Hier, vers 17h30, Anti et moi, on est parti en vacances dans les Alpes. Pas pour très longtemps, certes, on était de retour chez nous vers 2h30 ce matin. Mais quelles vacances ! Nous avons admiré les falaises du Vercors éclairées par le soleil couchant. Au dessus de Grenoble, dans le ciel déjà sombre, flottaient des nuages rose fluorescent voilant à peine la Lune. Et en plein centre-ville, dans une salle remplie à craquer, nous avons rejoint environ trois cents personnes venues là, comme nous, pour écouter une conférence de notre ami Ole. Elle avait pour thème « Que faire avec nos émotions ? »

Ole a commencé par décrire l’un des concepts fondamentaux du bouddhisme, celui de vacuité. Il a rappelé avec humour que les premiers occidentaux à en avoir compris le sens étaient les hippies, grâce à leur consommation de substances désormais interdites.

La vacuité n’est pas un trou noir dans lequel on disparait après la mort mais la nature même de l’esprit, vide de forme, de goût, d’odeur, d’apparence. L’esprit est l’espace. Il ne nait pas, donc il ne meurt pas. Il est. Se détacher de toutes les vicissitudes de la vie, c’est aller vers cette vacuité, qui est liberté. Les choses matérielles existent à un certain niveau, à une certaine distance. Se mettre à un niveau supérieur permet de regarder plus haut et de voir les choses telles qu’elles sont.

Je ne vais pas vous refaire ici toute la conférence de Ole. Je ne vais revenir que sur un point qui trouve une résonance particulière avec les évènements de ces dernières semaines en France. Ole a parlé du fait que tout commence avec l’ignorance, celle qui place l’ego au centre de tout. C’est la première cause de souffrance et c’est de là que vient le mal. L’ignorance nous fait voir les gens comme étant « moi » (ou nous) et « les autres ». On se croit alors supérieur et on reste fermé aux autres. C’est une faiblesse et cela crée du malheur. C’est en s’ouvrant aux autres, en partageant, en apprenant des autres, que l’on va vers le bonheur, le sien et celui de tous.

Avant de reprendre la route, nous avons prolongé la soirée avec Ole et une poignée de proches dans un bar autour de quelques bières. Ole nous a raconté comment il a fait venir les premiers lamas tibétains en France à la fin des années 70, sous la supervision du seizième Karmapa, et la création des premiers centres, dont celui que j’avais monté avec quelques amis à Toulouse. Nous avons évoqué en riant le fameux épisode de cette piscine que nous avons creusée ensemble à Copenhague pour gagner un peu d’argent. Un souvenir qu’il mentionne dans son livre de mémoires, Riding the tiger (En chevauchant le tigre). La joie était sur tous les visages.

Très belle journée à vous