Samedi après-midi, nous avons décidé de supprimer de notre alimentation tout produit ayant causé la mort d’un animal. Nous rejoignons ainsi la communauté des végétariens, dont il se trouve que nous avions déjà fait partie il y a un certain nombre d’années dans d’autres circonstances de nos vies respectives.
Ce choix est éthique. Notre engagement dans la protection animale s’est intensifié au cours de ces derniers mois et nous a fait côtoyer de près des meneurs et des militants de cette cause. Nous avons eu avec certains d’entre eux des échanges enrichissants, profonds et souvent émouvants. Un proche, dont je vous reparlerai bientôt, m’a dit un jour : « On ne mange pas un ami ».
Nous avons poussé plus loin que nous ne l’avions fait jusqu’alors notre réflexion sur le sujet, au point de considérer tout simplement anormal de continuer à nous nourrir de chair animale. Je ne dis pas « horrible », je ne dis pas « insupportable », je dis « anormal ». Les autres qualificatifs en découlent.
Nous n’oublions pas soudain que la plupart des humains sont omnivores – ils le sont depuis au moins cent mille ans. Depuis leur apparition sur Terre, ils ont évolué à la fois vers le meilleur et le pire. L’Homme se voit comme le sommet de la création et, par bien des aspects, il l’est. Il trahit son destin et sa responsabilité de dominant suprême à chaque fois qu’il agit pour le pire – meurtres, guerres, génocides, mais aussi crimes écologiques et exploitation inhumaine des autres espèces vivantes. Il est digne de ce qu’il est à chaque fois qu’il progresse pour le mieux – en allant vers plus d’égalité, en rejetant la violence, en comprenant mieux l’interdépendance entre toutes les formes de vie, en améliorant ses conditions d’existence grâce aux progrès de la science et de la pensée.
De toutes les espèces vivantes, il appartient à la seule qui peut adapter sa façon d’agir à sa perception de plus en plus aigüe du monde, selon des critères non pas uniquement de survie ou de bien-être, mais d’éthique. Un félin, un requin, un loup resteront toujours des prédateurs carnivores. Un humain n’a aucune obligation de l’être. Il ne l’est que s’il le veut.
Notre évolution personnelle a été progressive. Nous avions depuis longtemps favorisé les produits bio et diminué notre consommation en viande pour limiter en quelque sorte les dégâts, mais il nous était devenu de plus en plus incohérent de conserver nos habitudes alimentaires pour la seule raison qu’il s’agissait d’habitudes.
Philosophiquement, humainement, comment accepter que nous détruisions des vies, dans toute leur grâce et leur beauté, par simple paresse, parce que c’est facile ?
En franchissant ce pas, loin de nous l’intention de vouloir culpabiliser ceux qui ne le franchissent pas. Il appartient à chacun d’aller vers le meilleur en fonction de ses convictions et de ses possibilités.
Il s’agit de notre choix et il nous plaît de l’avoir fait. Il ne s’agit pas d’une contrainte que nous nous imposons mais d’une liberté que nous nous donnons.
Les satisfactions que nous en retirons sont multiples. La plus évidente, la plus importante est que nous nous sentons en cohérence avec nos idées. Mais ce n’est pas la seule. Nous allons diminuer notre empreinte écologique, la nourriture végétarienne étant moins nocive à l’environnement que l’élevage, qu’il soit bio ou pas. Nous allons dépenser moins pour nous nourrir, c’est une agréable conséquence. Nous allons redoubler d’imagination culinaire pour découvrir de nouvelles recettes. Nous allons enchanter nos palais avec de nouveaux goûts.
Tiens, hier à midi, nous avons mangé deux tranches de seitan – préparation chinoise multimillénaire strictement végétale, riche en protéines et au goût succulent – que j’ai accompagnées d’un mélange de carottes émincées, courgette en tranches et échalotes, le tout revenu à feu moyen sur un lit d’huile d’olive et de curry tandoori. Ensuite, une salade composée de fenouil, pousses de soja et mélange de graines (amandes, noisettes, raisin sec) et en dessert, des gâteaux marocains, des dattes farcies à la patte d’amande et des clémentines. Ça vous laisse froid ? Essayez d’abord, on en reparlera ensuite. Vous salivez ? Vous pouvez, c’était à se rouler par terre.
Et en plus, à la fin du repas, on ne se sentait pas seulement le ventre plein. On se sentait… bien. A tous les sens du terme. En harmonie avec le monde des vivants.
Très belle journée à vous
Photos prises (1) en Camargue, (2) à Mayotte, (3) chez nous.
