L’idée a germé l’été dernier. Jason avait envie de roder ses nouvelles guitares avant de s’en servir en tournée. Il nous avait alors proposé de les tester chez nous. Inutile de dire qu’on a trouvé ça tout de suite génial. La date, initialement prévue début septembre, s’est décalée à octobre. A hier, plus précisément. Notre séjour bien dégagé pouvait accueillir quinze à vingt personnes. Entre les invités de Jason et les nôtres, le plein a vite été atteint.

Jason est arrivé en fin d’après-midi avec une amie pour s’installer tranquillement, sous les regards intéressés d’Enzo et de Gwlad. J’ai lancé une bonne quantité de couscous, pendant qu’Enzo draguait l’amie de Jason à fond en lui montrant tous ses trésors du moment. Vers 19h30, j’ai fait manger les enfants. Une autre amie de Jason était arrivée entre temps, une artiste-peintre anglaise dont nous vous reparlerons. Lui préférait manger après son show mais nous, on avait plutôt la dalle et hop, trois plats de plus ont été rapidement engloutis avec satisfaction.

Anti et Kathy sont arrivées des Saintes vers 20h, alors qu’une dizaine d’invités étaient déjà là. Les derniers nous ont rejoints vers 20h30, horaire officiel du début du concert. Parmi eux, Ilona – à qui nous devons notre rencontre avec Jason – et Letchek son compagnon que nous n’avions pas vu depuis bien longtemps à cause de son boulot épuisant. Karine était également de la fête, caméra au poing pour immortaliser l’évènement.

Jason a joué et c’était un très beau moment qui restera dans la mémoire de cette maison. Il était installé sur notre tapis persan et, comme Anti nous l’a fait remarqué ensuite, avec sa musique, il nous a emmené avec lui d’un bout du monde à l’autre comme s’il s’était agi d’un tapis volant, nous racontant pour chaque morceau dans quelles circonstances il avait été écrit. Nous avons ainsi glissé d’Ispahan à la Finlande, de Séville à Kaboul, de l’Angleterre à notre région. Jason maîtrise aussi bien le flamenco que la musique baroque ou les harmonies arabes, tout en imprimant à chaque genre son propre style.

L’un des morceaux que j’ai trouvé le plus époustouflant a été composé par Jason alors qu’il venait de se blesser gravement à l’index de la main gauche. Il ne pouvait plus l’utiliser pendant des mois, aussi a-t-il imaginé une mélodie qui puisse se jouer sans. Il l’a intitulée Re-creation. J’en ai reparlé avec lui après le concert. Il m’a dit que la façon dont il l’avait conçu, c’était de trouver comment jouer facilement quelque chose qui sonne bien sans avoir besoin de son index gauche. Il ne cherchait pas la complexité mais, au contraire, le plaisir de jouer ce que ses doigts savaient le plus facilement faire parce que plus il se sentait à l’aise, plus le public devait le sentir aussi. Le résultat est une merveille d’harmonie et de virtuosité.

Nous avons poursuivi la soirée autour d’un petit buffet. Notre copain Christophe nous avait apporté une caisse de bière blanche délicieuse. Jason a eu enfin sa part de couscous. Il en a repris deux fois. Karine n’en pouvait plus et m’a demandé s’il en restait – oui, il en restait. L’ambiance était tout simplement parfaite de convivialité naturelle, de simplicité, de bonheur. Oui, vraiment un bien joli moment.

Très belle journée à vous