Aaaaaaah Anti est de retour à la casa… Elle avait plein d’histoires à me raconter et moi aussi. C’est fou comme le temps a semblé long pendant ces deux semaines où elle n’était pas là. Comment ? Ah bon ? Seulement deux jours ? Dingue comme j’ai vu le temps ne pas passer.
Enfin, normalement, je devrais pouvoir dire « Je n’ai pas vu le temps passer » puisque j’avais l’impression qu’il ne passait pas tellement c’était long. Et pourtant, quand on dit ne pas voir le temps passer, c’est justement pour dire qu’il est passé trop vite, pas qu’il est passé trop lentement. Curieux, non, comme la même expression peut vouloir dire une chose et son contraire ?
Bref (ou pas, c’est selon), ce fichu temps a fini par passer sans que je parvienne à le voir bouger. Finalement, ce qui compte, c’est qu’il ne compte pas. Le passé, c’est mieux quand on ne l’a plus devant soi.
Ce qui me fait penser à un poème à la délicatesse exquise, reçu il y a quelques jours de mon ami Éric dans sa Lettre du Rêveur, le petit bulletin qu’il envoie de temps à autres à son cercle de proches. Il a été écrit par Charles d’Orléans au XVe siècle. Il parle justement du temps, pas celui qui passe, celui qui change et qu’on laisse derrière soi en retrouvant les beaux jours. Même s’il pleut encore ces jours-ci, c’est de saison.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Il n’y a bête ni oiseau
Qu’en son jargon ne chante ou crie :
« Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie »
Rivière, fontaine et ruisseau
Portent, en livrée jolie,
Gouttes d’argent, d’orfèvrerie ;
Chacun s’habille de nouveau.
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s’est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.
Très belle journée à vous
Photo Anti
« Curieux, non, comme la même expression peut vouloir dire une chose et son contraire ? »
C’est vrai !
Il est très beau ce poème que j’avais appris aussi par cœur à l’école. (D’ailleurs l’expression « par cœur » est bizarre aussi.)
J’aime bien la porte avec l’écriteau ; ces portes ouvrent complétement sur l’imaginaire.
plaisir de relire ce poème appris en primaire.
Il y a plein de choses que l’on oublie, l’âge aidant!! Mais bizarrement, les poèmes de notre enfance restent dans un coin de notre coeur (peut-être Kathy est-ce parce que nous les avons appris par coeur). Bien jolie note 🙂
Merci 🙂
Je suis, comme vous, totalement sous le charme de ce poème que, par contre, je ne connaissais pas avant de le recevoir d’Éric.
C’est amusant, justement hier avec Tarik, nous évoquions l’importance de l’éducation, et de la langue, qui structure toute pensée. Il me faisait remarquer que maintenant, on faisait plutôt volontiers apprendre les rimes pauvres d’un Grand Corps Malade que les trésors dont regorge la langue française. Ceci en est un bel exemple. A chaque fois qu’on aborde ce sujet, je repense à Erik Orsenna militant de toujours, œuvrant dans les ZEP pour partager son amour de la langue devant des enfants émerveillés de découvrir cet océan de possibilités dès lors qu’on maîtrise les mots.
anti