Après la décision du Conseil constitutionnel de déclarer la torture animale conforme aux droits de l’Homme dans certaines régions mais pas dans d’autres, le combat pour l’abolition de la corrida va s’intensifier. La différence, c’est que désormais, les actions anti-corridas seront bien plus visibles parce que la QPC a soulevé l’intérêt de tous les médias et donc d’une large partie de la population, bien au-delà des régions taurines qui ne représentent que 10% du territoire français.
Or, il m’est venu à l’esprit que pas mal de nos concitoyens qui ne voient rien de mal à la corrida n’y sont jamais allés (il y a beaucoup plus de Français que de places dans les arènes) et n’en ont vu que des images bien léchées de matadors dans des poses esthétisantes où le taureau aussi a l’air de s’amuser. Ils pensent que c’est une sorte de chorégraphie, voire même quelque chose de noble, bref pas de quoi en faire un drame.
Un peu de pédagogie me semble donc utile.
Leçon numéro 1 : la banderille
A première vue, il s’agit d’un bâton pointu orné de rubans colorés que des messieurs vont planter sur le dos des taureaux pour faire joli. Si vous demandez à un aficionado « Ça ne leur fait pas mal, aux taureaux ? », il répond invariablement « Mais non, aucun problème ! Le taureau, voyez-vous, a la peau épaisse et pour lui, une banderille, c’est aussi peu douloureux qu’une piqure de moustique pour un humain. »
Seulement voilà, ça ne doit pas être si inoffensif que ça parce que le taureau se met à perdre des litres de sang. Il faut dire que la banderille est un harpon de 80 à 90 cm de long avec une pointe en acier anti-retour de 6 à 8 cm. Ce qui nous fait un sacré moustique, quand même. Normal si ça saigne.
D’ailleurs, juridiquement, ce genre de pratique est décrit comme « sévices graves et torture », ce qui est puni par la loi sauf pour ceux qui ont le droit de ne pas l’appliquer malgré l’article 6 de la Déclaration des Droits de l’Homme qui dit que tous les hommes sont égaux devant la loi.
Mais tout va bien : le Conseil constitutionnel, dans sa grande sagesse, a déclaré que tout cela était conforme avec la Constitution, donc avec les droits de l’Homme qui en forment le préambule.
Fiche pratique en images : l’humaniste Jean-Louis Debré vous montre le côté festif et inoffensif des banderilles
Résumé de la leçon d’aujourd’hui
– La banderille est un harpon avec une pointe en acier anti-retour de 6 à 8 cm.
– Son but est de faire saigner au maximum le taureau pour l’affaiblir.
– Aucune raison de s’en émouvoir, c’est certifié conforme aux droits de l’Homme par le Conseil constitutionnel.
Dans une prochaine leçon, je vous parlerai des picadors, ces joyeux cavaliers qui taquinent gentiment les taureaux avec une lance de 2m60 de long pour leur déchirer les muscles du cou sur plusieurs dizaines de centimètres, ce qui est également conforme aux droits de l’Homme dans notre belle région.
Sources des photos
La photo de Jean-Louis Debré, président du Conseil constitutionnel, est de moi (photo prise au Salon du Livre, Paris, mars 2012). Les autres photos ont été prises par Jérôme Lescure et d’autres personnes du CRAC Europe.
Le montage est de ma composition.
Bravo pour cette leçon ! Je pense effectivement que beaucoup de vos intervenants ne connaissent pas les véritables instruments de « torture ». Mais voici un article paru sur Midi Libre Béziers. Ils ne sont pas si optimistes que cela, malgré leur « petite victoire » :
http://www.midilibre.fr/2012/09/21/corrida-confortee-l-avis-de-notre-specialiste,566233.php
Effectivement, je cite l’extrait le plus intéressant :
« Le vrai risque est la désaffection du public, l’économie fragile de la tauromachie et le vieillissement du public qui se rend aux arènes. »
Un aspect que les anti-corridas connaissent bien mais qu’il est utile de rappeler à tous, merci Sylvana.
Côté CRAC, JP Garrigues a déjà déclaré qu’il est prévu de porter l’affaire à la cour européenne des Droits de l’Homme. Une initiative que s’attribue, comme d’habitude, une autre association bien connue de nos services pour récupérer toutes les bonnes idées des autres comme si c’étaient les siennes (alors que cette même assoc n’avait pas pipé mot de la procédure QPC jusque-là).
Et maintenant, ils vont nous faire payer l’empaillage de 5 têtes de toros ! Voilà où passe l’argent de nos impôts à Nîmes !!! En ces temps de crise, c’est proprement inadmissible !!!
http://www.midilibre.fr/2012/09/22/solo-de-jose-tom-as-la-ville-achetera-les-cinq-tetes-de-toros,566743.php
C’est SCANDALEUX !!!
En plus pourquoi racheter des têtes qui ont déjà été payées quand le toro était encore vivant ! Rajouter à cela le prix du taxidermiste, oui comme tu dis Anti en ces temps de crise c’est inadmissible !!!