Quand j’ai vu Kundun hier à midi en rentrant, il était sur notre lit et semblait sommeiller, enfin détendu. Anti venait de me dire que c’était fini.
Christophe a soulagé ses derniers instants, endormant enfin la douleur qui tétanisait ses muscles et l’empêchait de se tenir debout. Kundun est parti entouré d’amour, sa tête dans la main d’Anti.
Nous l’avons pleuré et nous avons continué à le caresser bien après que la vie l’ait quitté. Sur les enceintes du salon, les voix de nos amis moines du Ladakh, qui l’ont connu tout petit, chantaient des mantras pour l’accompagner une dernière fois. Leur son résonnait dans la maison de façon émouvante et puissante.
Anti et moi avons eu, sans nous concerter, la même idée pour le lieu où Kundun serait enterré : cet endroit particulier de notre jardin où tous nos chats aiment à venir s’allonger, chacun à tour de rôle. Après avoir creusé le trou, en revenant vers la maison, j’ai trouvé un petit oiseau mort sur la pelouse.
Nous avons enveloppé le corps de Kundun dans deux katas blanches en soie. Anti l’a porté dans ses bras jusqu’à la tombe. Je l’ai déposé dedans, avec l’oiseau.
Nous avons remis la terre en place de nos mains, doucement, puis étalé les feuilles mortes dessus. Plus rien ne permet de deviner qu’il est là, mais nous, nous le savons. Quand les beaux jours reviendront, les autres chats iront s’allonger près de lui.
Il fait désormais partie des lieux. Il reste pour toujours présent.
Merci à ceux d’entre vous qui nous ont laissé des mots dès hier, sur ce blog ou sur Facebook
C’est très émouvant ; vous lui avez fait un magnifique rituel et il doit en ronronner quelque part.
En lisant cette page, j’en ai des frissons et les larmes aux yeux. En voyant cette photo, on a du mal à se résigner que physiquement parlant il n’est plus là. J’ai beau avoir « mes croyances positives sur la question », n’empêche que l’absence reste l’absence avec son incroyable vide. Tu restes dans nos coeurs petit BB.
Je suis très heureuse de savoir Kundun reposer dans votre jardin. J’en ai même rêvé cette nuit car j’étais certaine que c’est ce que vous feriez. Un grand merci de nous faire partager votre témoignage tout en tendresse. Dès le printemps, la vie va renaître sur ce petit carré d’herbe, les chats seront au rendez-vous pour de grands conciliabules………..
Il est un élément de cette maison de l’amour.
« Quand les beaux jours reviendront, les autres chats iront s’allonger près de lui. »
Il y a déjà Che qui est en train de jouer avec lui dans notre chambre. Faut voir le foin qu’il fait !
Merci pour vos pensées à tous, ici,sur FB et par mail. Avec tous ces mots, il va faire un bon voyage, c’est sûr. Un grand merci aussi à notre vétérinaire qui l’a accompagné jusqu’au bout, en douceur, en lui parlant. Dès qu’il est arrivé, Kundun l’a appelé, alors qu’il était à bout de force.
Il va falloir trouver un nouvel équilibre à 4. Par la fenêtre, je vois les minous passer, il en manque un…
En tous les cas, il a eu une belle vie. Il s’est occupé à merveille de Che et Santiago. Il leur a donné une magnifique éducation. Il a pacifié tout le quartier en faisant ami-ami avec tous les chats de passage. Il a été un lien avec Sylvana. Je m’en souviens encore, comme si c’était hier » Ah ! C’est vous ! J’attendais votre appel. Oui, ce matin, j’ai dit à ma fille : soit ce chat va chez eux, soit il restera ici, mais, je pense que la dame va rappeler et qu’il va aller chez eux ».
Il nous a comblé de bonheur. Sûr qu’il aura une nouvelle vie très belle sous quelque forme que ce soit.
Quand notre vétérinaire est reparti hier matin, je suis allée chercher le courrier. Dans la boîte aux lettres, dans le lot de papier, il y avait deux lettres. L’une adressée à Anna, l’autre à moi. C’était deux lettres de… Kundun, le Dalaï Lama, enfin, du centre qui s’occupe de sa venue à Toulouse l’été prochain. Comme un signe…
anti, le ciel est bleu et le soleil brille
Au revoir Kundun, tu resteras dans nos coeurs.
Quel était son âge, si ce n’est pas indiscret ?
Un peu moins de 20 mois.
C’est terriblement jeune, merde.
Tu n’es pas seul Kundun, tes compagnons sont avec toi, au paradis des chats tu seras roi !
Le chat ouvrit les yeux,
Le soleil y entra.
Le chat ferma les yeux,
Le soleil y resta.
Voilà pourquoi, le soir,
quand le chat se réveille,
j’aperçois dans le noir
Deux morceaux de soleil.
Maurice Carème
Ode au chat
Au commencement
les animaux furent imparfaits
longs de queue,
et tristes de tête.
Peu à peu ils évoluèrent
se firent paysage
s’attribuèrent mille choses,
grains de beauté, grâce, vol…
Le chat
seul le chat
quand il apparut
était complet, orgueilleux.
parfaitement fini dès la naissance
marchant seul
et sachant ce qu’il voulait.
L’homme se rêve poisson ou oiseau
le serpent voudrait avoir des ailes
le chien est un lion sans orientation
l’ingénieur désire être poète
la mouche étudie pour devenir hirondelle
le poète médite comment imiter la mouche
mais le chat
lui
ne veut qu’être chat
tout chat est chat
de la moustache à la queue
du frémissement à la souris vivante
du fond de la nuit à ses yeux d’or.
Il n’y a pas d’unité
comme lui
ni lune ni fleur dans sa texture :
il est une chose en soi
comme le soleil ou la topaze
et la ligne élastique de son contour
ferme et subtil
est comme la ligne de proue d’un navire.
Ses yeux jaunes
laissent une fente
où jeter la monnaie de la nuit.
Ô petit empereur
sans univers
conquistador sans patrie
minuscule tigre de salon,
nuptial sultan du ciel
des tuiles érotiques
tu réclames le vent de l’amour
dans l’intempérie
quand tu passes
tu poses quatre pieds délicats
sur le sol
reniflant
te méfiant de tout ce qui est terrestre
car tout est immonde
pour le pied immaculé du chat.
Oh fauve altier de la maison,
arrogant vestige de la nuit
paresseux, gymnaste, étranger chat
profondissime chat
police secrète de la maison
insigne d’un velours disparu
évidemment
il n’y a aucune énigme
en toi :
peut-être que tu n’es pas mystérieux du tout
qu’on te connaît bien
et que tu appartiens à la caste la moins mystérieuse
peut-être qu’on se croit
maîtres, propriétaires,
oncles de chats,
compagnons, collègues
disciples ou ami
de son chat.
Moi non.
Je ne souscris pas.
Je ne connais pas le chat.
Je sais tout de la vie et de son archipel
la mer et la ville incalculable
la botanique
la luxure des gynécées
le plus et le moins des mathématiques
le monde englouti des volcans
l’écorce irréelle du crocodile
la bonté ignorée du pompier
l’atavisme bleu du sacerdoce
mais je ne peux déchiffrer un chat.
Ma raison glisse sur son indifférence
ses yeux sont en chiffres d’or.
PABLO NERUDA
Je suis très triste pour vous tous, et je vous embrasse fort.
Merci à vous pour vos mots de réconfort.