Il y a exactement un an, j’ai écrit et mis en ligne ici un article de fond sur le dérèglement climatique global. Il se terminait par une chronique mois par mois des évènements climatiques majeurs de l’année 2010. Ceux qui se sont produits en 2011 jusqu’à aujourd’hui n’ont fait que confirmer et souvent amplifier les tendances qui se dégagent sans ambiguïté depuis maintenant plusieurs décennies d’affilée. Pire, les risques d’emballement annoncés par la plupart des experts en 2010 se sont avérés à plusieurs reprises largement sous-estimés, même par rapport aux prévisions les plus pessimistes.
Pourtant, à l’approche d’un nouveau sommet mondial sur le climat à Durban, tout annonce qu’il sera aussi inefficace que celui de Copenhague en raison du refus annoncé de plusieurs grandes puissances (USA, Russie, Japon, Canada) de prendre des mesures contraignantes de réduction d’émission de gaz à effet de serre. Et cela alors que plus aucun scientifique sérieux ne conteste la réalité de la catastrophe qui menace la planète entière et que les solutions pour l’éviter sont connues.
Retour sur les huit premiers mois de l’année 2011…
Janvier : Inondations record en Australie sur une surface équivalente à la France et l’Allemagne réunies (évènement débuté en décembre 2010 et poursuivi pendant les trois premières semaines de janvier). Inondations en Guadeloupe à cause d’orages violents survenus en pleine saison sèche. Vague de froid exceptionnelle au Sri-Lanka lors d’inondations violentes liées à la mousson.
Février : Cyclone Yasi d’une intensité exceptionnelle au nord-est de l’Australie et sècheresse extrême accompagnée d’incendies à l’ouest. Première extinction d’une colonie de manchots en Antarctique, la banquise sur laquelle ils se reproduisait ayant graduellement disparue.
Mars : Des scientifiques finlandais publient un article dans Nature démontrant que les hiboux gris deviennent tous bruns ; avec la diminution des surfaces enneigées, leur plumage gris destiné à se fondre dans les paysages neigeux n’aurait plus d’utilité. La banquise au pôle Nord a perdu un million de kilomètres carrés par rapport à sa moyenne du 20e siècle, c’est son point le plus bas depuis que les mesures existent ; sa fonte s’accélère en raison d’une boucle de rétroaction positive (plus de fonte des glaces = plus d’absorption des rayonnements solaire par l’eau = plus de fonte des glaces, etc.)
Avril : Deuxième mois d’avril le plus chaud en France depuis 2007, 4° plus haut que la moyenne 1971-2000. Sècheresse majeure en Chine. En raison de trop faibles précipitations depuis le début de l’année, les nappes phréatiques arrivent à leur limite en dans toute l’Europe du Nord y compris la France à l’exception du sud-est. Moratoire d’un an sur la chasse aux ours polaires décrété en Russie.
Mai : Début d’une sécheresse sans précédent un peu partout en Europe et spécialement en France. Le mois de mai est le plus chaud jamais enregistré en France depuis que les relevés existent.
Juin : Intensification de la sècheresse en Europe, aux États-Unis, en Chine, en Somalie et en Australie. Déficits extrêmes en pluie sur ces régions. Vague majeure d’incendies en Russie révélée par Greenpeace, l’état russe refusant toute médiatisation de la catastrophe.
Juillet : Sur les plages françaises, apparition des physalies, ces variétés de méduses qui normalement vivent dans les mers chaudes. Plusieurs centaines de villes aux USA battent leur record absolu de chaleur depuis que les relevés existent. En Chine, le plus grand lac d’eau douce du pays disparait. Sècheresse et crise humanitaire majeure dans la corne de l’Afrique. En Arctique, la banquise n’a jamais été aussi réduite et son épaisseur a diminué de 40% tout au long des dernières décennies.
Août : En République Démocratique du Congo, la baisse du niveau d’eau du fleuve Congo depuis le mois de juin prive plusieurs régions du pays d’électricité. Sur le continent américain, l’ouragan tropical Irene dévaste une bonne partie des Caraïbes et de la côte Est des États-Unis jusqu’au Québec. Début exceptionnellement précoce des vendanges en France. En raison du réchauffement global, la migration d’un grand nombre d’espèces animales vers des latitudes ou des altitudes plus élevées s’accélère à un rythme plus rapide que prévu. L’information est connue depuis des années mais est confirmée par un article dans Science, analysant des données portant sur plusieurs centaines d’espèces.
Septembre : La fonte de la banquise en Arctique a été la seconde plus forte jamais observée, le record restant à 2007 en raison de conditions particulières de vent cette année-là qui avaient amplifié le phénomène. Cela étant, les scientifiques ne s’attendaient pas à une fonte aussi massive avant le milieu du siècle. Les conséquences ne sont pas seulement locales pour la survie des espèces qui peuplent cette région, mais planétaires puisque cette réduction de la banquise entraîne une accélération du dérèglement climatique global dont personne n’ose plus évaluer l’ampleur. En France, le mois de septembre a affiché des températures de 8 à 10° supérieures aux normales de saison.
