Les cinq premiers mois de l’année 2010 ont été les plus chauds jamais enregistrés depuis que les températures sont relevées sur la Terre, c’est à dire 1880.
Il s’agit de la température globale moyenne mesurée sur terre et à la surface des océans. De janvier à mai, elle a été de 0,68°C plus haut que la moyenne du vingtième siècle. Avril et mai ont été particulièrement chauds, avec un écart de 0,73°C par rapport au siècle précédents. Des chiffres comparables ont été observés en 1998.
Selon le NOAA (centre de données climatiques mondiales), depuis le début de l’année la planète s’est surtout réchauffée au Canada, dans le nord des États-Unis, dans le sud du Groenland, en Afrique du Nord, en Asie du Sud-Ouest, en Sibérie et dans le sud de l’Australie.
Dans la même période, la Terre a connu plusieurs épisodes de froid intense, entre autres en Europe. Nous avons eu en France des chutes de neige jusqu’en avril ou mai. L’Allemagne a connu son hiver le plus froid depuis 1991. Ceci n’a rien de paradoxal.
Le réchauffement climatique global entraîne, en effet, un dérèglement climatique tout aussi global. L’image que l’on peut donner est celle d’un funambule. Pour garder son équilibre, il baisse doucement le bras gauche pendant qu’il lève le droit, puis l’inverse. Tout va bien tant qu’il bouge les bras lentement. S’il fait un geste un peu trop brusque, il est plus difficile de rattraper l’équilibre, l’amplitude des oscillations augmente et si le funambule ne parvient pas à calmer ses mouvements, il chute.
C’est exactement ce qui arrive au climat : quand les températures montent brutalement d’un côté, elles baissent tout aussi brutalement de l’autre, quand une sècheresse se développe d’un côté, des trombes d’eau créent des inondations de l’autre. Ce ne sont pas les saisons qui changent, mais l’amplitude des épisodes météo qui varie en s’accentuant parfois à l’extrême (cette année, par exemple, températures positives au Québec en février au lieu des -20 ou -30 habituels, tempêtes d’une violence exceptionnelle en France ou ailleurs, etc.)
Il n’y a pas de frontière dans l’atmosphère, l’air circule librement et ses perturbations se propagent à longue distance. Le climat local est influencé par des évènements météo se produisant parfois de l’autre côté du globe. Une tempête dans l’Atlantique au niveau de l’équateur, une variation trop forte de températures dans le Pacifique ont des conséquences sur notre temps qui se manifestent parfois avec un délai de six mois à un an. On peut citer, en particulier, le phénomène connu sous le nom de El Niño, centré sur le Pacifique Sud mais qui influence le climat de la planète entière.
Comme les bras du funambule en déséquilibre, les températures varient de façon chaque fois un peu plus extrêmes. En même temps, leur moyenne augmente graduellement depuis maintenant un siècle et demi, le début de l’ère industrielle, pour atteindre aujourd’hui un niveau jamais connu auparavant.
Hervé Le Treut est climatologue, directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace des Sciences de l’Environnement, et il a une image pour cela: «Si on est au bord de la mer, les vagues qui vont et viennent n’empêchent pas la mer de monter. C’est ce qui se passe avec les températures et le réchauffement climatique».
Photo : Zigonet
Nouvelle illustration dramatique en ce moment : pendant que la Russie n’en finit plus de brûler en raison d’une canicule sans précédent depuis qu’il existe des relevés de température (1880), le Pakistan vient de connaître des pluies diluviennes, elles aussi sans précédent selon les services pakistanais de météorologie, qui ont fait plus de mille morts.
Quant à la Chine, elle vient de passer d’une période de sècheresse intense à des inondations elles aussi d’une violence rare.
http://www.annagaloreleblog.com/archive/2010/07/31/canicule-sans-precedent-en-russie.html
http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeqM5jKr4Bw-oewIqUq9wrRDh7-NRVvFQ