Constantin est né en Corse en 1907. Son père était tailleur et sa mère bien trop occupée avec ses huit enfants pour avoir le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Tout petit, il aime chanter et pratique assidument l’école buissonnière. Une fois adulte, il décide de vivre de sa voix mais a beaucoup de mal à démarrer. Il apparait sur plusieurs scènes locales du sud-est de la France, la première fois dans un petit village du Vaucluse.
En 1932, de passage à Marseille, il tombe sur une boutique qui propose « Enregistrez votre voix pour cent sous ». Constantin enregistre un disque en fer blanc pour sa mère, une idée qu’aura aussi Elvis Presley vingt ans plus tard. Coup de chance comme il ne s’en produit que dans les contes de fée ou les vies d’exception, un représentant de Parlophone présent sur les lieux l’entend chanter. Il propose aussitôt à Constantin de venir à Paris pour enregistrer un vrai disque, qui va être le premier de chansons traditionnelles corses jamais gravé.
Une autre maison de disques tout juste fondée le remarque. Il s’agit de Columbia. Constantin est séduit par le dynamisme des personnes qu’il y rencontre et signe un contrat auquel il restera fidèle jusqu’à sa mort. Les succès et les tournées s’enchaînent. Il devient le plus populaire des chanteurs français aux États-Unis mais, malgré le pont d’or que lui fait Hollywood, revient dès qu’il le peut en France. Il enregistre une version de l’Ave Maria de Gounod dont la Callas déclare que personne ne l’a jamais chanté aussi bien.
Vient la guerre. Constantin aura pendant les années noires une attitude exemplaire et refusera toutes les propositions même les plus alléchantes financièrement pour ne pas être récupéré par la propagande nazie et collaborationiste. Il refuse en particulier d’enregistrer Maréchal nous voilà. Ses apparitions se feront plus rares et uniquement en zone libre. L’une de ses chansons est plébiscitée par les prisonniers de guerre comme symbole d’espoir.
En 1946, pour les besoins d’un film où il interprète deux rôles, il débusque une chanson composée puis oubliée par ses auteurs, Henri Martinet et Raymond Vincy.
Il s’agit de Petit papa Noël, premier chant de Noël laïc à être enregistré et qui est toujours aujourd’hui le titre français le plus vendu au monde.
Constantin Rossi, dit Tino Rossi, entre dans l’Histoire. Sa popularité restera immense jusqu’à sa mort en 1983. Lui qui toute sa vie a eu un comportement simple, respectueux, courtois et fidèle en amitié comme en amour, va devenir une légende.
Sa « voix de velours » a révélé son secret tardivement. Tino la devait à une anomalie de ses cordes vocales qui laissa son ORL stupéfait que leur propriétaire puisse s’en servir pour chanter.
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