Rio Tagus, nous étions là pour eux

DSCN1123.jpgHier après-midi avait lieu à Sète une vente de tableaux et de photos au profit des marins oubliés du Rio Tagus (vous pouvez retrouver leur histoire dans mon mot d’accueil de samedi).

La présidente du Seamen’s Club et son prédécesseur à ce poste ont dit quelques mots très forts et très émouvants en introduction, pour parler du sort de ces marins (dont beaucoup étaient présents) et de la solidarité qui s’est organisée spontanément autour d’eux.

Pour des raisons juridiques, il ne s’est pas agi d’une vente aux enchères comme cela avait été annoncé mais d’une vente de gré à gré. En effet, l’évènement a été organisé dans des délais tellement courts qu’il n’a pas été matériellement possible d’avoir présent un commissaire-priseur. Les prix des œuvres étaient donc fixés librement entre l’acheteur potentiel et l’artiste, sans qu’il n’y ait d’enchères proprement dites.

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La première très belle surprise a été l’affluence incroyable que la galerie Dock Sud a reçue. Alors que l’idée n’a été lancée que mardi dernier par Vivi Navarro (une artiste sétoise remarquable dont il faudra qu’on reparle) et que l’annonce de cette vente a principalement diffusé par le bouche-à-oreille sous toutes ses formes (blogs, Facebook, mails, téléphone, etc.), nous devions être une bonne centaine à nous presser dans la grande salle gracieusement mise à disposition par Martin Bez, le maître des lieux.

C’est lui qui a assuré, avec verve et compétence, la plupart des présentations de chaque œuvre offerte, avant de laisser la parole aux artistes concernés à chaque fois qu’ils étaient présents dans la salle.

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Cela allait de simples jeux de cartes (très beaux, créés par un artiste local) à des œuvres de très haute qualité, comme les tableaux de Michel Rauscher, de Vivi Navarro ou de quelques autres moins connus, voire de simples amateurs qui ont offert à la dernière minute des toiles de leur cru. Pour chaque objet mis à la vente, Martin Bez donnait une idée de sa valeur marchande normale afin de fixer les idées, en précisant qu’il était bien entendu possible de proposer moins… ou plus.

Une fois la vingtaine de pièces présentées, le public s’est rué avec enthousiasme sur les différents artistes pour leur faire des propositions de prix, souvent très généreuses, afin d’acquérir telle ou telle création. Nous avons été parmi les heureux contributeurs, en achetant une superbe photo prise par Martin Bez qui, en plus d’être galeriste, est aussi un extraordinaire photographe et un ancien marin, d’où sa sensibilité particulière au sort de ceux dans la détresse.

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Les marins du Rio Tagus étaient profondément touchés par le succès de cette opération. Nous avons pu échanger quelques mots avec l’un d’entre eux, originaire du Ghana. En nous voyant repartir avec notre trophée sous le bras, il est venu nous serrer dans ses bras et nous remercier, comme il l’a sans doute aussi fait avec les autres acheteurs ensuite. Il nous a donné ses coordonnées dans son pays, si par hasard un jour nous y allons.

DSCN1149.jpgLe salaire d’un marin du Rio Tagus est de 300 euros par mois, ils sont douze. La vente d’hier a dû permettre d’atteindre l’équivalent de deux mois de salaire pour l’équipage. C’est magnifique et en même temps, c’est probablement insuffisant puisque personne ne peut dire combien de temps durera encore leur attente avant que leur situation ne se débloque et qu’ils puissent rentrer chez eux. Il y a quelques années, une histoire analogue s’était produite à Sète et avait duré 18 mois avant que le bateau soit enfin vendu aux enchères et l’équipage intégralement payé.

Il est toujours possible d’aider celui du Rio Tagus en envoyant des dons au Seamen’s Club. Le mieux est d’appeler les responsables du Club pour savoir comment procéder. Les marins sont en effet dans une situation plus précaire que jamais, leur navire n’étant plus ravitaillé en fuel ni en eau depuis trois semaines.

Nous avons fini l’après-midi en toute chaleur chez Michel et son amie. Il a ramené une galette des rois et, en aidant un peu le sort, c’est Enzo qui a eu la fève. Nous sommes repartis vers Nîmes à la nuit tombée, en pleine euphorie pour tous ces beaux moments que nous venions de vivre.

