Après de multiples rapports indépendants commandités par d’autres gouvernements et confirmant tous la thèse du GIEC sur le rôle prédominant de l’Homme dans le dérèglement climatique en cours, c’est au tour de l’Académie des Sciences française de conclure de façon identique dans une étude rendue publique hier et remise à Valérie Pécresse, ministre de la Recherche.
Les conclusions de l’Académie sont claires, nettes et précises:
– «Depuis la seconde moitié du XIXe siècle, plusieurs indicateurs indépendants montrent sans ambiguïté un réchauffement climatique, modulé dans le temps.»
– Cette augmentation de température a pour cause principale la hausse de la concentration de CO2 dans l’atmosphère, elle-même due «incontestablement» à l’activité humaine.
– «Les fluctuations de l’activité du soleil ces quarante dernières années ne peuvent être un facteur dominant».
Le rapport relève également – à juste titre – les autres facteurs possibles qui peuvent contribuer au changement climatique et pour lesquels on ne dispose d’aucun modèle prédictif clair. Cependant, l’Académie confirme la pertinence de projections de l’évolution du climat à trente ou cinquante ans avec les données dont on dispose aujourd’hui. «Ces projections sont particulièrement utiles pour répondre aux préoccupations sociétales actuelles, aggravées par l’accroissement prévisible des populations.»
Claude Allègre et Vincent Courtillot ont co-signés le rapport !
Nos deux climatosceptiques en chef nationaux ont accepté les conclusions de l’Académie et ont co-signés le rapport final disant en toutes lettres ce qu’ils ont toujours niés : que le réchauffement est non seulement avéré mais qu’il est dû à l’activité humaine.
Claude Allègre, interrogé sur ce revirement surprenant, ne s’est pas démonté en prétendant qu’il n’avait jamais dit le contraire. C’est assez gonflé de sa part, après avoir sorti un bouquin intitulé L’imposture climatique, dans lequel il démolissait les conclusions du GIEC et dénonçait «un mythe sans fondement». Ce monsieur Météo d’un genre nouveau était pourtant en train de révolutionner les techniques d’observation de l’évolution du climat puisqu’il avait déclaré à l’époque de la sortie de son livre, dans plusieurs interviews pour la presse et la télé, que le réchauffement climatique ne pouvait pas exister puisque depuis sa fenêtre, il voyait bien qu’il faisait froid. Imparable, non ? Si vous voulez connaître le climat dans le monde, inutile de l’observer depuis plusieurs milliers de lieux autour de la planète avec du matériel sophisitiqué, il suffit de prendre la température en face de chez Claude Allègre. Si ça c’est pas de la recherche de haut niveau…
Vincent Courtillot, climatosceptique revendiqué, a déclaré, plus sobrement, espérer que ce rapport «va pacifier le débat». Ce qui est tout à son honneur. Espérons que ses supporters les plus agressifs lui emboîteront le pas.
Quant aux deux grands vrais spécialistes français des sciences du climat, Jean Jouzel et Hervé LeTreut, ils se sont réjouis des conclusions du rapport. «C’est un document qui réaffirme clairement les grandes conclusions du GIEC», précise le premier, colauréat du prix Nobel de la paix 2007 et vice-président du Groupe d’experts. «Le plus important, c’est que cela montre que les scientifiques qui ont été attaqués ont des méthodes de travail dignes de confiance», assure de son côté Hervé LeTreut, membre de l’Académie et spécialiste des modèles climatiques.
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