Après une très longue pause dans l’écriture de mon dixième roman, Le soleil sous la terre, je viens enfin de m’y remettre. Je n’avais plus touché au manuscrit depuis le mois de mars. Une fois le chapitre 2 terminé, j’avais en effet enchaîné directement sur les nouvelles de J’ai encore treize envies et ensuite, je ne sentais pas l’inspiration nécessaire à la poursuite du roman à peine commencé.

En fait, mon problème était que je ne voyais pas vraiment dans quelle direction lancer l’intrigue. Et, fondamentalement, ce qui me manquait, c’était de trouver un nouveau personnage de méchant. En effet, s’il est tout à fait possible d’écrire des histoires qui s’en passent (je l’ai fait par exemple dans La femme primordiale), par contre, pour un thriller, la nécessité d’en avoir un s’impose. Or, là, je voulais écrire à nouveau un thriller et même, si possible, trois qui s’enchaînent. Donc, il me fallait un sacré méchant qui tienne la distance et qui fasse très très peur.

Dans le genre, Samyr avait rendu de bons et loyaux services pour pas mal de mes romans précédents et avait eu droit à une sortie en beauté dans La veuve obscure. J’aurais pu, bien sûr, le remettre sur le devant de la scène mais il me semblait plus intéressant de renouveler le casting.

N’ayant aucune contrainte de temps, je l’ai laissé s’écouler en me disant que le profil du personnage se dessinerait tout seul le moment venu. Et, pendant quelques mois, j’ai fait plein d’autres choses mais plus une seule ligne d’écriture en dehors de mes notes pour le blog.

Il y a quelques jours, pendant notre séjour en Bretagne, Anti a remis le sujet à l’ordre du jour. Alors que je lui expliquais qu’il me fallait un méchant, comme par enchantement, l’idée a surgi toute seule alors que nous en parlions.

Le méchant allait être une méchante.

Tout le reste est venu en quelques minutes. Il fallait que cette méchante ait, comme Samyr, une lourde hérédité et que sa méchanceté remonte à plusieurs siècles. Comme vous le savez, j’aime en effet jouer à mettre en correspondances des évènements anciens avec des contemporains. En passant en revue quelques très célèbres méchantes de l’Histoire, j’ai pensé très vite à la comtesse Erzsébet Bathory.

Cette charmante personne vivait dans la deuxième moitié du seizième siècle en Hongrie. Elle pensait se prémunir d’un vieillissement trop rapide en prenant des bains de sang, fourni par des jeunes paysannes à qui on n’avait pas demandé leur avis. Si vous voulez en savoir plus sur la vraie vie d’Erzsébet Bathory, allez lire l’article qui lui est consacré dans Wikipedia. Son histoire contient plusieurs zones d’ombre ou d’incertitudes, ce qui est pain béni pour moi qui vais pouvoir imaginer ce que je veux pour combler les trous.

C’est ainsi que j’ai ajouté à Erzsébet une maladie génétique due aux pratiques consanguines effrénées de ses ancêtres, la protoporphyrie érythropoïétique. Les globules rouges des personnes atteintes produisent une substance toxique pour leur foie sous le simple effet d’une exposition prolongée au soleil.

La voici donc munie de tous les attributs d’une parente de Dracula : le soleil peut la tuer, elle dort le jour dans un lit fermé par un couvercle pour s’en protéger et elle se délecte de sang humain dans l’espoir d’être immortelle. On comprend qu’elle ait laissé un souvenir marquant, même si toutes les horreurs ce qu’on lui a attribuées n’étaient pas forcément vraies.

Et vous savez quoi ? L’une de ses ultimes descendantes vit de nos jours. Dans mon roman, bien sûr. Une sacrée méchante, celle-là.

Très belle journée à vous

Illustrations :
1 – En Bretagne il y a trois jours
2 – La comtesse Erzsébet Bathory (Wikipedia)