c’était le désert comme d’habitude. Dans les vestiaires à cause de la pluie, alors ? Personne non plus. Derrière les vestiaires ? Juste une poubelle. Je n’ai pas vérifié s’ils étaient planqués dedans.
Comme on dit dans le sud : grand disou, petit faisou.
Reste une question de fond. Pourquoi choisissent-ils à chaque fois (c’est la troisième sur trois) un lieu désert pour faire leurs pitreries ? Normalement, s’ils voulaient recruter, ils devraient choisir des lieux très fréquentés, non ? Surtout que, de plus, les horaires qu’ils annoncent sur leur site sont faux et il faut appeler la mairie pour avoir les vrais.
Bref, ils font tout pour maximiser les chances que personne ne vienne les voir (à part nous). Pourquoi ?
Serait-ce du billard à trois bandes, dans le genre une subvention qu’ils ne touchent que s’ils réalisent leur programme d’animations à la lettre ? Cela expliquerait qu’ils tiennent leurs séances dans un quasi secret pour que personne ne vienne les embêter.
Pour en savoir plus, vendredi, j’ai appelé le service concerné à la mairie et j’ai demandé s’ils bénéficiaient de subventions de la municipalité. On m’a dit qu’en 2012 ils n’avaient rien eu et que pour 2013, le conseil municipal n’avait pas encore décidé des subventions de l’année. Alors, peut-être est-ce justement pour monter un joli dossier de subvention que ces bienfaiteurs des quartiers pauvres agissent ainsi ? Après tout, ils ont le soutien déclaré de la mairie qui voit leurs activités avec grande sympathie.
Une chose est sûre : si leur vrai but était de recruter, ils feraient savoir largement où ils comptent venir et quand. Ce qui n’est pas le cas. Ils ne sont quand même pas idiots, si ? Attendez, ne répondez pas trop vite à cette dernière question. Qui sait, peut-être qu’un jour on aura le fin mot de cette étrange histoire…
Photos d’Anna Galore sauf celle du taureau agonisant, de Jérôme Lescure – CRAC Europe
Si ces quartiers sont reconnus ZEP ( Zone d’Education Prioritaire), ZUS (Zone Urbaine Sensible) , s’ils entrent dans un programme de CUCS ( Contrats Urbains de Cohésion Sociale), alors, ceux qui viennent y faire des actions auprès des habitants (et principalement sur les jeunes) peuvent bénéficier de subventions venant de la Mairie, du Conseil Général, de l’Etat, et de la Région..Ca peut avoisiner des sommes assez conséquentes selon leur descriptif d’actions et de budget prévisionnel (achat de matériels rémunération du personnel d’animation…Et , nous n’ ignorons plus que certaines mairies couvrent des dossiers sans vraiment vérifier sur le terrain ce qui s’y passe vraiment . Elles valident (car il ne faut pas oublier que ce sont elles qui valident, présentent et défendent les dossiers auprès des autres institutions sollicitées ..Je connais particulièrement le sujet, et il ne m’étonnerait pas qu’il y ait un plan de ce genre si ces quartiers entrent dans ces dispositifs ……. Vérifications à faire en Mairie (service des subventions octroyés dans ces cadres là) et auprès des autres institutions…. Si c’est avéré, c’est un scandale supplémentaire , car non seulement ils prendraient des subventions (y compris de l’Etat cette fois) pour entretenir leur soif de torturer, mais aussi pour des actions qu’ils ne réalisent pas (fictives) …..
ne dit on pas < Le chien qui aboie le plus, face au Danger, recule à la niche >
@bernard : merci pour cette analyse et ces compléments d’information très intéressants !