Hier vers 22 h 30, nous avons rejoint Angela à nouveau au pied des immeubles où nous étions vendredi matin pour une nouvelle ronde, cette fois de nuit. Elle nous attendait là avec son petit garçon. Elle avait déjà préparé deux cages. Cette fois, nous avons fait chou blanc. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne s’est rien passé.
La première source d’étonnement est qu’il y a à peu près tout le temps du monde dans la rue. La seconde, c’est qu’il peut s’agir de personnes très jeunes – comme ces deux petites filles de six ou sept ans qui jouaient en courant le long des immeubles vers 23 h. En fait, la maman de l’une d’entre elles était un peu plus loin, elles n’étaient pas si seules que ça.
A un moment, comme aucun chat ne s’approchait – probablement à cause de l’animation permanente, donc du bruit – Angela nous a proposé d’entrer dans un jardin ceint d’un haut mur. L’accès se faisait par une porte de garage à bascule. Angela nous a dit qu’elle n’était pas fermée à clé. Quant à la maison au bout du jardin, aucun problème, elle était vide, elle est en vente.
Après quelques minutes, comme aucun chat ne se décidait à venir nous voir, nous sommes repartis vers la rue. Un type, la trentaine, nous a vus ressortir. Il était appuyé à une voiture, en train de fumer. Ca sentait l’herbe à plein nez.
J’ai fait quelques pas, il a engagé la conversation :
– Siouplait, vous habitez là ? a-t-il dit en montrant la maison au jardin.
– Non, pas du tout.
– Ben alors, qu’est-ce que vous y faisiez ? (ton très calme, pas du tout agressif)
– On cherche un chat qu’on a perdu (aucune envie de raconter qu’on est une association, etc.)
– Un chat ? Mais quand même, vous n’aviez pas le droit de rentrer là. Vous savez, la police a été appelée, ils seront là d’un moment à l’autre.
– Ben pas de problème. On n’a rien fait de mal, on n’a pas touché à la maison. On cherchait juste un chat.
– Euh… oui, je veux bien vous croire, j’ai vu que vous étiez juste entrés et ressortis, avec votre petite famille (ça, c’est grâce au petit garçon d’Angela, tout de suite ça fait moins cambrioleurs)
– Oui, voilà. Donc, les flics, s’ils viennent (et je regarde sa clope qui sent très fort le shit), je ne pense pas qu’ils nous embêteront pour ça.
– Mouais… et… ce chat ? Comment vous savez qu’il est ici ?
– Oh, on était là à le chercher il y a deux jours et on l’a aperçu mais on n’a pas réussi à l’attraper. Alors, on est revenu ce soir pour essayer à nouveau.
– Ah, d’accord. Mais vous habitez ici ?
– Non, pas dans cette rue mais pas loin.
– Moi aussi, j’habite à côté. Il est comment votre chat ?
– Un chartreux.
– Un chartreux ? C’est comment ?
– Poil gris et long, petit chat un peu rond.
– Mmmh… jamais vu… Vous savez, les flics, c’est pas moi qui les ai appelés, hein. C’est les gens, là, avec leurs portables (il me montre la façade de l’immeuble).
Ensuite, il m’a parlé d’un autre immeuble, neuf, construit un peu plus loin. Avant, il y avait un grand champ et les chats vivaient tranquillement là-bas. Depuis, ils se sont tous rabattus dans le coin où on est et ils galèrent pour survivre. Il s’en va après nous avoir souhaité bonne chance pour notre chat.
On reste encore un peu. Un monsieur sans âge sort d’une voiture sans lumière, garée parmi les autres, et va à une autre, sans lumière non plus. Il s’installe derrière le volant et ne bouge plus. C’est là qu’il va passer la nuit.
Une voiture passe au ralenti. Le conducteur nous regarde avec insistance. Difficile de nous voir dans la pénombre où nous nous tenons. Un flic en civil qui s’est décidé à faire une ronde ou quelqu’un qui passe par là ? Il ne s’arrête pas, disparait plus loin.
Un chat s’approche d’un des pièges. Il tourne autour, hésite, envoie une giclée d’urine et s’en va. Ses copains félins ont dû lui expliquer qu’il ne fallait surtout pas essayer de rentrer dans la cage.
On range tout. On rentre à la maison. Il est minuit et demi. Une soirée pas comme les autres pour nous, une soirée comme toutes les autres pour les habitants du quartier.
Très belle journée à vous
Comment vous faites la différence entre un chat errant et un chat domestique ? Parce que par exemple le mien, il casse en permanence son collier avec aimant pour la chatière, du coup il se promène toujours un peu partout, souvent loin de chez nous, sans collier -.- et je voudrais pas qu’une assoç, même très bien intentionnée, me le prenne.
Et après la stérilisation vous les remettez dans la rue ?
Ce n’est pas toujours facile en effet, mais en général ceux qui sont errants sont maigres et le poil pas net. Les chats stérilisés sont systématiquement ramenés là où ils ont été capturés, en général deux jours plus tard, une fois que la cicatrisation est suffisante.
Seuls les chats qui vont vraiment mal (par exemple ceux qui ont subi des sévices visibles ou des chatons abandonnés en plein milieu d’un champ pour citer des cas courants) sont mis dans une famille d’accueil. Ils sont ensuite proposés à l’adoption sur le site web de l’association avec leur photo.
Un chat errant sans collier, sans tatouage ou sans puce d’identification risque d’être embarqué par la fourrière qui fait des rondes régulières dans les villes (il doit être possible de demander à ta mairie quand ont lieu ces rondes). Les chats capturés de cette façon-là sont systématiquement euthanasiés au bout d’un délai très court s’ils ne sont pas réclamés.
Ah ok, très bien pour la première partie, pour la seconde partie sur la fourrière il faut que je vérifie qu’il est tatoué alors 🙁