Drapeaux de prières devant les arènes de Nîmes – Octobre 2009 – Tournée des moines
Hier, Barbara nous a offert des drapeaux de prières (appelés aussi Lung Ta) afin que l’on puisse les ajouter à ceux que nous avons déjà dans notre jardin. Du coup, j’ai eu envie d’en savoir un peu plus sur leurs origines et leurs symboles.
D’abord, les drapeaux de prières sont de deux sortes :
Il y a les Lung Ta qui signifie « chevaux de vent » et les Darchok qui sont de longues bannières de tissu accrochées à des mâts de trois à cinq mètres de haut. Les Lung Ta sont des guirlandes de petits rectangles ou carrés de tissu imprimés de différents mantras ou de prières.
Darchok – Centre Dhagpo – Dordogne
L’idée est de les installer à l’extérieur afin que le vent qui souffle caresse au passage les formules sacrées imprimées et les disperse dans l’espace, les transmettant ainsi aux dieux.
Les drapeaux sont généralement de cinq couleurs : le bleu représentant l’eau, le blanc : l’espace, le rouge représentant le feu, le vert représentant le bois et enfin, le jaune représentant la terre. On trouve des symboliques différentes selon les sources… avis aux personnes ayant d’autres significations à proposer 😉
Leur nom vient du cheval imprimé sur la plupart d’entre eux, le cheval représenté portant les Trois Joyaux que sont le Bouddha, le Dharma (ses enseignements) et la Sangha (la communauté bouddhiste). Le cheval du vent est une allégorie de l’âme humaine dans la tradition chamanique d’Asie centrale. Dans le bouddhisme tibétain, il fait partie des 4 animaux symbolisant les 4 points cardinaux.
Symbolisme et Usage : le tigre, le Lion des neiges, le Garuda, le Dragon et le rite de Lhasang
Sur les drapeaux de prière et les papiers imprimés, les chevaux du vent apparaissent d’ordinaire en compagnie des quatre animaux des directions cardinales, qui sont « une partie intégrante de la composition du rlung ta » : garuda ou kyung, et dragon dans les coins supérieurs, tigre et lion des neiges dans les coins inférieurs.
Dans ce contexte, le cheval du vent est montré habituellement sans aile, mais porte les trois joyaux, ou le joyau exhaussant les souhaits. Sa visualisation est supposée apporter la paix, la richesse, et l’harmonie. L’invocation rituelle du cheval du vent est réalisée d’ordinaire dans la matinée et pendant la lune croissante. Les drapeaux eux-mêmes sont appelés habituellement les chevaux du vent. Ils flottent dans le vent, et portent les prières dans le ciel comme le cheval vole dans le vent.
Le garuda et le dragon ont leur origine dans la mythologie indienne et la chinoise, respectivement. Cependant, quant à l’origine des animaux comme une tétrade, « il n’y a ni explication écrite ni orale » à l’exception d’un manuscrit du XIIIe siècle appelé dBu nag mi’u dra chag (l’apparition du petit homme à la tête noire). Un yack y remplace le lion des neiges, qui n’avait pas encore émergé comme le symbole national du Tibet.
Dans le texte, un nyen (wylie: gNyan, un esprit de la montagne) tue son gendre, Khri-to, qui est l’homme primordial, dans une tentative dévoyée pour venger sa fille. Le nyen est ensuite conduit à réaliser son erreur par un médiateur et compense les six fils de Khri-to par le cadeau du tigre, du yack, du garuda, du dragon, de la chèvre et du chien.
Les quatre premiers frères se lancent alors dans une expédition pour tuer des voleurs qui sont aussi impliqués dans la mort de leur mère, et chacun de leurs quatre animaux deviennent le drala (wylie: dgra bla « esprit de guerrier protecteur ») personnel de chacun des quatre frères.
Les frères qui ont reçu la chèvre et le chien choisissent de ne pas participer à l’expédition, leurs animaux ne deviennent donc pas des drala. Chacun des frères représente l’un des six clans tibétains primitifs (bod mi’u gdung drug), avec lesquels leurs animaux respectifs se retrouvent associés.
Les 4 animaux (avec le lion des neiges remplaçant le yack) se retrouvent aussi fréquemment dans l’Épopée du roi Gesar, et parfois Gesar et son cheval sont représentés avec les dignités à la place du cheval du vent. Dans ce contexte, le lion des neiges, le garuda et le dragon représentent la communauté Ling (wylie : Gling) dont Gesar provient, alors que le tigre représente la famille de Tagrong (wylie : sTag rong), l’oncle paternel de Gesar.
Les cérémonies du cheval du vent sont habituellement dirigées conjointement avec le rite du lhasang (wylie: lha bsang, littéralement « l’offrande de fumée aux dieux »), dans lequel des branches de genévrier sont brûlées pour générer une fumée épaisse et parfumée. Ceci est supposé augmenter la force de l’invocation des quatre éléments nag rtsis mentionnés ci-dessus. Souvent le rite est appelé risang lungta (wylie: ri bsang rlung ta), « offrande de fumigation (et lancer dans le vent) du rlung ta haut dans les montagnes ».
Le rite est traditionnellement « principalement un rite séculier » et « n’exige pas la présence d’officiant particulier, qu’il soit public ou privé ». Le laïc implore une divinité de montagne pour « augmenter sa fortune comme le galop d’un cheval et accroître sa prospérité comme le lait qui bouillit » (rlung ta ta rgyug/ kha rje ‘o ma ‘phyur ‘phyur/).
Dans les enseignements de Shambhala de Chogyam Trungpa
A la fin du XXe siècle, Chogyam Trungpa, un maître tibétain et enseignant du bouddhisme tibétain a incorporé des variantes de nombreux éléments décrits ci-dessus, notamment le cheval du vent, les drala, les 4 animaux (qu’il a appelé des « dignités »), wangtang, lha, nyen et lu, dans un système séculier d’enseignements qu’il a appelé apprentissage Shambhala. C’est par l’apprentissage Shambhala que de nombreuses des idées décrites ci-dessus sont devenues familières aux occidentaux.
Moulins à prières – Centre Dhagpo – Dordogne
Pour poursuivre :
* Moulin à prières
* Chapelet
* Chörten
Source Wikipédia
Pour en savoir plus ou en commander, vous pouvez visiter la boutique de France Himalaya Tiers Monde ou contacter l’association Culture Tibétaine
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Vraiment passionnant d’en savoir plus sur ces lung-ta !
Le cheval de vent comme symbole de l’âme humaine dans la tradition chamanique d’Asie centrale m’a fait aussitôt penser aux fils du vent, le surnom que se donnent les cavaliers émérites que sont les Roms, eux dont les origines se trouvent également dans ces régions.
Intéressant, d’autant plus que le cheval de vent est aussi très lié à la Mongolie, autre territoire aux cavaliers émérites.
Là-bas, le cheval de vent, le Khii mor, symbolise la force, l’énergie vitale, le feu sacré.
J’ai trouvé cela aussi : Khii Mori
Autre symbole d’une grande importance, le Khii Mori (Cheval Abstrait, ou Céleste par extension) ; c’est un des plus anciens motifs ornementaux de Mongolie. Il représente l’énergie vitale, l’enthousiasme, ainsi que le lien entre les esprits et les hommes. Souvent placé sur les ovoos, il rappelle une ancienne tradition remontant aux Hiong-Nu : lors de funérailles, on empalait un cheval en sacrifice au Ciel afin que ce dernier conduise l’âme du défunt auprès de ses ancêtres. Aujourd’hui, il porte le Soyombo sur l’emblème de Mongolie.
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