Il n’y a pas d’hiver, R. Notenboom

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Je pose mon regard sur ton front

Je pose mon regard sur ton front
Sans rien vouloir
Restant au seuil de ton âme

Laissant tes yeux libres
D’aller, de venir
De vivre

Je ne veux rien de toi que tu ne me donnes

Mon regard n’agit pas
Il se laisse pénétrer
Il te reçoit

Et j’écoute sans parler
Ce que me dit ton cœur dans le silence

Parmi mes dernières lectures, il y a les poèmes de Robert Notemboom. Présentation.

Le verbe lumineux de Robert Notenboom, un article de Jérôme Gazeau pour Ouest-France Bretagne – lundi 09 août 2010

Après un premier recueil remarquable, Du silence à l’éveil, paru en 2009, Robert Notenboom récidive avec Il n’y a pas d’hiver. Mieux, il améliore encore son style. Tout ici devient fluide et lumineux. A bientôt 80 ans, ce résident groisillon balaie devant sa porte, fait le ménage dans sa maison intérieure. Quand l’heure du grand voyage arrivera, qu’il sait inéluctable, le poète aura tout préparé pour partir sans peur et sans regret. Car il devine qu’une autre vie l’attend. Le beau poème qu’il met en quatrième de couverture de son livre en dit plus que tous les discours : « Ce matin, deux grives ont chanté/Et les brins d’herbe à nouveau/Se sont dressés vers la lumière/L’hiver va sur sa fin/Mais il n’y a pas d’hiver/L’hiver, la mort/Juste un instant/Entre l’automne et le printemps ».

Sur sa vie passée et d’aujourd’hui, Robert Notenboom jette un regard tranquille et apaisé, parle de ses souffrances anciennes sans appuyer dessus ; il parle aussi d’amour, de sensualité, de rêve. La vie est-elle un songe, tel que le suggère Calderon ? Oui et sans doute une douce confusion des choses, ajoute Robert Notenboom qui s’apprête à « Regarder à l’infini la mer se confondre avec le ciel », jusqu’à en faire l’illustration en première de couverture.

Il n’y a pas d’hiver, par Robert Notenboom, éditions de la Librairie-Galerie Racine, 23, rue Racine, 75006 Paris, www.librairie-galerie-racine.com, 75 pages, 15 €.

Poèmes de Robert Notenboom sur vie Littéraire.com.

Robert Notenboom est né en 1931 à Paris d’une mère allemande et d’un père néerlandais, qui, si la guerre mondiale n’avait pas eu lieu, aurait par la suite été muté par la société qui l’employait en Allemagne ou en Tchékoslovaquie. C’est la raison pour laquelle, Robert Notenboom a été élevé dans la langue allemande par une « fräulein » allemande qui dut quitter la France à la déclaration de guerre en 1939.

Il ne parla donc bien français qu’à partir de cette date et subit une enfance difficile et solitaire. Ce n’est qu’à l’âge de 21 ans qu’il put opter pour la nationalité française. Il fit une école de commerce, n’ayant pas la possibilité de faire plus tôt les études qui l’auraient conduit au professorat de lettres. Au lieu de choisir entre ses différentes nationalités « potentielles » , il choisit l’antiquité, se réfugiant ainsi dans une autre époque. Il lui en est resté l’amour du latin, des langues latines et plus particulièrement du français.

Tout au long d’une vie assez instable d’homme d’affaires, facilitée par la connaissance de plusieurs langues vivantes, il écrivit des poésies sans jamais songer à les publier. Ce n’est que récemment, après les souffrances engendrées par une très grave maladie qu’il décida de publier son œuvre. Pour Robert Notenboom, « tout mot qui n’est pas indispensable est nuisible ». Il est partisan d’une écriture aussi simple et dépouillée que possible alliée à une sincérité absolue, une clarté et une transparence qui peuvent aujourd’hui déconcerter ».

Zurück zu dir

Zurüch zu dir, Sprache
Der sonnigen Tage
Mein armes Deutsch, so kindlich geblieben,
Es ist zu spät dich zu verbessern,
Aber im Traum, im Schweigen,
Kehre Ich Heim,
Zu dir.

A toi, je reviens

A toi, je reviens,
Langue des jours ensoleillés.
Mon pauvre allemand, demeuré si enfantin,
Il est trop tard pour l’améliorer.
Mais en rêve, dans le silence,
Je rentre à la maison,
Auprès de toi.

Als verdünnert sich der Schlaf

Als verdünnert sich der Schlaf
Zu mir schleicht des Lichtes Schlange
Bevor sie dich erreicht
Mein Herz,
Schnell
Versteine dich

Alors que s’amincit le sommeil

Alors que s’amincit le sommeil,
Le serpent de la lumière rampe vers moi.
Avant qu’il ne t’atteigne,
Mon cœur,
Vite
Deviens de pierre

« Ibant obscuri »

Ils marchaient dans les ténèbres
Parsemées de lueurs
Côte à côte
Échangeant leurs pensées et leurs rêves en silence

Vinrent l’aube blafarde et les premières ombres
Les rêves fondirent en projets.
Ils marchaient toujours côte à côte
Pressant le pas
Vers la vie
Dans l’oubli des lueurs qui parsemaient la nuit

Je ne suis pas ton berger

Je ne suis pas ton berger
Je ne te mènerai pas vers les verts paturages
Seulement ta canne
Sur laquelle t’appuyer

Après tant d’errements
Nous voici à traverser ensemble
Le désert

Aucun mirage n’y fait plus battre nos cœurs
Et nous marchons cahin-caha
Vers un ailleurs qui s’éloigne toujours
Sur le sable, dans le sable
Nos pas s’enfoncent à nous perdre

Mais
Ce sable
Vois-tu comme il est illuminé ?

anti

6 Replies to “Il n’y a pas d’hiver, R. Notenboom”

  1. sapotille

    Un chemin de profondeur qu’on a hâte d’arpenter.. pressentant d’y glaner toujours plus de lumière et de Paix..

  2. Allagui Aicha

    Poésie simple,limpide ,délicate ,profonde ,ciselée ,lucide ,fluide ,suave,triste ,tendre,spontanée,lumineuse…
    Silence …laissons Robert, poète de la sensualité et de la beauté , parler…

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