TARATATA N°53 (Tour. 17/05/94 – Dif. 29/05/94)
Propos de Nagui sur la tauromachie. Ce n’est pas tout récent, mais ça fait toujours du bien à lire et à relire, et à diffuser et… :
Vous allez peut-être vous dire que, de toute façon, il vaudrait mieux se préoccuper du sort des humains avant celui des animaux mais, même en admettant qu’il y ait une hiérarchie dans les causes à défendre, on ne peut pas attendre qu’un problème jugé de « premier ordre » soit réglé pour se préoccuper des problèmes de « second ordre » ; ça serait comme si on se détournait des sans abris en France sous prétexte qu’il y a des problèmes humanitaires bien plus graves en Afrique par exemple.
De plus, il ne s’agit pas « seulement » d’un problème de souffrance animale mais bien d’un problème éthique : quelles peuvent êtres les motivations de gens qui payent pour assister à la torture et à la mise à mort d’un être vivant, qu’ils essayent de justifier par des discours techniques ou esthétiques, si ce n’est autre que le voyeurisme et le sadisme ? Le pire dans tout cela, c’est que la torture est élevée au rang de spectacle et même d’art ou de culture et les matadors (tueurs en espagnol) sont considérés comme des héros ou encore des demi-dieux.
Les tauromachies ibériques restent malheureusement tolérées dans une partie du territoire à cause d’une incohérence du code pénal qui, bien que considérant la corrida comme « sévices graves » et « acte de cruauté », la tolère dans les villes où une tradition locale peut être invoquée.
Nagui avait aussi dénoncé le massacre des dauphins au Japon :
anti
Un point de vue clair et net, bravo à Nagui pour l’avoir exprimé aussi magnifiquement !
Yeap ! Plus on en parlera mieux ce sera.
Que ça fait du bien un tel discours !
Et lu ce matin dans le journal Sud Ouest :
Vendredi 16 décembre 2011. Par pierre penin
Bayonne : Un gouffre à combler
Le déficit de la saison taurine, soit 400 000 euros, a été évoqué. La question du passage de la régie municipale à la délégation de service public se pose.
Un déficit de 400 000 euros (1) pour la dernière saison taurine bayonnaise : les élus avaient matière à réflexion, hier soir, en conseil municipal. Que ressort-il de ces débats ? Un consensus : le contribuable ne peut plus éponger les pertes d’un fait, même culturel (2), aussi controversé que la corrida. Une question : le Ville doit-elle consentir à une délégation de service public (DSP) pour l’organisation de la temporada ? Le sujet, avec tout ce qu’il implique de viscéral, est sensible.
La critique initiée a salué la tenue des corridas bayonnaises. La fréquentation, avec 55 000 entrées payantes, bénéficie d’une légère augmentation. « Cela me fait une belle jambe », commente le maire et aficionado Jean Grenet. Car la stratégie coûteuse de programmer le gratin de la tauromachie ne s’est pas avérée payante. « L’écart entre prévisions et réalisations représente environ 11 000 entrées », détaille l’adjoint aux finances Michel Sauroste. La côte d’alerte est dépassée.
Des cachets revus à la baisse
Jean-Claude Soudre, pour le groupe d’opposition de gauche Bayonne ensemble, additionne les pertes depuis 2007 : « Nous arrivons à plus de 1,1 million d’euros. » L’opposante (gauche) Éliane Pibouleau-Blain arrive à des totaux proches. « L’argument culturel ne peut par servir d’alibi à la dérive comptable préoccupante », pose l’opposant Georges Barrère, au titre de Bayonne par cœur (centre droit). Jérôme Aguer-re, récent démissionnaire de Bayon-ne ensemble et nouvel opposant à titre individuel, dénonce « le luxe » qui consiste pour la collectivité à « éponger ».
Dans ce qui s’apparente à une allocution plus qu’une simple introduction, Jean Grenet a rappelé le contexte général des chiffres douloureux. Évoque aussi la démarche conjointe des sept principales villes taurines de France, initiée par lui. Le « G7 » a décidé de s’unir dans les négociations avec le monde taurin, notamment les matadors. Les plus « cotés » d’entre eux entretiennent une inflation totalement déconnectée de la réalité économique des terriens. Les places fortes de la tauromachie française entendent impo- ser à tous ceux dont les cachets dépassent 60 000 euros un rognage de 20 %. Selon le premier magistrat, pareille mesure appliquée aux chiffres de 2011 aurait réduit à 50 000 euros le déficit.
Une DSP dans deux ans ?
Rien n’indique que cette nouvelle politique conduira à l’équilibre des comptes taurins. L’expérience incite à la prudence. Et Jean Grenet coupe l’herbe sous les pieds de son opposition d’une sortie : « Si on n’y arrive pas dans les deux ans, nous devrons envisager de passer en délégation de service public. » Les quatre entités de son opposition avaient toutes prévu de plaider ce mode d’organisation et ruminent l’effet anéanti par Jean Grenet. « Ce-la fait longtemps que nous le disons », tient à glisser Henri Etcheto (Bayonne ensemble). « C’était dans notre programme aux municipales », rappelle Georges Barrère. Quant à Éliane Pibouleau-Blain, sa réflexion est plus radicale : militante anti-corrida, elle en conteste la légitimité intrinsèque.
Pour l’heure, la Ville fonctionne en régie, par le truchement d’un délégataire. Et Jean Grenet espère encore sauver ce système. Il évoque l’attachement à celui-ci des cinq clubs taurins locaux associés à la réflexion sur les spectacles. « On ferait beaucoup de déçus dans les milieux taurins bayonnais. » Raisonnement « d’oligarque », balance Jean-Clau-de Soudre. Le mot de trop pour le maire : « Je n’ai pas de leçon de démocratie et de républicanisme à recevoir ! Vous pensez vraiment avoir un facho en face de vous ? ». Georges Barrère a cette suggestion de casque bleu : « Dans une DSP, on peut mettre une clause pour que soient consultés les clubs taurins ».
Pour l’heure, le mandataire, Alain Lartigue, a encore un an de contrat avec la Ville de Bayonne pour l’organisation des spectacles taurins. Les comptes après une temporada selon le cahier des charges du « G7 » seront examinés à la loupe. Temporada qui comptera moins de dates que la précédente : cinq corridas à pied au lieu de sept, plus la corrida à cheval et les novilladas.
(1) Le déficit est de 367 000 euros, 415 000 euros, un fois comptés les amortissements.
(2) La tauromachie a été inscrite au patrimoine culturel de la France cette année.
Ils doivent être heureux, les Bayonnais, de payer 400 000 euros d’impôts locaux de trop (et plus d’un million d’euros cumulés depuis 2007) rien que pour éponger le déficit abyssal d’un poste budgétaire « aussi controversé que la corrida ». Même le maire aficionado l’a en travers du gosier, c’est dire.
A quand la mise à mort de cette activité honteuse ?
Merci Nagui de dire l’indignation que nous sommes beaucoup à partager face à cet archaïque pratique. Merci de donner de la voix pour dénoncer les horreurs dont l’homme est capable sur les animaux.
Mais nous sommes de plus en plus nombreux à nous mobiliser pour eux. Ravie de vous savoir à nos côtés.