Aujourd’hui, cela ne vous aura pas échappé, nous sommes la veille de Noël. Au départ, rien de particulier n’aurait dû se passer ce jour-là. Le 25, c’est Noël, d’accord, mais le 24, a priori, aurait dû rester dans le peloton des jours normaux, que rien ne distingue des autres. S’il fallait fêter la veille de chaque jour de célébration, on finirait vite de proche en proche par fêter tous les jours de l’année. Ce qui, après tout, n’est pas une si mauvaise idée, en fait.
Pour commencer, Noël, pendant longtemps, ça ne s’appelait pas Noël mais Sol Invictus, le Soleil Invaincu, en hommage à la date de naissance du Soleil selon l’empereur Aurélien. En effet, dans le calendrier d’alors, le solstice d’hiver tombait le 25 décembre.
Différents ajustements ultérieurs ont fait qu’il se produit de nos jours le 22. Mais en ces temps reculés, le 25 était la fête du Soleil, puis de Mithra, dieu solaire fortement marqué par le symbolisme des saisons et très à la mode chez les Romains. C’était aussi la fête de la maternité chez les Celtes.
Ce n’est qu’en 354 que le pape Liberus décida que le 25 deviendrait la date de naissance du Christ, afin d’éradiquer les cultes mithraïque et celtique qu’il jugeait vraiment trop encombrants pour sa propre religion. Avec le recul, il faut reconnaitre que cette opération de communication a plutôt bien marché.
Ce qu’il y a d’amusant, c’est qu’avant ce pape, la naissance de Jésus était localisée par les érudits les plus reconnus au choix le 6 janvier – c’est ce que croient toujours les communautés chrétiennes d’Orient – le 28 mars, le 19 avril ou le 29 mai. Aucun disciple du christianisme naissant n’avait jamais pensé jusque-là au 25 décembre et c’est normal, ça aurait pu être absolument n’importe quel autre jour, rien dans les Évangiles ne donnant le moindre indice de quand a bien pu se produire la fameuse scène de l’étable.
Je me place ici du point de vue des chrétiens eux-mêmes. Pour les non-chrétiens, la question ne se pose pas puisqu’ils considèrent Jésus comme un personnage mythique. Il faut croire que Liberus, bien que pape, partageait paradoxalement l’opinion de ces derniers puisque pour lui aussi, la « vraie » date n’avait aucune importance. La seule chose qui comptait, c’était de renvoyer dans l’oubli les concurrents païens de l’époque.
Donc, je résume. Aujourd’hui est la veille d’un jour qui n’est plus le solstice d’hiver et où aucun fils de Dieu n’est né, qu’il ait vraiment existé ou pas.
Hé bien, pour fêter cette accumulation de non-évènements, ce soir on réveillonne. Que le champagne coule à flots !
Très belle journée à vous
Icône d’Andreï Roublev (Wikipedia)
Ça y est ! On est la veille de demain ! Ça s’arrose !
Et aujourd’hui le lendemain de la veille! ça s’arrose aussi! 😉
Et aujourd’hui aussi! ..pourquoi pas?
🙂