C’est une bien bonne nouvelle ça. Mais cela veut dire plus de barbec… Et les enfants, ils vont manger comme vous ?
Je suis ravie de votre décision 🙂
les barbec de légumes sont très prisés et il suffit de faire goûter aux gourmands de saucisses ou côtelettes pour les voir se jeter sur les brochettes de légumes marinées et …. plus rien pour les pauvres végétariens 😉 sauf pour les prévoyants qui en font toujours plus !
Sylvia ? Pour les barbecs, Laure a donné la réponse 🙂 et puis rien ne vous empêchera de manger de la viande pendant que nous, on mangera végétarien, on n’a pas déclaré la guerre 🙂
Aucun problème pour les enfants, ils continuent à manger comme avant, notre décision ne concerne que nous deux. Cela dit, ils commencent à regarder avec curiosité les spécialités végétariennes qu’on a achetées…
Mais cela veut dire plus de barbec… Et les enfants, ils vont manger comme vous ?
Mdrrrr ! C’est exactement ce que j’ai dit à Anna ce soir qui préparait le repas : Syl & Jérémy vont flipper sur le barbec 😉 Mais Laure et Anna ont donné la réponse alors voilà, il y aura encore et toujours des barbecs !
Adieu la côte de boeuf sur le BBQ accompagné de son Saint Emilion grand crû!
Perso, je vous approuve mais j’en connais un qui n’adhérera jamais à l’idée. Quand je lui prépare des galettes aux graines, il me dit que c’est bon pour les zoziaux!
M’enfin…..
Mdrrr Valentine ! Hervé se fera la côte de boeuf avec Anghbor et nous on se tapera le Saint Emilion 😉 Hips ! En parlant de ça, on se rapproche de l’heure de l’apéro non ?
Je ne sais pas si votre ami qui ne mange pas ses « amis » est le même, mais j’ai vu un reportage sur les végétariens il y a quelques années et justement un scientifique végétarien avait lancé cette phrase que j’ai trouvé très cohérente : » les animaux sont mes amis, et je ne mange pas mes amis ». Depuis, elle n’est jamais sortie de mon coeur et de ma tête ! En tout cas bienvenue dans notre monde. Ma petite fille Samandra a aussi décidé de devenir végétarienne depuis qu’un ami de sa maman lui a montré dimanche une vidéo sur un abattoir ! Mais à mon avis je doute fort qu’elle maintienne son engagement, à son âge -comme à tous les âges d’ailleurs- c’est difficile. Moi même je le suis devenue progressivement. Mais quel bonheur ! Chaque fois que l’on voit des atrocités sur les élevages en batterie, les abattoirs, quel soulagement de pouvoir se dire : « au moins je ne participe pas à ça ». mais bien entendu loin de moi de stigmatiser ceux qui mangent de la viande, surtout s’ils le font d’une façon modérée et s’ils sont vigilants sur la vie et le mode d’abattage de l’animale.
Non ce n’est pas le même ami mais la façon dont il l’a exprimé était quasiment identique. En fait, je prépare un article sur le sujet, pour lequel j’ai recueilli des témoignages et c’est dans ce cadre qu’il m’a dit : « A l’âge de 7 ans, j’ai souhaité ne plus manger d’animaux. Nous étions à la campagne et les lapins et les moutons étaient mes amis. On ne mange pas un ami. »
Et oui, c’est un soulagement !
Valentine ? La prochaine fois que vous viendrez par ici, je prends le pari que nous arriverons à surprendre Hervé (en bien) en lui cuisinant des plats uniquement végétariens ! 🙂
Qu’il regarde, par exemple, la richesse de la cuisine indienne, un pays où les végétariens représentent 40% de la population 😉
tu parles des Bishnoi ? Il me semble que tu avais consacré un article sur ce peuple indien, végétarien, non violent, qui vit en complète harmonie avec la nature et les êtres vivants.
Les Bishnois sont très peu nombreux (voir l’article d’anti). En Inde, les végétariens représentent environ 3 à 400 millions de personnes.
Valentine, je viens de tomber sur ce lien qui devrait pouvoir te servir, sur le site de L214 😉
« Nous, consommateurs, nous pouvons refuser les produits animaux, refuser la viande.
Pour celles et ceux qui ne veulent pas stopper leur consommation de produits animaux, il est déjà important de consommer moins de produits d’origine animale et choisir ceux ne provenant pas d’animaux enfermés en élevages intensifs. »
http://www.l214.com/reduire-viande-refus-elevage-intensif