Pourquoi le printemps 2010 a-t-il été si chaotique, avec des chutes de neige d’une fréquence et d’une intensité surprenantes et des épisodes de froid extrême pour la saison ? Je ne parle pas que de la France mais de toutes les régions de l’hémisphère nord aux latitudes moyennes. Autrement dit, la majeure partie des terres émergées de notre planète.
La réponse est dans le rapport annuel sur l’état de l’Arctique, réalisé par une soixantaine de chercheurs à la demande du gouvernement américain, et qui a été publié jeudi.
L’Arctique continue à se réchauffer à un rythme sans précédent affectant les populations et les écosystèmes, aussi bien que le climat dans les zones les plus peuplées de l’hémisphère nord.
Le Groenland enregistre des températures record, une fonte de sa glace et une diminution de la masse de la banquise.
Surface de banquise entre 1978 et 2009 (à droite)
Source : Arctic Report Card
La glace présente durant la saison la plus chaude continue à se réduire. L’été dernier a été mesurée la troisième plus faible superficie depuis le début des observations satellitaires en 1979.
L’Arctique en mars 1998, 2008, 2009 et 2010
Glaces âgées de 5 ans et plus (rouge), 4 ans (jaune), 3 ans (vert), 2 ans (bleu ciel), 1 an (bleu foncé), eau libre (bleu moyen)
Source : Arctic Report Card
L’épaisseur de la glace flottante s’amincit aussi de plus en plus et la durée de la couverture de neige de l’Arctique a été la plus courte cette année depuis 44 ans qu’elle est mesurée.
Les froids extrêmes et les fortes chutes de neige des latitudes moyennes durant l’hiver et le printemps 2009-2010 sont directement corrélés avec les changements résultants dans les vents de l’Arctique. La variation de la différence de pression atmosphérique au niveau de la mer dans l’hémisphère nord a eu pour conséquence le désordre météorologique observé.
De tels évènements vont probablement se reproduire dans les années à venir, le réchauffement de l’Arctique étant en accélération et non en réduction.
Par ailleurs, les chercheurs du Centre national américain de recherche atmosphérique (NCAR) ajoutent que l’humidification croissante des zones les plus au Nord (Alaska, Scandinavie, Sibérie), elle aussi une conséquence de la fonte des banquises, va se traduire par des épisodes de plus en plus nombreux de sécheresses intenses dans les zones tempérées (Amérique, Europe, Asie) comme dans les plus chaudes (Afrique, Australie) au cours des décennies à venir.
Ce qui s’est passé en Russie cet été n’en est qu’un avant-goût.
Source : National Center for Atmospheric Research (NCAR)
Sources : Contre-Info, Arctic Report Card, NCAR
Version intégrale du rapport sur l’état de l’Arctique : Arctic Report Card (PDF, 103 pages, en anglais)
Article original sur les risques accrus de sécheresse : Climate change: Drought may threaten much of globe within decades (en anglais)
C’est parti mon kiki ! Là, je pense qu’on ne pourra plus enrayer le phénomène…
anti
C’est peut-être malgré tout possible, mais ça mettra vraisemblablement un temps dramatiquement long à notre échelle…
Ces évènements climatiques ont une inertie phénoménale. On ne verra les effets d’une action réelle pour réduire les causes du dérèglement climatique (principalement l’excès de CO2 lié à l’activité humaine comme l’a confirmé l’Académie des Sciences avant-hier) que plusieurs dizaines d’années après sa mise en œuvre.
http://www.annagaloreleblog.com/archive/2010/10/29/dereglement-climatique-l-academie-des-sciences-confirme-le-r.html
Je viens de tomber par un tout autre chemin (en lisant l’excellent blog scientifique « Globule et Télescope » de Pierre Barthélémy, hébergé par Slate) sur un article dans Scientific American portant sur le même sujet et qui est encore plus radical.
Pour son auteur, « l’Arctique entre dans une nouvelle phase de son climat pour laquelle tout ce que nous avons appelé « normal » n’est plus d’actualité ». Tout retour à la situation que nous avons connue pendant des siècles est improbable.
L’article se conclut sur la phrase suivante :
« Il n’y a pas de doute sur le fait que la perte de glace au Groenland n’a pas juste augmentée dans les décennies qui précèdent, mais qu’elle a accéléré. La conséquence en est que les estimations de montée du niveau des mers vont devoir être revues à la hausse. »
http://www.scientificamerican.com/article.cfm?id=the-arctic-shifts-to-new-pattern
L’article ci-dessus est également en ligne sur Le Post :
http://www.lepost.fr/article/2010/10/30/2287435_le-printemps-chaotique-de-2010-du-a-la-fonte-de-la-banquise-arctique_1_0_1.html