Octobre : Après deux mois de pluie ininterrompue, les trois-quarts de la Thaïlande sont affectés par des inondations sans précédent qui durent plusieurs semaines et paralysent totalement Bangkok qui se retrouve depuis plus d’un mois sous les eaux. La Cambodge voisin est dans le même état. Au-delà du nombre direct de victimes, des centaines de milliers d’hectares de rizières ont été noyés, ce qui fait craindre des pénuries graves pour l’avenir. Chutes de neige d’une ampleur sans précédent sur la côte est des USA. En France, 44 départements sont toujours classés en état de sècheresse depuis le début du printemps.
Novembre : Alors que Bangkok est toujours sous les eaux, les épisodes pluvieux extrêmes se multiplient sur d’autres continents (USA, Europe). En France, inondations après des orages d’une intensité sans précédent sur le Gard, l’Hérault, les Cévennes et le Var. A certains endroits, il tombe en une nuit autant d’eau qu’en un an. Le rapport annuel de l’Agence nationale océanique et atmosphérique américaine (NOAA) conclut que l’Arctique continue à se réchauffer, entraînant depuis ces dernières années un bouleversement durable de l’écosystème de la région. De 2010 à 2011, l’Arctique a subi une perte nette de masse de glace de 430 milliards de tonnes, soit la plus forte réduction annuelle jamais mesurée par les satellites depuis 2002. Les températures du mois de novembre ont dépassé de 2,9°C la moyenne de référence 1971-2000.
Décembre : Pénurie de neige sur la plupart des stations de ski françaises. Quatre épreuves de coupe du monde de ski alpin prévues à Val d’Isère à la mi-décembre ont été annulées et transférées aux USA. La Thaïlande est toujours en partie sous les eaux. Une forte tempête venue de l’Atlantique traverse la France, un évènement devenu habituel en cette période depuis une douzaine d’années – 49 départements en alerte, 600000 foyers privés d’électricité, le lac Léman interdit à la navigation pendant plusieurs heures. Le 31 décembre en France est le plus chaud jamais connu dans plusieurs villes depuis que les relevés météo existent (record absolu à Nîmes avec 19,8° à 16h). C’est aussi le cas de l’année 2011 dans son ensemble au niveau planétaire, avec en France 11 mois sur 12 qui ont battu tous leurs records de chaleur jamais enregistrés.
Quelques notes sur le climat mises en ligne depuis le début de l’année :
Des méduses bloquent une centrale nucléaire
Tour de chauffe avant l’été
Le plus grand lac d’eau douce de Chine disparait
80% d’énergies renouvelables en 2050
Gaz à effet de serre: -30% d’ici 2020
L’évènement chaud-bouillant du moment
Le prix des meubles pas chers
Un avril très chaud
La banquise a perdu 1 million de km2
Première extinction d’une colonie de manchots…
Les pétroliers à l’assaut du Groenland
Tous nos articles sur le climat sont ici : tag climat
Bon. Ben voilà, voilà… Je savais que je ne devais pas lire cet article ! Grrrrr !
anti, colère
En contrepartie, je vais en mettre un très réjouissant et porteur d’espoir sur le même sujet en début d’après-midi.
Il illustre à merveille ce que Coline Serreau démontre dans son documentaire génial intitulé à juste titre : solutions locales pour un désordre global.
Puisque la plupart des États les plus pollueurs préfèrent se regarder les pieds en attendant que le pire se produise, c’est aux citoyens d’agir.
Je fais figurer ici le lien du second article auquel je faisais allusion hier :
http://www.annagaloreleblog.com/archive/2011/09/02/hambourg-capitale-verte-de-l-europe.html
Hambourg capitale verte de l’Europe
Je viens d’ajouter à la fin de la note ci-dessus les évènements climatiques marquants des deux derniers mois. Je les reproduis également ici :
Septembre : La fonte de la banquise en Arctique a été la seconde plus forte jamais observée, le record restant à 2007 en raison de conditions particulières de vent cette année-là qui avaient amplifié le phénomène. Cela étant, les scientifiques ne s’attendaient pas à une fonte aussi massive avant le milieu du siècle. Les conséquences ne sont pas seulement locales pour la survie des espèces qui peuplent cette région, mais planétaires puisque cette réduction de la banquise entraîne une accélération du dérèglement climatique global dont personne n’ose plus évaluer l’ampleur. En France, le mois de septembre a affiché des températures de 8 à 10° supérieures aux normales de saison.
Octobre : Après deux mois de pluie ininterrompue, les trois-quarts de la Thaïlande sont affectés par des inondations sans précédent qui durent plusieurs semaines et paralysent totalement Bangkok qui se retrouve depuis plus d’un mois sous les eaux. La Cambodge voisin est dans le même état. Au-delà du nombre direct de victimes, des centaines de milliers d’hectares de rizières ont été noyés, ce qui fait craindre des pénuries graves pour l’avenir. Chutes de neige d’une ampleur sans précédent sur la côte est des USA. En France, 44 départements sont toujours classés en état de sècheresse depuis le début du printemps.