C’est aujourd’hui, samedi 15 octobre que les «indignés» de 82 pays appellent à manifester pacifiquement.
Cinq mois, jour pour jour, après la naissance du mouvement des « indignés » en Espagne, des manifestations vont se dérouler simultanément dans 82 pays et près de 1 000 villes à travers le monde ce samedi 15 octobre. Intitulée « United for a Global Change » (Unis pour un changement planétaire), cette journée devrait permettre aux « indignés » d’évaluer leur force.
Ce samedi 15 octobre pourrait marquer une étape importante dans le mouvement dit des « indignés » qui s’est répandu à travers la planète depuis cinq mois. Né officiellement le 15 mai à Madrid lors d’une protestation à la Puerta del sol contre la dictature des marchés – mais inspiré à la fois du « printemps arabe » démarré en Tunisie le 17 décembre 2010 et du pamphlet « Indignez-vous ! » écrit par le Français Stéphane Hessel – ce mouvement hétéroclite et désormais transcontinental va pouvoir jauger de sa force et de son écho dans une journée mondiale de protestation.
Lieux symboliques
Intitulée « United for a Global Change » (unis pour un changement planétaire), imaginée par la branche portugaise de « Génération précaire » et propagée par le site 15october.net, cette journée des « indignés » va rassembler des manifestants dans 82 pays différents et dans près d’un millier de villes à travers le monde. Au même moment, les ministres des Finances et banquiers centraux des vingt principaux pays riches et émergents seront réunis à Paris pour préparer le prochain sommet du G20 qui se tiendra à Cannes les 3 et 4 novembre.
Les protestataires ont évidemment ciblé quelques lieux symboliques comme la City de Londres, la Banque centrale européenne de Francfort, de même que Wall Street, le temple américain de la finance, qui est déjà investi depuis le 17 septembre par le mouvement « Occupy » , le pendant américain de celui des « indignés ». « Nous ferons savoir aux politiques et aux élites financières qu’ils servent que, désormais, c’est nous, les gens, qui allons décider de notre avenir », annonce ainsi un manifeste qui appelle à des rassemblements dans toute l’Espagne, le pays pour le moment le plus actif, où l’on attend des défilés dans une soixantaine de villes.
« Face à la crise du système financier et des banques, les gouvernements, l’Union européenne, les institutions internationales ont décidé de faire payer les populations », proclame pour sa part le collectif altermondialiste français Attac qui a décidé de se joindre au mouvement. « Les indignés du monde entier continuent à montrer leur détermination à défendre leurs droits face à la finance. Ils exigent une démocratie réelle face aux politiques qui leur sont imposées sans tenir compte de leurs choix et de leur vie. Nous serons à leurs côtés », précise encore Attac sur son site.
Des manifestants d’Occupy Wall Street brandissent l’effigie du PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, à New York, le 8 octobre 2011 (Reuters)
Un phénomène nouveau
« C’est un phénomène extrêmement prometteur, qui vise à renouveler profondément une forme d’intervention des citoyens dans la politique », analyse l’économiste Thomas Coutrot, co-président du mouvement Attac dans un entretien accordé à l’Agence France-Presse. « Puisque les citoyens ne veulent plus déléguer à des hommes politiques ou des partis, ils veulent peser, chacun à sa place ». « On peut dire, conclut-il, que c’est un retour aux sources de la démocratie ».
Dépourvu de leaders identifiés ou même de porte-parole et reposant essentiellement sur l’efficacité des réseaux sociaux pour s’organiser, le mouvement de protestation n’a eu, pour le moment, qu’un impact très limité dans les sociétés occidentales. Reste que les politiques se méfient de l’ampleur qu’il pourrait prendre alors qu’aucune solution satisfaisante n’apparaît face à la crise économique et que les plans d’austérité se multiplient. Ce samedi, d’un côté comme de l’autre, chacun espère que la journée restera pacifique, bien conscient qu’un basculement dans l’affrontement pourrait transformer l’indignation en colère.
Par Christophe Carmarans, pour Rfi.
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Fantastique comme ce mouvement au début si insignifiant est devenu planétaire sans aucune organisation politique ou syndicale officielle pour le mener.
Une vraie trainée de poudre citoyenne, rendue possible par Internet, une fois encore.
Et un grand succès pour cette mobilisation planétaire dans 951 villes et 82 pays ! En dehors de quelques très rares incidents avec la police, comme à Rome, partout ailleurs tout s’est très bien passé.
« Nous ferons savoir aux politiques et aux élites financières qu’ils servent, que désormais c’est nous, les gens, qui allons décider de notre avenir. »