La France a toujours légiféré jusqu’à maintenant contre la culture d’OGM sur son territoire. Est visé en premier chef le maïs MON-810 produit par Monsanto. Il y a quelques semaines, un moratoire contre cette souche transgénique avait été invalidé par la cour de justice européenne pour des questions purement juridiques imposées par l’Europe. Nathalie Kosciusko-Morizet avait aussitôt promis la rédaction d’un nouveau moratoire applicable à partir de fin février. La date n’est pas innocente : c’est en effet à partir de mars que les semences de maïs commencent.
Ce matin sur France-Info, Guy Kaestler, de la Confédération Paysanne (anti-OGM) a révélé une information ahurissante :
Monsanto est actuellement en train de remplir des centaines de sacs de graines de maïs OGM pour les livrer à certains agriculteurs en France dès que possible afin qu’ils puissent procéder à un semis précoce.
Planter ces graines sera vraisemblablement illégal d’ici fin février mais comme le souligne Guy Kaestler, une fois que ces graines auront été semées, rien ne permettra de savoir depuis le bord du champ s’il s’agit de maïs naturel ou transgénique. Pire, un des dirigeants de la FNSEA a publiquement déclaré qu’il ferait planter du MON-810 sur son exploitation.
La seule solution face à ce désastre annoncé, aussi bien du point de vue écologique qu’économique pour les paysans, est de faire interdire définitivement les OGM en France et non pas de se contenter d’un moratoire. La Confédération Paysanne a, pour cela, une idée qui serait compatible avec la législation européenne.
Depuis la décision de la Cour de Justice européenne du 6 septembre, tout miel contenant un grain de pollen de MON810 est interdit à la vente et doit être détruit comme un déchet toxique. Les abeilles étant présentes dans toutes les zones de culture de maïs en France, de nouvelles cultures d’OGM condamneraient la profession.
La règlementation européenne permet au gouvernement d’interdire la culture du MON 810 pour protéger l’apiculture. Une telle décision ne pourrait être annulée en référé en Conseil d’État, elle mettrait un coup d’arrêt à la distribution de semences transgéniques dans les fermes qui a déjà commencé et sauvegarderait durablement la filière apicole.
Ci-dessous, le communiqué que la Confédération Paysanne a rendu public dans la matinée.
Abeilles et OGM, la coexistence est impossible
Confédération Paysanne – 24/01/2012 10:05:00
Réunis aujourd’hui à Bron (69), paysans et consommateurs, nous apportons notre soutien aux apiculteurs venus de toute la région Rhône-Alpes.
Le rassemblement à Bron de plus de 300 personnes devant les locaux de Monsanto ce vendredi 20 janvier 2012 a montré notre détermination à exiger du gouvernement qu’il prenne des mesures pour interdire la circulation des semences Mon 810 et à réactiver un réel moratoire.
Suite à la levée du moratoire interdisant le Mon810, le gouvernement a annoncé qu’il allait réactiver une nouvelle clause de sauvegarde, mais aucune mesure ferme n’a été prise pour éviter l’organisation des semis, le risque est grand pour que certains soient réalisés précocement.
Aujourd’hui, l’apiculteur est rendu responsable de la pollution des miels par du pollen de Mon810, ainsi les apiculteurs espagnols se voient privés de commercialiser leur production, nous défendons les apiculteurs pénalisés par cette incohérence.
Les diverses organisations apicoles et de nombreux soutiens politiques ont participé au succès de la mobilisation et à un pique-nique devant les locaux de Monsanto en apportant du pollen non contaminé pour réclamer « le droit et la liberté de butiner sans OGM »
Depuis la décision de la Cour de Justice européenne du 6 septembre, tout miel contenant un grain de pollen de MON 810 est interdit à la vente et doit être détruit comme un déchet toxique. Les abeilles étant présentes dans toutes les zones de culture de maïs en France, de nouvelles cultures d’OGM condamneraient la profession.
Pour la Confédération paysanne, la coexistence est impossible, elle est favorable à la clause que veut prendre le gouvernement pour suspendre l’autorisation de culture du MON 810, cependant elle est très inquiète sur sa pérennité face à un recours en référé au Conseil d’État.
La règlementation européenne permet au gouvernement d’interdire la culture du MON 810 pour protéger l’apiculture. Une telle décision ne pourrait être annulée en référé en Conseil d’État, elle mettrait un coup d’arrêt à la distribution de semences transgéniques dans les fermes qui a déjà commencé et sauvegarderait durablement la filière apicole.
Nous sommes opposés à tous les OGM en plein champ, qu’ils soient transgéniques ou issus de mutagénèse, qu’ils soient destinés à l’alimentation animale, humaine ou pour la production d’agrocarburants, qu’ils soient produits chez nous ou ailleurs. La Confédération Paysanne refuse la confiscation du vivant et la spoliation des droits des paysans.
Monsanto a réagi dans la journée. « Monsanto considère que les conditions favorables à la commercialisation de MON810 en France en 2012 et au-delà ne sont pas réunies », a affirmé le groupe dans un communiqué.
Tout en réaffirmant qu’il n’avait « ni vendu ni expérimenté de semences de maïs MON810 en France depuis 2008 », le géant américain a admis que certains de ses sites dans l’Hexagone pouvaient stocker et conditionner des « semences OGM et conventionnelles » à destination de l’exportation.
Quand on lit ça, on se dit que la vigilance reste de mise ! Le fait que Monsanto prétende que le remplissage et la manutention de sacs de maïs dénoncés par la Confédération Paysanne n’est pas pour le marché français mais à destination de l’exportation ressemble furieusement à une pirouette peu convaincante.
Pourquoi, en effet, l’industriel n’utiliserait-il pas des entrepôts situés dans les pays où il peut vendre en direct plutôt que de le faire depuis un pays où la vente des OGM est interdite ?
Difficile d’y croire…