Très belle journée à vous

8 Replies to “Rio Tagus, nous étions là pour eux”

  1. anti Post author

    Ce fût une très belle journée que celle d’hier. Tu la racontes très bien Anna : affluence de personnes, affluence de sourires et affluence de bonnes volontés. Une grande et belle manifestation de solidarité et rencontres hautes en émotions pendant et après la vente.

    Cela aura aussi été l’occasion aussi de découvrir des artistes locaux particulièrement doués, dont nous vous reparlerons assurément sur le blog et d’en retrouver d’autres chers à nos cœurs. Michel, pour ne pas le nommer, reconnaissable entre tous par son travail certes, mais aussi par sa délicatesse qui s’exprimait hier dans le sens de son – que dis-je – de ses dons : deux toiles choisies parmi celles inspirées de son voyage au Ghana, pays d’où sont originaires une partie des marins abandonnés. La classe.

    Rencontre aussi d’une personne absolument charmante qu’il me tarde de revoir tant sa gentillesse et son peps semble être une source de bonheur intarissable 😉

    Belle journée hier et tout aussi belle que je vous souhaite à tous aujourd’hui. Allez zou ! Au boulot !

  2. Colors Post author

    L’urgence dans laquelle a été monté cette opération pouvait laisser craindre le pire et c’est par un succès remarquable que c’est clôturée cette vente. Cette solidarité instantanée fait chaud au cœur. Merci mes amis d’avoir répondu à l’appel.

  3. Zaza Post author

    Quelle généreuse et magnifique solidarité, pour tous ces marins loin de leur pays et famille, bravo à tous ces artistes !

  4. NINA Post author

    C’est avec grand plaisir que j’ai fait votre connaissance, malheureusement à l’occasion de cette vente au profit de pauvres marins abandonnés par un sinistre armateur.
    J’ai ressenti beaucoup d’émotion en voyant les yeux de ces marins s’illuminer au fur et à mesure devant l’engouement et l’intêret de tous ces visiteurs se frayant un chemin pour acquérir des oeuvres d’art dédié à cette noble cause.
    Merci de les avoir soutenu vous aussi.

  5. anti Post author

    Solidarité3 500 pour les marins abandonnés

    Le Seamen’s club organisait hier à la galerie Dock sud une vente d’œuvres d’art au bénéfice de l’équipage du Rio Tagus Pour des questions réglementaires et d’organisation, il n’y a finalement pas eu d’enchères, hier après-midi, à la galerie Dock sud. Qu’importe : la vente à l’amiable, de gré à gré, d’œuvres d’art au bénéfice des 11 marins du Rio Tagus ‘échoués’ depuis trois mois à Sète, a tenu toutes ses promesses.

    D’abord par le nombre d’artistes sétois (ou vivant ici) ayant décidé de faire un geste pour cet équipage : douze au total, dont Vivi Navarro, initiatrice de cette vente (1) et Martin Bez, le boss de Dock Sud lui-même. Par la qualité des œuvres, ensuite : non pas des fonds de tiroir, mais des tableaux ou des photos dont la plupart pourraient
    être exposés dans une galerie ou enrichir une collection personnelle huppée.

    Il ne s’agissait donc pas d’une vente au rabais. Et le public a fait plus que répondre doublement présent : la galerie était noire de monde, et les œuvres ont presque toutes (à environ 90 %) trouvé acquéreurs. Au total, elles auront permis de récolter 2 900 , auxquels il faut ajouter près de 600 de dons en espèces recueillis dans une urne. C’est donc une somme approchant les 3 500 qui sera reversée à l’équipage (huit Ghanéens, deux Ukraïniens et un Egyptien), venu presque au complet. Soit grosso modo l’équivalent pour chacun d’un mois de salaire. A Sète, dans le sillage du Seamen’s club, quand des gens de mer sont en rade, la solidarité coule vraiment de source.

    Marc CAILLAUD pour le Midi Libre

  6. sapotille Post author

    C’est vraiment bon de faire du bien. Pourquoi tant de gens s’en privent-ils?
    Bravo à tous. Vous me donnez envie d’émigrer vers chez vous, une fois de plus.

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