Tout le temps

DSCN0111b.jpg

Pour accompagner mon trajet TGV d’hier entre Nîmes et Paris aller-retour, j’ai lu le numéro spécial que la revue Pour la Science vient de sortir. Il est entièrement consacré au temps, avec cette question à la une : « Le temps est-il une illusion ? »

pour la science.jpgL’intérêt est qu’elle est posée non d’un point de vue philosophique ou spirituel mais purement scientifique. Un certain nombre de grands physiciens y apportent tous la même réponse : oui, fondamentalement, le temps est une illusion. Il n’a pas d’existence physique propre, quelles que puissent être nos perceptions à ce sujet, à commencer par le fait que nous vieillissons et mourons, ou que les fruits finissent par pourrir, ou que si on mélange du lait et du café, on n’a jamais vu le lait finir par se séparer à nouveau de café en attendant suffisamment longtemps.

Cette flèche du temps, du passé vers le futur, cette métaphore d’un fleuve qui s’écoule inexorablement disparait totalement lorsqu’on regarde les choses au niveau des particules élémentaires qui composent la matière (elle-même une illusion de nos sens limités puisque son aspect « solide » est fait principalement de vide).

Depuis peu, on peut décrire totalement les lois qui les régissent en se passant du temps. Il n’a donc rien d’une grandeur physique indispensable. Rien n’empêche un phénomène qui se déroule du passé vers le futur de se dérouler également dans le sens inverse. Exactement comme un paysage que l’on parcourt dans un sens ou dans l’autre.

Certes, dans la vie quotidienne, les choses semblent toujours aller dans le même sens. Mais la raison en est une simple question de probabilité et pas de loi naturelle incontournable. Le lait mélangé au café peut s’en séparer à nouveau si on attend assez longtemps – très, très longtemps, certes, mais pas un temps infini et pas une impossibilité.

Le numéro, parfois ardu mais toujours passionnant, est complété par quelques articles sur les cultures pour lesquelles le temps n’est pas linéaire, comme par exemple les Amérindiens pour qui l’espace compte plus que le temps, les Aborigènes et leur Temps du Rêve et les Égyptiens anciens qui décrivaient le temps comme diverses combinaisons de Djet la durée éternelle et de Neneh le temps cyclique.

Mais, pour en revenir à ce qu’en disent les physiciens, la conclusion est claire : le temps est une illusion et la matière est faite de vide. On se croirait à un enseignement bouddhiste.

DSCN0113b.jpg

J’en étais là de l’écriture de ma note, vers 18h, quand nous avons reçu un coup de fil affolé de Réginelle. Elle était à la gare de Nîmes, elle avait perdu son portefeuille et elle ne savait plus comment faire pour aller à Marseille où l’attendaient ses enfants. Nous l’avons rejointe aussitôt pour lui prendre son billet et, comme son train ne partait qu’à 21h30 en raison des grèves, nous l’avons ramenée à la maison pour une soirée pizza-bières avant qu’elle retrouve enfin ses enfants à Marseille après cette péripétie. On lui a bien remonté le moral et on a tous beaucoup ri de tout et de rien, profitant à fond de sa présence imprévue.

Après tout, on avait tout le temps. Puisqu’il n’existe pas.

En plus, de retour à la gare, Ré a appris que son portefeuille avait été retrouvé.

Très belle journée à vous

4 Replies to “Tout le temps”

  1. Kathy Dauthuille Post author

    C’est très intéressant cette histoire du temps ; en plus il peut exister des contractions du temps. Par exemple un trajet que l’on fait en voiture régulièrement en 30 minutes, voici qu’ un jour, on ne sait pourquoi, on le fait en 10 minutes.

    Je me souviens qu’Atawallpa parlait aussi du temps cyclique et pour lui le futur était derrière lui et le passé devant.

    Et puis, là c’est très subjectif, parfois, il peut y avoir comme des interférences d’espace-temps.

    Ça reste encore très complexe tout cela et plein de mystère.

  2. Anna Galore Post author

    Dans toutes les cultures amérindiennes, du sud au nord, le temps est considéré comme cyclique, ce qui permet en effet de jouer sur les règles de causalité habituelles qui ne vont que du passé vers le futur pour les Occidentaux mais pas pour ces autres populations.

    Un sujet fascinant.

  3. anti Post author

    Je me suis justement arrêtée ce matin sur ce passage du livre de Régor http://www.annagaloreleblog.com/archive/2010/10/27/le-mythe-de-jonas.html :

    « La récurrence des événements n’est rien d’autre que la présence à soi-même, à son Soi authentique et non à son petit ego, ce qui permet d’entendre la Voix de la Source…

    Comprendre, c’est s’arracher à l’enchaînement des causes et des conséquences. Le temps alors devient réversible et, fait surprenant, le passé dépend alors du présent qui en est l’accomplissement.

    Vivre, c’est à chaque instant s’identifier au changement et non pas subir ! »


    Je trouve ce passage magnifique et tellement vrai. Quelques rares fois dans ma vie je me suis retrouvée dans ces instants de grâce pendant lesquels effectivement le temps n’est pas linéaire…

    anti, encore !!!

  4. anti Post author

    « J’en étais là de l’écriture de ma note, vers 18h, quand nous avons reçu un coup de fil affolé de Réginelle. »

    Quelle belle soirée ! Tout aussi intense qu’imprévue ! Ré va bien, elle ne change pas 😉

    anti, ravie aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *