Il faut que je vous raconte notre soirée d’avant-hier. Je ne l’ai pas fait dans mon mot d’accueil d’hier, l’ayant consacré uniquement à la première plongée d’Anti.

Or donc, de retour à la maison et après avoir parlé longuement de cette expérience euphorisante, nous avons demandé aux enfants s’ils avaient un souhait particulier pour le repas du soir. Gwlad a aussitôt répondu : « Des pizzas ! »

Qui dit pizza dit bière et film.

La bière, on en avait racheté un gros pack le weekend dernier. Les pizzas, on les a commandées à notre pizzaiolo favori – le pauvre a le bras gauche dans le plâtre mais il s’en sort très bien quand même.

Le film ? Après avoir envisagé de voir Ze Film, on a finalement opté pour Tenacious D, que nous avait prêté Lucas, le meilleur pote de Dorian et fin connaisseur de l’histoire du hard rock malgré son jeune âge. Il faut dire que son papa en connait un rayon et a veillé à la parfaite éducation de son fils. Dorian a d’ailleurs été touché par la grâce hardrockienne par l’entremise de Lucas, qui lui a fait découvrir le heavy metal symphonique à peu près en même temps que moi je l’initiais aux riffs essentiels d’AC-DC.

Je reviens à Tenacious D. C’est un film complètement déjanté, dans lequel deux losers qui rêvent de devenir des guitar heroes découvrent que tous les dieux qu’ils vénèrent – Eddie van Halen, Angus Young, Jimmy Page et consorts – ont possédé un même médiator verdâtre à l’effigie de Satan en personne. Bon sang mais c’est bien sûr ! Ce mediator est ensorcelé ! C’est lui qui transforme n’importe quel ado débutant en mégastar du hard rock ! Nos deux joyeux drilles décident alors de se rendre au musée du Rock d’Hollywood afin de dérober le précieux talisman et de devenir célèbres à leur tour.

C’est drôlissime, bourré de clins d’œil hilarants, complètement immoral et superbement joué par Jack Black et Kyle Glass qui, en plus d’être acteurs, sont également chanteurs et guitaristes dans un petit groupe de hard rock satirique appelé justement Tenacious D. Le film est, en fait, l’histoire fictive de leur ascension vers la gloire. Les seconds rôles sont tenus par des grosses pointures ravies de participer à ce film, telles que Ben Stiller et Tim Robbins, les deux à peine reconnaissables. Ce n’est pas un hasard, ils font tous partie de la même bande de potes depuis longtemps. Black et Glass ont fait leurs débuts en tant qu’acteurs dans une troupe dirigée par Robbins dans les années 80.

On s’est régalé. Dorian, en particulier, était aux anges. Du coup, Anti lui a proposé de regarder les toutes premières minutes de It might get loud, celles où Jack White (normal, après avoir vu Jack Black) montre que pour faire des sons de guitare rock qui déchirent, il suffit d’avoir une bouteille de Coca, un bout de fil de fer, deux morceaux de bois et quelques clous rouillés. Les toutes premières minutes ? Euh… Ce documentaire est tellement passionnant qu’en fait, on l’a presque revu en entier avec Dorian. On ne l’a arrêté que parce qu’il était déjà 23h et qu’il fallait qu’il aille se coucher.

Bon, normalement, on aurait dû se coucher aussi ou, du moins, passer en mode silence. T’as qu’à voir. Anti et moi, on se sentait bien à fond, là. Elle s’est mise à faire une sélection de CD pour Dorian qui les a aussitôt descendus dans sa chambre pour les écouter. Que du bon : Queen, Led Zep, Offspring, U2. Le genre de truc qui ne s’écoute pas doucement. Pendant ce temps, elle a mis à fond sur la chaîne 6×100 watts la version d’Aerosmith de Walk this way puis celle avec Run DMC.

Vers 23h30, Gwlad est remontée en pyjama, un peu énervée et m’a hurlé quelque chose mais je n’entendais rien à cause d’Aerosmith. Bon, j’ai fini par m’approcher d’elle et elle m’a dit : « Jeeeee veeeeeuux doooormiiiiiir ! J’ai écooooooole demaaaaiiin ! »

J’ai fait passer le message à Anti, déjà concentrée pour choisir le prochain CD qu’elle voulait mettre. Elle a répondu sans même relever la tête : « Oui, oui, on va arrêter. » Et elle a ajouté : « D’ici une quinzaine de minutes. »

Ah la la, ces parents qui passent du hard rock à fond au milieu de la nuit en pleine semaine et qui traînent à longueur de soirée sur leur PC pendant que les enfants essaient de dormir…

Bon, on a éteint l’ampli après Walk this way, dit à Dorian d’éteindre le sien et on s’est enfin couché. Est-ce un effet à long terme de la plongée d’Anti de l’après-midi ? Vers 3h47 du matin (j’ai changé l’heure pour préserver l’anonymat de notre réveil), elle s’est mise à me secouer et à me monter dessus, en me disant : « Hé ! Si on se faisait un café ? » J’ai éclaté de rire. On a continué à se marrer pendant une bonne demi-heure avant de re-sombrer dans le sommeil. Une heure plus tard, Santiago est passé pour avoir des câlins. Puis Che l’a rejoint sur le lit. Ensuite, je ne sais plus.

Au petit matin, j’ai eu un peu de mal à me lever. Par contre, Anti dormait trèèèèèèès profondément. J’ai réveillé Gwlad, préparé mon petit dèj. Il me semblait que j’oubliais un truc mais quoi ? Vers 7h25, Dorian a débarqué et m’a dit : « Tu n’aurais pas oublié de me réveiller ? » Ah, d’accord, c’était ça ! Un quart d’heure plus tard, on filait au collège. A 8h, Anti dormait toujours. J’ai fini par lui faire ouvrir les yeux mais ça n’a pas été facile. Ben oui, voilà ce qui arrive quand on fait les fêtards à des heures indues. Hier soir, on a été sages. On s’est couché tôt.

Enfin pas si tôt que ça, en fait, parce que Jason est passé nous voir avec son amie Eva et qu’on les a gardés pour dîner mais je vous raconterai ça dans mon mot d’accueil de demain.

Très belle journée à vous

La deuxième photo, prise pendant un vrai concert de Tenacious D, vient de Wikipedia. Les autres sont tirées du film.